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Industrie

La production mondiale à travers le prisme japonais

Publié le 11 mai 2011

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Suite à la catastrophe qui a frappé le Japon en mars dernier, la production automobile est assez largement perturbée. Les constructeurs nippons sont évidemment les premiers touchés mais pas seulement. Une situation qui va bouleverser le paysage automobile de cette année 2011.
En 2011, Toyota devrait perdre plus de 500 000 unités par rapport à son plan de production initial.

Toyota a produit un peu moins de 130 000 voitures au mois de mars, soit une baisse de plus de 60 % par rapport à l’an dernier. Même constat pour Nissan, Honda, Mitsubishi, Suzuki, Mazda ou Subaru qui ont, respectivement, vu leur production reculer de 52,4 %, 62,9 %, 25,7 %, 60,2 %, 53,6 % ou 64,9 % sur cette même période. Et Toyota a fait savoir qu’un retour à la normale n’était guère envisageable avant novembre ou décembre. En attendant, la gestion de la production se fait à court terme avec une première échéance à début juin où beaucoup de constructeurs ont d’ores et déjà annoncé des réductions de production oscillant entre 30 et 70 % jusqu’à cette date. Et cela, aussi bien en Chine qu’aux Etats-Unis en passant par le Mexique ou même l’Europe. Puis les constructeurs japonais ne sont évidemment pas les seuls à connaître des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées. Ainsi, Ford a suspendu quelques jours la production à Genk, en Belgique, puis va stopper la production de son usine en Afrique du Sud ainsi que celle de Nanjing en Chine, pendant une semaine. Chrysler, GM, Daimler ou PSA ne sont pas épargnés non plus, réduisant la voilure de certains sites. Il est encore difficile de mesurer l’impact réel de cette situation mais pour un analyste de Global Insight, “si la situation perdure, nous allons avoir un impact grandissant à partir de fin avril.” Pour lui, si jusqu’ici les usines hors du Japon puisent encore dans leurs stocks, ce ne sera bientôt plus possible.

Toyota redeviendra leader en 2012

Combien de véhicules ne seront ainsi pas produits mais surtout pas vendus ? Cela se comptera sans doute en centaines de milliers voire en millions à l’échelle de la planète. Toyota a, pour sa part, annoncé que sa production annuelle serait amputée de plus de 500 000 unités par rapport au plan initial qui devait le conduire à 7,7 millions. Une situation qui aura naturellement des conséquences financières pour les constructeurs mais va aussi, ponctuellement, bouleverser le classement mondial. En effet, pour l’agence Standard & Poor’s qui envisage de baisser les notes de Toyota, Honda et Nissan, “cette révision de la perspective reflète aussi notre opinion qu’une baisse prolongée de la production devrait réduire les parts de marché des constructeurs automobiles japonais et leur compétitivité à long terme.” Un raisonnement de l’agence qui touche aussi des équipementiers japonais comme Aisin, Denso ou Toyota Industries. Toutefois, S&P’s précise également que les conséquences de la catastrophe japonaise resteront plus limitées que celles de la crise économique car, d’une part, la demande mondiale restera soutenue, et d’autre part, une partie de la production perdue pourra être rattrapée en 2012. En attendant, pour 2011, il est aujourd’hui quasi certain que Toyota va perdre sa première place mondiale. Selon les chiffres de production ci-contre, estimés par IHS, le nippon clôturera sans doute l’année avec une production inférieure à GM et Volkswagen, et logiquement il devrait y avoir une corrélation avec les ventes. Toutefois, Toyota devrait reprendre le leadership dès 2012, assez largement, et creuser l’écart sur les 5 années suivantes. GM et Volkswagen s’échangeant la deuxième place. A l’échelle globale, cette situation laissera toutefois apparaître une croissance d’environ 3 millions d’unités de la production mondiale, à près de 75 millions pour cette année 2011. 2012 devrait confirmer le rattrapage avec une croissance attendue de 8 millions d’unités selon IHS, à 82,8 millions. Les années suivantes afficheront une croissance plus mesurée et progressive jusqu’au seuil des 100 millions qui devrait être franchi en 2017.

Faut-il remettre en question le fournisseur unique ?

Après des années de rationalisation du nombre de fournisseurs, la catastrophe japonaise fait renaître le débat sur les fournisseurs uniques. Pour Ian Robertson, membre du directoire du groupe BMW, il est encore top tôt pour en parler. Cependant, quelle que soit la direction choisie à l’issue de cette crise, cela ne se fera pas en un jour. Comme faire fabriquer rapidement les pièces manquantes par d’autres fournisseurs : l’intégration des équipementiers et sous-traitants dans le développement des projets des constructeurs est telle que tout changement rapide est devenu quasi impossible.

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