La décision de Bosch à Rodez fait réagir
"On va réduire les équipes dans les années à venir, d'ici 2025, à 500 personnes", a déclaré le président de Bosch pour la France et le Benelux, Heiko Carrie, jugeant la mesure "indispensable" dans le contexte actuel de chute des ventes des véhicules à moteur diesel. Les 1 250 salariés de l'usine Bosch de Rodez fabriquent des injecteurs et des bougies pour véhicules diesel, dont la demande a considérablement diminué. "La volonté est d'éviter les départs contraints" par le biais de retraites anticipées et de départs volontaires, avance le dirigeant.
Cette restructuration, assure le patron de Bosch France, "donne une vraie perspective pour le site et une stabilité nécessaire pour les années à venir. (...) On n'est plus dans une logique de fermeture du site".
"Nous sommes en colère. Indirectement, ils nous annoncent la fin du site. Pour sauver le site à moyen terme, il faudrait des investissements, mais il n'y a rien", a réagi Vanessa Negre, secrétaire CGT, syndicat majoritaire chez Bosch à Rodez. Elle se montre dubitative sur l'absence de licenciements. "S'il n'y a pas 700 volontaires, il y aura un PSE derrière". Et elle voit mal les salariés se porter volontaires, s'ils n'ont pas une alternative professionnelle.
Pour le délégué SUD Cédric Belledent, "cette annonce est un véritable coup de massue, un couteau dans le dos ! On fera tout pour éviter ce drame. Autant de suppressions d'emplois, on ne s'y attendait pas et c'est difficile à avaler". "Une usine à 500 employés, ce n'est pas acceptable : cela veut aussi dire que si dans cinq ou six ans, le marché connaît encore des difficultés, le couperet tombera", dit le syndicaliste, en référence à la garantie sur le maintien des 500 emplois qui court seulement jusqu'en 2027. "N'oublions pas que la baisse du marché du diesel est la résultante de politiques qui n'ont jamais pris en considération les pertes d'emplois", ajoute Cédric Belledent.
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De son côté, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire souligne que "la fermeture du site est désormais écartée (...) grâce à la mobilisation de tous, au premier rang desquels les salariés". Il appelle Bosch à éviter des "départs contraints" et à "compenser la perte d'emplois industriels", par exemple en accompagnant des "partenaires extérieurs qui pourraient s'installer sur le site pour y créer de nouvelles activités".
En revanche, le maire de Rodez Christian Teyssèdre juge ce plan social "inacceptable" et l'attitude de Bosch "scandaleuse". "Ils ont gagné des millions d'euros ici depuis 50 ans, ils nous ont menés en bateau depuis trois ans", a-t-il déclaré. Pour la présidente PS de la région d'Occitanie Carole Delga, "la décision du groupe allemand, présent depuis près de 60 ans à Rodez, est un véritable coup dur". Elle estime que "les actions engagées par Bosch pour relancer et maintenir l'activité n'ont pas été à la hauteur".
Dans un communiqué, la direction de Bosch pointe que "la part du diesel en Europe a considérablement diminué ces dix dernières années. En France, les immatriculations de véhicules neufs particuliers équipés d'un moteur diesel ont diminué de plus de la moitié, passant de 73 % en 2012 à environ seulement 34 % aujourd'hui". A son apogée au début des années 2000, l'usine a compté jusqu'à 2 400 salariés. Aussi, la perspective 500 emplois à l'horizon 2025 a du mal à passer. (avec AFP)