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Industrie

Jacques Aschenbroich en toute liberté

Publié le 8 novembre 2012

Par Hervé Daigueperce
6 min de lecture
Réunissant quelques journalistes pendant le Mondial, Jacques Aschenbroich, le président de Valeo, a répondu aux questions portant sur le groupe et l’actualité du secteur. Verbatim.

De la présence en Asie
Jacques Aschenbroich s’est félicité de l’équilibre des marchés dans la composition du chiffre d’affaires de Valeo. Le groupe participe davantage au marché asiatique tout en conservant sa croissance en Europe : “50 % des véhicules sont fabriqués en Asie et nous avons 25 % de notre chiffre d’affaires qui est réalisé sur cette région, cela nous laisse de la marge !”

De la croissance en Europe
Aujourd’hui, la croissance est modérée, voire nulle, en Europe. Nous observons donc une légère décrue en production et cela devrait continuer à reculer encore un peu, mais sans commune mesure avec cette année. En termes de commercialisation, nous continuons à nous développer sur ce continent. Nous avions dit que le marché mondial progresserait de 5 à 6 % malgré une décroissance en Europe, et nous sommes en ligne avec ces prévisions.

Du coût du travail en France
Si la situation continue comme cela en France, nous aurons de plus en plus de mal à produire dans ce pays. La main-d’œuvre entre pour beaucoup dans notre chiffre d’affaires et quand l’Allemagne a augmenté le temps de travail, nous l’avons réduit. La baisse des charges sociales serait un moyen de récupérer de la compétitivité. La rentabilité en France n’est pas satisfaisante et, pourtant, nous continuons d’investir beaucoup dans ce pays. Si je considère la période 2000 à 2012, Valeo a perdu entre 10 et 15 % en compétitivité. Nous devons la retrouver pour lutter contre la concurrence. Car il faut savoir que la productivité est la même partout, puisque nous utilisons les mêmes méthodes dans nos sites de production où qu’ils soient. Arrêtons de dire aussi que les Français sont plus productifs et que l’on peut, par ce fait, vendre plus cher. Ce n’est pas vrai, nous ne sommes ni meilleurs ni moins bons que les autres.

De la recherche et du développement
Le Crédit Impôt Recherche permet à la production française de localiser sa recherche en France. Si celui-ci devait disparaître ou diminuer, ce serait une très mauvaise nouvelle pour Valeo qui devrait alors se poser la question de la conserver en France ou de l’installer en Chine, ou plus simplement en Allemagne. Pour l’instant, il est très efficace et devrait être confirmé, étendu et réorienté vers les PME.

Valeo spécialiste
Tout ce qui rend la voiture plus sûre et plus intelligente est un secteur d’avenir. Et sur ce marché, nous avons beaucoup investi sur l’assistance à la conduite en milieu urbain à petite vitesse. C’est le domaine que nous avons choisi, pour lequel nous avons intégré nombre de spécialistes et d’informaticiens, et qui se révèle très porteur. Par ailleurs, il existe un marché pour les voitures d’entrée de gamme et aussi pour les segments très sophistiqués, haut de gamme. Ce que nous essayons de faire, nous équipementiers, face à la segmentation du marché, consiste à amener très vite l’innovation dédiée au haut de gamme vers le volume. C’est véritablement notre spécialité, de rendre accessible au plus grand nombre des produits très haut de gamme.

Les innovations qui portent la croissance
Les innovations récentes qui nous ont apporté les plus fortes croissances ces dernières années sont issues de l’assistance à la conduite comme le Park 4U, les capteurs, etc., l’éclairage LED et, bien sûr, le Stop & Start, pour ne citer que ceux-ci. Valeo a été le premier à proposer le Stop & Start et en chiffre d’affaires, nous sommes encore numéro un sur ce produit parce que nous sommes sur des démarreurs plus chers. Alors qu’en volume, notre concurrent allemand nous dépasse.

De la Chine à nouveau
Même si les entreprises chinoises ont perdu un peu de parts de marché, certaines entreront très prochainement dans le Top Ten des constructeurs mondiaux et nous comptons bien être leur fournisseur. On pourrait citer Chery, Geely, BYD… Et pour acquérir plus vite plus de compétences, ces constructeurs préfèrent travailler avec des équipementiers comme Valeo. Nous pouvons ajouter que nous n’avons pas subi de pressions en OEM pour des transferts de technologie, un sujet qui revient souvent. En revanche, ce problème existe sur le marché du remplacement et c’est l’une des préoccupations du gouvernement chinois qui lutte énergiquement contre cela.

La Corée s’invite sur le Mondial
Quels que soient les accords de libre échange qui sont créés, il faut qu’ils soient équilibrés. Aujourd’hui, si l’on compare le nombre de véhicules coréens en France et en Europe, et celui des véhicules européens en Corée, on voit que ce n’est pas très équilibré.

De l’influence de la crise sur les sous-traitants
Nous faisons très attention à la santé de nos fournisseurs, mais nous ne sommes pas dans la même situation qu’en 2008/2009 où nous avons dû en aider certains à passer cette période. Aujourd’hui, nous résistons bien à la crise. Nous ne pouvons pas parler de souci majeur en France ni même en Europe. Je comprends parfaitement ce qui est dit sur la fragilité des fournisseurs en France, mais nos fournisseurs vont très bien. Notre productivité reste globalement stable et nous achetons en France, en pourcentage, environ ce que représente la France dans notre chiffre d’affaires, c’est-à-dire dans les 20 %, pour la France et aussi l’export.

Du soutien aux entreprises
Notre métier ne consiste pas à reprendre des sociétés en difficulté et nous ne le ferons pas. Les entreprises que nous sélectionnons sont solides et elles le sont, aussi, parce que nous sommes stables.

Les états de la rechange
En rechange, nous sommes très présents en Europe et nous bénéficions d’une croissance très rapide hors Europe. Nous souffrons bien évidemment de la situation actuelle, mais cela est compensé par les autres marchés. Il faut travailler encore plus vite sur le non-Europe.

Croissance externe ou interne ?
Pendant un temps, Valeo a subi un problème de croissance, le Valeo de 2007 n’était pas plus fort que celui de 2000. Avec l’organisation que nous avons mise en place, nous arrivons à développer une forte croissance interne. La croissance externe viendra en plus et nous pouvons être plus sélectifs.

PSA, GM et les alliances
L’Alliance Renault-Nissan s’est révélée être une vraie opportunité pour Valeo lorsque Noël Goutard était président. Et globalement, nous ne pouvons qu’être reconnaissants vis-à-vis des groupes Renault et PSA. Je suis persuadé que PSA et GM ont bien réfléchi et que cette alliance sera un succès. Pour nous, ce ne peut qu’être un plus même si nous sommes déjà fournisseurs de GM.

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