Guayule et pissenlit à l’honneur
On le sait, le caoutchouc naturel actuellement utilisé provient en grande partie de l’hévéa. Or, la culture de cette espèce, présente principalement en Asie du Sud-Est, ne permet plus de répondre à une demande mondiale sans cesse croissante, et qui excède l’offre. Il faut dire qu’un arbre arrive à maturité au bout de sept à huit ans. De plus, le fait qu’un nombre croissant de plantations soient aujourd’hui menacées par la propagation d’un champignon parasite, sans oublier l’allergie provoquée par ce latex, incite à rechercher de nouvelles sources d’approvisionnement.
C’est ainsi que, récemment, le guayule (Parthenium argentatum) est revenu sur le devant de la scène par l’intermédiaire de Bridgestone qui a de grands projets d’ici 2014 (implantation aux USA d’une ferme pilote, d’un centre de recherche, etc.). Originaire des déserts mexicains, parfaitement adapté aux régions semi-arides, cet arbuste aux feuilles argentées produit un latex non allergénique par broyage, et non par saignée de l’arbre comme pour l’hévéa. D’une croissance rapide, il peut être moissonné tous les trois ans. Seul inconvénient, côté rendement, le guayule ne fournit que 500 kg de caoutchouc à l’hectare contre 2 tonnes pour des hévéas adultes. Pas de quoi, toutefois, décourager le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) à Montpellier, lui qui travaille depuis près de trente ans sur l’exploitation du guayule…
Un type de gomme comparable au latex de l’hévéa
Par ailleurs, une étude menée par une équipe de chercheurs de l’université de Münster sur le latex contenu dans le… pissenlit russe (Taraxacum kok saghyz) a permis de faire une découverte similaire. Eh oui. Tandis que les enfants les sèment à tout vent et que les lapins adorent les grignoter par la racine, les pissenlits produisent un type de gomme d’une qualité comparable à celle du latex secrété par l’hévéa ! Un constat qui n’a pas échappé à Continental. Bien qu’également attentif à d’autres sources de caoutchouc naturel, le manufacturier de Hanovre s’attache actuellement à développer l’idée du pissenlit en collaboration avec un consortium composé d’instituts de recherche et de partenaires industriels, dont l’objectif est de transformer le concept en produits de marché. Le projet a d’ailleurs été récompensé dans le cadre du concours fédéral allemand “Land der Ideen” (le pays des idées). “Les premiers résultats de l’étude démontrent clairement la capacité du pissenlit russe à produire un caoutchouc naturel de très haute qualité, souligne le Dr Dirk Prüfer, professeur à l’Institut de biologie végétale et de biotechnologie de l’université de Münster. Ses propriétés physiques et chimiques sont identiques à celles du caoutchouc brésilien. Toutefois, son utilisation par l’industrie en vue de la fabrication de caoutchouc naturel ne serait possible qu’en mettant en place une production de la plante à grande échelle.” En fait, les scientifiques estiment que le pissenlit pourrait, à terme, répondre à un dixième de la demande en caoutchouc en Allemagne. “L’obtention de caoutchouc naturel à partir du pissenlit nous permettrait de répondre dans un délai relativement court aux mouvements de l’approvisionnement, déclare pour sa part le Dr Boris Mergell, responsable Matériaux pour pneus et Mise en œuvre des processus & Industrialisation chez Continental. Après tout, du semis à la récolte, la plante n’a besoin que d’une année pour se développer.” Pour rappel, un pneu tourisme tel que le ContiPremiumContact 2 est composé à 41 % de caoutchouc (naturel et synthétique).