S'abonner
Industrie

Comment OPmobility veut doubler ses activités aux États-Unis

Publié le 12 novembre 2024

Par Nabil Bourassi
4 min de lecture
L'ancien Plastic Omnium veut faire du marché nord-américain son principal levier de croissance dans les prochaines années. L'équipementier automobile français estime que les États-Unis restent le pays le plus compétitif et le plus dynamique au monde. Laurent Favre, patron d'OPmobility, veut s'appuyer sur Tesla pour pénétrer des segments encore contrôlés par des acteurs locaux.
OPmobility parie sur les Etats-Unis pour rééquilibrer ses activités. ©OPmobility

L’arrivée de Donald Trump n’effraie pas OPmobility. L’équipementier automobile français croit plus que jamais que l’avenir de l’industrie automobile reviendra aux États-Unis. Le groupe, anciennement Plastic Omnium, a jugé que ce marché restera non seulement l’un des plus compétitifs mais surtout celui où le potentiel de croissance sera le plus fort.

 

Donald Trump dans la continuité

 

Pour Laurent Favre, DG du groupe, le retour de Donald Trump ne devrait pas changer fondamentalement la donne. Il juge qu’il pourrait globalement être dans une certaine continuité avec Joe Biden, tout comme ce dernier l’avait été avec son prédécesseur (Donald Trump déjà à l’époque), notamment en matière de droits de douanes. Objection faite de la politique de subventions de la voiture électrique, même si OPmobility estime que Donald Trump modérera sa promesse de couper toutes subventions, puisque 75 % du dispositif IRA a bénéficié à des États républicains. 

 

A lire aussi : OPmobility résiste bien au premier semestre 2024

 

D’ailleurs, le Français, spécialiste des réservoirs, des pare-chocs, hayons, éclairage et qui a désormais aussi des systèmes à hydrogène dans le catalogue, veut faire des États-Unis l’un de ses principaux leviers de croissance dans les cinq prochaines années. Il estime que le potentiel est autant en croissance des revenus qu’en profits, puisque ce marché reste historiquement plus rentable que le marché européen.

 

Les voyants au vert

 

Laurent Favre pare les États-Unis de toutes les vertus. Selon lui, tous les voyants sont au vert. D’un point de vue macroéconomique, ce marché a enregistré une hausse de 89 % de son PIB par habitant en dix ans, contre 46 % seulement en Europe. Sans parler du fait que le pays enregistre une forte dynamique démographique. En outre, il juge que c’est ici que se joue l’avenir de la mobilité puisque les américains investissent 50 % de plus que les européens dans la R&D. Ainsi, les États-Unis, après avoir tardé à prendre le train de l’électromobilité, se positionnent désormais aux avant-postes de la nouvelle chaîne de valeur automobile qui tournera autour du software et de la voiture autonome.

 

À l’inverse, l’Europe est empêtrée, toujours selon le patron de l’équipementier français, dans un régime de "sur-régulation" qui plombe sa compétitivité depuis cinq ans. Il rappelle également que le coût de l’électricité est deux à trois fois plus élevé en Europe, et le prix du gaz, cinq fois plus qu’aux États-Unis. 

 

A lire aussi : Le "nouveau" Plastic Omnium prêt à accélérer en Chine et aux États-Unis

 

Pour Laurent Favre, dont la stratégie est de se diversifier sur tous les plans (technologie, clients et géographie), il est impératif d’accélérer immédiatement aux États-Unis. L’usine d’Austin, inaugurée cette année pour fournir l’usine Tesla, devrait devenir la première usine du monde du groupe. Le patron imagine ouvrir deux à trois usines dans les prochaines années aux États-Unis, pour compléter les treize sites actuels (3 500 collaborateurs). 

 

Accélérer grâce aux hayons en plastique

 

L’activité réservoir devrait rester un atout majeur pour OPmobility aux États-Unis. D’autant plus que le marché devrait maintenir plus longtemps que prévu la présence de véhicules à combustion sous l’impulsion de Donald Trump. Mieux, le marché pourrait favoriser l’émergence de PHEV qui implique des réservoirs à plus forte valeur ajoutée. Mais le Français contrôle déjà 36 % du marché des réservoirs américains. 

 

A lire aussi : Laurent Favre, Plastic Omnium : "La demande ne suivra pas la hausse des prix des voitures électriques neuves"

 

Pour Laurent Favre, il existe un énorme potentiel sur les pièces extérieures comme les parechocs et hayons où il ne possède que 7 % du marché. Selon lui, ce marché est encore verrouillé par des acteurs locaux historiques. OPmobility espère s’inviter sur ce marché avec la montée en puissance de Tesla (qu’il fournit) ou d’autres nouveaux acteurs comme Rivian ou des marques chinoises. Il compte aussi sur l’émergence des hayons en plastique (moins lourds et plus faciles à designer) pour s’imposer face aux concurrents encore très spécialisés sur les hayons en acier. 

 

Doubler le chiffre d'affaires

 

Les activités d’éclairage seront un plus puisque, depuis l’acquisition de Varroc Lighting Systems en 2022, OPmobility a intégré des solutions d’éclairage à ses pièces extérieures, ce qui confère une forte valeur ajoutée à ses produits catalogues. L’hydrogène enfin, dans lequel l’ancien Plastic Omnium met beaucoup d’espoir de croissance à long terme, notamment sur les gros véhicules (poids lourds ou utilitaires). Mais Laurent Favre ne s’attend à un véritable décollage qu’en 2030. 

 

OPmobility vise, aux États-Unis, un chiffre d’affaires proche de deux milliards d’euros en 2024, et veut doubler ce chiffre d’affaires à l'horizon 2028-2029. "Nous avons pris des commandes importantes, nous sommes dans une bonne dynamique", souligne Laurent Favre.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle