Caméras embarquées : le duel Pioneer-Nextbase est lancé
Après deux ans d'exploitation d'une gamme de trois modèles, sur son marché domestique et d'autres territoires internationaux, Pioneer a décidé de s'attaquer aux segments des caméras embarquées dans l'Hexagone. Et tandis que cette première génération va permettre de nouer des contacts avec les distributeurs locaux, une deuxième vague de produits – toujours au nombre de trois – arrivera en complément, au printemps 2021, avec l'ambition affirmée de prendre la plus grosse part de marché.
"Nous allons faire valoir notre expérience et notre notoriété, avance comme premier argument Sébastien Rosnet, le responsable marketing de Pioneer France. La marque bénéficie d'un historique et d'un ancrage fort". La filiale a donc démarché les commerçants et les installateurs potentiels pour aider les caméras à pousser comme des champignons sur les tableaux de bord. "Nous sommes référencés chez les concessionnaires au rayon accessoires et cette deuxième génération doit nous ouvrir les portes des réseaux de véhicules sans permis, de camping-cars et des autres types d'enseignes", entrevoit le responsable.
Les centres-autos ne sont pas mis de côté. Bien au contraire. Entre autres points de vente maillant le pays, Norauto à l'échelle nationale tout comme Autobacs en Ile-de-France compteront parmi les relais, dans le cadre d'accords d'ores et déjà actifs. Pioneer s'appuie sur son équipe de 7 commerciaux qui visitent les affaires et forment les vendeurs. "Lever les craintes et démystifier sont des actions prioritaires, liste Sébastien Rosnet. Il faut aussi être capable d'informer le consommateur que pour à peine 200 euros, il peut se protéger vis-à-vis des assurances".
La future gamme composée de 6 références de dashcam va donc s'échelonner sur des montants allant de moins de 100 euros à un peu plus de 200 euros. Le produit le plus sophistiqué étant une double caméra avant-arrière. Elle devrait obtenir les faveurs des technophiles de la première vague. Pioneer, en revanche, n'ira pas sur le terrain des flottes. Pour le responsable marketing, la philosophie technique des caméras du japonais ne convient pas aux applicatifs spécifiques réclamés par les loueurs de véhicules.
Nextbase sort un produit pour les flottes
Voilà la stratégie de la filiale pour lancer Pioneer. Le fabricant japonais a conscience que d'autres se sont aventurés et cassés les dents sur un marché français peu mature. Le benchmark devrait donc être Nextbase. Actif en France depuis juin 2019, le spécialiste anglais a commencé à se faire une place dans le paysage. En dépit des deux confinements, ses ventes de caméras embarquées ont crû de plus de 35 %, par rapport à 2020, selon les chiffres communiqués par la direction. En ajoutant les équipements optionnels, Nextbase parle d'un bond de 50 %. La part de marché en valeur est passée de 29,6 % à 62,9 % entre les mois de septembre 2019 et 2020, rapporte Pascal Chevalier, le responsable commercial Europe.
Alors que les particuliers – notamment des hommes aisés de plus de 45 ans – représentent la majorité des consommateurs, Nextbase va s'employer, d'une part, à rajeunir et féminiser sa clièntèle et, d'autre part, à attirer les flottes avec un produit dédié. Les modèles 380 GW et 380 GWX (double caméra avant-arrière) feront leur apparition au début de l'année 2021. "Elles ont fait l'objet d'un développement spécifique pour s'adapter aussi aux utilitaires et aux poids-lourds dont le pare-brise est différent", décrit la démarche Pascal Chevalier.
Pour 299 ou 399 euros, les gestionnaires disposeront d'une caméra sécurisée, impossible à arracher, d'un capteur de mouvement plus précis, d'une batterie supplémentaire pour le stationnement long, d'une carte mémoire de dernière génération et d'une suite logiciel pour la gestion des images remontées. "Les flottes de camions sont une cible évidente, mais nous pouvons adresser tout autant les loueurs courte durée", soutient le responsable commercial. Le process d'installation ne convenant pas au rythme de rotation des flottes LCD, il est plus probable que les spécialistes de la LLD se révèlent de meilleurs clients.
Avis de la CNIL en 2021
Après les centres-autos, Nextbase a signé avec Boulanger. Un canal qui apporte satisfaction au fabricant. C'est donc en pleine confiance qu'il aborde la relation avec le groupe Fnac Darty qui débute la commercialisation des caméras grand public, en décembre. "L'an prochain, nous voulons nous développer dans les grandes surfaces alimentaires", ouvre le prochain chapitre Pascal Chevalier. Avec L'Olivier, il avait ouvert la voie des ventes supportées par l'assureur. Le modèle n'a pas été suivi par d'autres acteurs. L'incitation n'est pas la première source de motivation des acheteurs, semble-t-il.
Pour l'avocat Rémi Josseaume, responsable de la commission Droit routier au Barreau Paris, l'essor des caméras tient au niveau de maturité suffisamment élevé désormais et aux enjeux juridiques. "Les conducteurs ont pris conscience de l'intérêt de disposer d'images dans le cadre d'un litige, d'un délit de fuite ou d'accident avec des animaux. Les assureurs commencent à s'ouvrir à ce type de preuves, même si, sur le plan civil, il y a débat sur l'exploitation du film". La CNIL ne s'est pas encore prononcée. Elle doit rendre un avis en 2021 et éditer une charte de bonne conduite. "En ce qui concerne les flottes, estime l'avocat, l'intégration doit se faire dans une démarche de sensibilisation".
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