Saint-Cloud Automobiles, la “business passion”

...Julien Gasnot, dirigeant trentenaire, dynamique et pragmatique.

De prime abord, la carrosserie Saint-Cloud Automobiles se caractérise par son charme suranné. Nichée dans une rue serpentine et huppée de la commune, elle cultiverait presque un petit côté rétro, comme en témoigne son étroite façade sans fioriture que l'on devine derrière les arbres. Le bâtiment joue hardiment des volumes et de la juxtaposition nostalgique du couple parpaing-métal. A quelques kilomètres de là, le groupe Yves Rocher a fait d'un édifice similaire son vaisseau amiral francilien. Rétro et tendance donc. A l'image de Saint-Cloud Automobiles. Une carrosserie presque centenaire dirigée par un très jeune responsable sensible à la tradition. "Même si elle a plusieurs fois changé de mains, la carrosserie date du début du siècle ! Depuis plus de trente ans, elle a le même nom et, quand j'ai repris l'entreprise, j'ai voulu conserver cela. Je tiens à cet aspect ancien, authentique du lieu, à la véracité de cet esprit", confie sans peine Julien Gasnot, dirigeant de Saint-Cloud Automobiles et de ses douze employés. Un trentenaire qui baigne dans l'automobile, et la carrosserie en particulier, depuis sa tendre enfance. Dès 1992, il dirige ainsi une petite carrosserie dans le bas de Saint-Cloud. En 2000, il décide de reprendre Saint-Cloud Automobiles et change derechef de dimension : de 300 à 3 000 m2 ! Un changement d'échelle que Julien Gasnot commente ainsi : "C'est très agréable par rapport au confort de travail et cela se révèle précieux pour la gestion du flux des véhicules et de la problématique du parking." Après une entrée en matière affective, Julien Gasnot commence à dévoiler son visage de businessman. Car, avec lui, tradition rime avec modernité. Par exemple, l'atelier "rétro" accueille un marbre Car-o-Tronic. "Nous l'utilisons principalement comme instrument de mesure car, comme tout le monde, nous traitons presque exclusivement des petits chocs", indique Julien Gasnot. Avec lui, tradition rime surtout avec efficacité. A titre indicatif, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros en 2003 !

Un an après avoir rejoint Acoat selected, la carrosserie est déjà un porte-drapeau du réseau

Une société de cette envergure attise forcément les convoitises. D'autant qu'elle est placée dans une zone de chalandise urbaine qui coïncide avec les business plans de notre époque et qu'elle n'a qu'un seul concurrent significatif, le site Magenta de Citroën. Courtisé par plusieurs réseaux indépendants, Julien Gasnot a finalement décidé l'an passé d'adhérer à Acoat selected. Trois motivations principales expliquent ce choix : l'attrait des agréments pour un volume de travail plus vaste, la clarté de fonctionnement et le professionnalisme du réseau, et une certaine connivence avec Bernard Coquin. L'intégration de Saint-Cloud Automobiles au sein du réseau a été rapide et les dirigeants d'Acoat selected et de Nobilas n'hésitent pas à utiliser cet écrin pour leur communication extérieure. Le concept CarPlast, dédié à la réparation des éléments plastiques, a ainsi été récemment exposé aux dirigeants d'Axa dans les locaux de Julien Gasnot. indique Julien Gasnot. Axa est d'ailleurs l'un des partenaires privilégiés de Saint-Cloud Automobiles. Et devrait le rester à l'avenir. En effet, la carrosserie, suivant en cela les orientations du réseau mais aussi… d'Axa, commence à s'investir dans le service à domicile. "C'est assurément une voie de développement pour l'avenir. Le process se décline schématiquement comme suit : nous recevons un ordre de réparation par fax et nous contactons le client. Puis nous allons chercher son véhicule, gérons le volet "photo-chiffrage-expertise-VR", effectuons la réparation, avant de restituer le véhicule au domicile du client", détaille Julien Gasnot, ajoutant avec un zeste de tempérance : "Nous venons de commencer dans ce service et, pour le moment, force est de reconnaître que le process nous prend beaucoup de temps. C'est assez lourd à gérer. Mais nous avons déjà imaginé une solution pour fluidifier tout cela." Une solution qui répond aux préconisations du réseau Acoat selected et qui se traduira par l'ouverture d'un point relais Ucar au début de l'année 2005. Julien Gasnot va embaucher une personne pour s'occuper à plein temps de ce point relais. Il a déjà trouvé le candidat idoine, "un ami issu du monde de l'immobilier qui présente un excellent profil de commercial". Il sera en charge de deux missions distinctes : d'un côté, la livraison des véhicules dans le cadre du service à domicile et, de l'autre, le développement d'une activité de location de véhicules.

80 % du volume de travail réalisé avec les assureurs

Cet investissement dans le relais Ucar doit naturellement permettre à Saint-Cloud Automobiles d'étoffer son parc de VR. Actuellement, la carrosserie fonctionne avec 6 véhicules de remplacement, mais compte donc prochainement atteindre un volume de 10 voitures, décliné entre modèles de catégorie A et monospaces. "Par ce biais, nous améliorerons aussi la qualité de notre service, puisque nous proposerons aux clients des véhicules de moins d'un an", précise Julien Gasnot. Saint-Cloud Automobiles disposera ainsi d'un atout supplémentaire pour satisfaire les donneurs d'ordre. Il convient d'ailleurs de préciser que la carrosserie réalise d'ores et déjà plus de 80 % de son volume de travail via les assureurs. En revanche, elle n'effectue guère d'incursion dans le champ du hors assurance. "Dans le coin, les clients sont quasiment tous assurés "tous risques", donc notre activité hors assurance est très anecdotique", explique Julien Gasnot, avant d'ajouter : "Par contre, le concept CarPlast nous intéresse car, sur ce point précis, il y a un engagement de volume de la part d'Axa." Toujours au chapitre des apporteurs d'affaires, Julien Gasnot s'est engouffré sur le marché des flottes. "En volume, cette activité représente environ 20 % des véhicules que nous traitons", indique-t-il en affirmant qu'il s'agit d'un business en développement. Saint-Cloud Automobiles travaille notamment avec Dassault, des laboratoires pharmaceutiques et avec des entreprises locales de tailles diverses. Enfin, la carrosserie réalise 15 % de son chiffre d'affaires par l'intermédiaire de la sous-traitance. "Dans ce domaine, nous travaillons avec des entreprises très différentes. Aussi bien pour le petit site Opel qui se trouve dans notre rue que pour une grosse concession de Boulogne qui nous amène environ 10 véhicules par semaine", souligne Julien Gasnot.

"Les délais de règlement des assureurs sont encore beaucoup trop longs"

En prenant connaissance de l'activité de Saint-Cloud Automobiles, on retrouve les grandes lignes stratégiques du cahier des charges d'Acoat selected. Pour atteindre le statut de modèle et prétendre au club des 5As, il ne reste plus qu'à passer à la technologie hydrodiluable. En effet, même en passant de Standox à Sikkens, la carrosserie utilise toujours des produits solvantés. "Je pense que nous allons effectuer notre switch en 2005, mais jusqu'à présent nous n'étions pas pressés. Avec l'hydro, les temps de séchage sont encore trop longs et si la qualité de fabrication de peinture est impeccable, la qualité en réparation est plus contestable", explique Julien Gasnot. En revanche, l'exploitation de la cabine de peinture est un exemple de rentabilité : optimisée à 100 %, elle fonctionne non-stop de 8 h à 18 h. Bref, en dépit de la crise du secteur, il appert que Saint-Cloud Automobiles surfe sur la vague idyllique du succès. "Nous avons ressenti les effets de la récession", tempère néanmoins Julien Gasnot, avant de reconnaître : "Mais nous ne pouvons vraiment pas nous plaindre car nous sommes dans une région très privilégiée et nous n'avons donc aucune peine à remplir l'atelier." En fait, si Julien Gasnot n'a aucune inquiétude pour l'avenir de la carrosserie, il stigmatise toutefois deux problèmes : "D'une part, nous avons des problèmes de trésorerie car les délais de règlement des assureurs sont encore beaucoup trop longs. D'autre part, le recrutement et le management des hommes deviennent difficiles en général. Il y a un problème de pénurie de personnel, de reconnaissance de nos métiers et de niveau de qualification chez les plus jeunes." La tradition des compagnons performants et fidèles s'est, elle, bel et bien perdue…