Rétro auto 2018 : une année dans les réseaux
La sempiternelle "respiration naturelle des réseaux" n'a plus lieu d'être dans la bouche des différents responsables développements réseaux au moment de revenir sur l'année 2018. En effet, si l'exercice n'est pas tout à fait terminé, il reste quelques jours avant de sabrer le champagne, et force est de constater que les onze mois écoulés furent plus agités que d'accoutumée.
En effet, rarement le paysage de la distribution automobile française n'aura été autant bouleversé que lors de cet exercice 2018. Si tous les niveaux ont été touchés par ces remaniements, les observateurs et autres suiveurs ont été surpris de constater que même les grands groupes ne sont plus à l'abri.
Il y a quelque temps, le dirigeant d'un très grand groupe nous confiait que, pour survivre désormais, il "fallait pouvoir s'appuyer sur un volume de ventes supérieur à 30 000 VN". Une nouvelle frontière pour les distributeurs automobiles quand, il y a quelques années, ils n'étaient que quelques-uns à franchir ce cap. Dans le dernier Top 100 du Journal de l'Automobile (JA 1265), nous avons recensé 35 groupes à avoir dépassé cette "frontière", quand le Top 10 de ce même classement cumule déjà 19 % du marché VN français. "Et les mouvements ne sont pas terminés", nous confient certains distributeurs… En attendant, retour sur les grands événements de l'année.
La barre fut placée très haut avec la reprise du groupe Métin par le groupe Gueudet en février. Annoncée depuis plusieurs mois, l'acquisition de l'entité dirigée par Jean-Charles Herrenschmidt n'était plus un mystère. Restait à connaître l'identité du repreneur : c'est finalement le groupe Gueudet qui a raflé la mise en mettant la main sur près de 16 000 VN, dont 8 000 Peugeot, marque qu'il ajoute à son offre. Une acquisition qui permet par ailleurs au groupe Gueudet de peser près de 50 000 VN !
Quelques semaines plus tard, c'est un autre monument de la distribution automobile parisienne qui annonçait son changement d'actionnariat : la holding Masathis du groupe Emerige dirigé par Laurent Dumas, société spécialisée dans l'immobilier, actionnaire de l'opérateur à hauteur de 34 %, reprenait l'intégralité des parts du groupe Marani. Un rachat qui survenait aussi quelques mois avant la disparition d'Edda Marani, présidente du groupe et épouse du fondateur Joseph-Armand Marani.
Parallèlement, c'est encore au sein d'un réseau de marque française qu'un nouveau mouvement d'envergure était à signaler : en effet, le groupe Mary annonçait l'acquisition de 50 % du groupe Tuppin tandis que les deux hommes créaient une nouvelle holding, devenant de fait un nouveau poids lourd du secteur qui devrait approcher les 18 000 VN et générer un chiffre d'affaires annuel de 600 millions d'euros.
En plein été, nouveau rebondissement : PGA annonçait son entrée dans le capital du groupe Bernard à hauteur de 40 %, ou quand le premier opérateur national se rapproche du troisième…
Après six mois d'activité, on était en droit de penser que nous étions quitte en termes de mouvements. Pensez-donc : le 16 octobre dernier, nouveau coup de tonnerre avec le "rapprochement" entre les groupes Lamirault et Schumacher, lesquels donnent naissance à une nouvelle entité basée sur ces deux noms pesant 32 000 VN, 21 500 VO et cumulant un CA de plus d'un milliard d'euros et 1 400 collaborateurs. Un nouveau groupe qui s'apprête d'ailleurs à reprendre d'ici quelques semaines un nouvel opérateur de près de 5 000 VN dans les marques Renault…
D'autres mouvements moins importants ou moins prestigieux sont également venus secouer le paysage, mais ils reflètent toutefois l'instabilité au sein des différents réseaux de distribution automobile français : ainsi, on se souvient que le groupe Hess a repris le groupe Bader, Gérard Grau a quitté la scène hexagonale en confiant ses affaires au groupe Mounès, tout comme le groupe Corteel repris par RCM. Si certains n'ont pas (encore ?) été cédés, ils ont néanmoins ouvert leur capital. C'est le cas des groupes Ténédor et Gibaud, respectivement avec les groupes Bernard et Faurie. Que nous réserve l'année 2019… ?