S'abonner
Distribution

Groupe Macard : au service des territoires

Publié le 4 juin 2025

Par Gredy Raffin
9 min de lecture
Fidèle partenaire de Peugeot et de ce que le constructeur a bâti durant 90 ans, le groupe Macard règne avec brio sur une zone rurale située au cœur de l’Occitanie. Emmené par la quatrième génération, l’opérateur continue de fonctionner avec le service comme principe fondamental et ses derniers investissements en attestent.
Groupe Macard
Depuis le jour de sa création en 1935, le groupe familial est resté fidèle à Peugeot. ©Macard

De coutume, le bureau feu­tré de la direction sert de théâtre pour ce type de rencontres. Camille Valès a préféré un autre lieu. Celle qui, avec David Jean, codirige le groupe Macard a fixé le rendez‑vous non pas dans une des seize concessions ou agences de la plaque, mais à Prado, un centre de reconditionnement de voitures d'occasion.

 

Et pour cause, cette struc­ture, sortie de terre en juin 2024, doit marquer un tournant dans la stratégie de l’entreprise fondée il y a 90 ans à Montauban, ville du Tarn‑et‑Garonne.

 

Le projet datait de plus d’une dé­cennie. Il a été souhaité, mûri et lit­téralement dessiné par Jean‑Louis Marty, le président du conseil de surveillance. En tant qu’ingénieur en bâtiment de formation, ce der­nier a toujours supervisé les aspects immobiliers du groupe de distribu­tion. Ses successeurs ont concréti­sé le plan avec en chef d’orchestre Jean-Luc Laurens, directeur VO du groupe.

 

 

Ce centre de recondition­nement a été érigé à la limite entre Moissac et Castelsarrasin (82), sur un terrain de 15 000 m2 jouxtant la concession Peugeot‑Opel Macard locale. Le bâtiment écoresponsable, composé de deux travées, couvre près de 2 200 m² de zone de produc­tion. Une surface occupée par une quarantaine d’employés qui s’ac­tivent cinq jours par semaine à sortir au minimum quinze voitures d’occasion.

 

À l’été 2024, un centre de reconditionnement a été créé pour traiter autour de 3 000 voitures d’occasion par an. ©Le Journal de l'Automobile

 

S’inspirer du succès de Sopra

 

Pour imaginer ce que le groupe Macard va faire de son centre de re­conditionnement, il faut regarder ce qu’il a accompli par le passé avec les pièces de rechange. Faisons un bond en arrière.

 

En 2007, l’entreprise fa­miliale prend un pari. Elle ferme les magasins dans les concessions pour centraliser l’activité à Montauban, sous le nom de Sopra. "Cette initiative nous a permis d’améliorer notre traitement des clients, à commencer par nos agents", explique la codiri­geante.

 

Elle ne manque pas de sou­ligner au passage que le groupe Ma­card avait été l’un des tout premiers en France, dès les années 80, à tenir des réunions d’agents dans l’optique de normaliser les relations et de faire du commerce en toute sérénité.

 

Puis, en 2015, coup de tonnerre quand, à la tribune, les cadres de PSA en France dévoilent un nouveau plan stratégique pour le commerce de pièces. La mise en place de Distrigo bouleversera le paysage hexagonal.

 

Consciente de ce qui se joue, Camille Valès s’enfonce dans son siège de la salle de conférence, étouffant tant bien que mal sa stupeur. Les critères rete­nus par le constructeur condamnent Sopra. "Il y avait une réelle crainte de fermeture. Il a fallu se battre pour que notre structure obtienne le statut Distrigo", revient‑elle sur l’épisode.

 

 

La direction du groupe Macard ne se laisse alors pas abattre, monte un dossier solide et se concentre sur son grand oral. L’objectif est clair : il faut démontrer à PSA la pérennité de l’af­faire.

 

Et la codirigeante de convoquer un souvenir : "Des agents et MRA ont témoigné en vidéo pour dire tout le bien qu’ils pensaient de notre plateforme." PSA valide la candida­ture et le groupe familial est auto­risé à poursuivre l’exploitation des pièces de rechange.

 

À ce jour, la plateforme Sopra livre des professionnels deux fois par jour dans un rayon de 2 h de route autour de Montauban. Un volant d’activité qui génère 40 millions d’euros bruts de chiffre d’affaires, selon les données consolidées en fin d’exercice 2024.

 

Le groupe Macard exploite toutes les marques du portefeuille européen du groupe Stellantis, à l’exception de Lancia pour le moment. ©Marcard

 

Prado, ce nouvel atout pour adapter le VO

 

Le service a toujours été au cœur de la stratégie du groupe Macard. Sopra ne sera plus le seul socle. Prado se posera à côté. Une base solide pour construire l’entreprise de demain. Comme Emil Frey France avec CRVO ou Gemy avec Autoprepar, le groupe Macard fait de cette struc­ture une entité indépendante.

 

"Nous avons choisi cette appellation car nous envisageons d’aller plus loin dans les prestations à délivrer autour des voitures d’occasion", sourit Camille Valès. Prado étant l’acronyme de Pré­paration Reconditionnement Auto­mobile Développement Occasion.

 

Sous la houlette de Jean‑Luc Laurens et Jean‑Denis Gabens, le respon­sable du site, toutes les forces ont été impliquées dans la création des standards du centre de recondition­nement.

 

Quatre niveaux de remise en état ont été définis pour unifor­miser l’offre sur les parcs. "Il n’y aura plus de conflits entre les respon­sables du VO et ceux de l’après‑vente. Le centre de reconditionnement prendra en charge toutes les voitures. Les concessions gagneront sur tous les tableaux et retrouveront de la marge", commente l’architecte du projet, Jean‑Louis Marty.

 

L’entrée en activité de Prado a rapide­ment débouché sur la création d’une offre. Le groupe Macard conserve les voitures d’occasion les plus âgées, les remet légèrement en état et les pro­pose aux consommateurs sous la marque blanche VO Petits Prix.

 

Une gamme qui répond aux besoins croissants de la population locale. Une chaîne de valeur que Jean‑Luc Laurens traduit en chiffres : "Cela ne représente que 3 à 4 % de nos volumes VO dans le groupe, mais nous déga­geons une marge moyenne de 1 200 euros par véhicule après travaux. Derrière, le coût de garan­tie ne dépasse pas 188 euros en moyenne." Les mathématiques parlent pour lui. La direction du groupe souhaite vivre une période de 18 mois pour tirer des enseignements et perfectionner Pra­do.

 

Ensuite, comme la plateforme PR, le centre se mettra au service de tiers. À titre d’exemple, il pourrait recevoir des flux de concessionnaires voisins. Ses collaborateurs n’excluent pas quant à eux l’idée d’organiser des ventes à professionnel à la sortie du bâ­timent. Tout reste ouvert.

 

Camille Valès, codirigeante du groupe Macard. ©Macard

 

Suivre fidèlement les règles et les valeurs

 

Avec Camille Valès et David Jean, le groupe est désormais emmené par la quatrième génération, celle qui a pi­loté la diversification du portefeuille de marques. Depuis neuf décen­nies, l’entreprise opère sous le pan­neau Peugeot. En toute logique, elle a fait entrer Citroën quand les deux marques se sont rapprochées.

 

Puis, Opel s’est ajouté quand PSA a mis la main sur le constructeur allemand. Il était donc inimaginable, à la fondation de Stellantis, de ne pas suivre le mou­vement. Fiat, Alfa Romeo et Jeep ont trouvé une place dans l’organisation de la plaque.

 

En fin d’année dernière, c’est Leapmotor qui a bénéficié de trois aménagements de surface, à Auch (32), Agen (47) et Montauban. "Notre poli­tique a toujours été de faire confiance à notre constructeur de cœur", résume la fille de Jean‑Louis Marty.

 

Une philosophie qui s’applique tout autant aux autres univers du groupe. Une concession Ford, deux Mazda et une Kia, toutes réparties sur les villes de Montauban et Auch, sont systématiquement tenues à jour des dernières normes architecturales ou organisationnelles.

 

Le groupe Macard ne conçoit pas autrement son partena­riat avec les constructeurs. Il s’agit de suivre les règles pour que, dans une in­dustrie autant soumise à des effets de cycle, le concessionnaire et l’industriel puissent s’entraider en fonction de la situation.

 

Bien qu’il soit opérationnel dans trois départements, le Tarn‑et‑Garonne, le Lot‑et‑Garonne et le Gers, le distri­buteur ne s’est pas étalé sur un grand territoire. Il y a tout juste une centaine de kilomètres entre les showrooms les plus éloignés.

 

"Il faut pouvoir se rendre dans toutes les concessions en une journée, garder un caractère fa­milial à notre groupe avec des valeurs ancrées : respect, efficacité, sincérité et qualité. Les futures opportunités de croissance organique ou externe seront étudiées selon ce principe et en fonction de leur éloignement de la plateforme de pièces de rechange", précise la codiri­geante.

 

Attachement à la ruralité

 

Montauban compte quelque 62 000 ha­bitants, Agen recense 35 000 âmes environ, les autres villes dénombrent entre 10 000 et 20 000 personnes. Le groupe Macard apprécie travailler dans les villes moyennes, avec ses équipes présentes sur leur secteur, au plus proche des réseaux locaux.

 

Il n’a jamais été question d’investir dans des concessions automobiles à Bordeaux, au nord, ou à Toulouse, au sud. Un choix tout à fait délibéré que Camille Valès explique par le fait que "ces métropoles demandent des ressources de très grands opérateurs". Une di­mension que l’entreprise aux 4 265 vé­hicules neufs vendus en 2024 ne se sent pas d’explorer. "Nous préférons travailler le service dans des territoires ruraux", soutient‑elle.

 

Des zones où les populations changent leurs habitudes de consommation, se­lon les observations de Camille Valès. "Nous devons adapter notre offre et nos services aux nouveaux besoins de nos consommateurs locaux en propo­sant tous les métiers de l’automobile : vente de véhicules neufs et d’occasion toute marque et tout budget, répara­tion mécanique, entretien rapide, car­rosserie, dépannage, location, vente d’accessoires et pièces de rechange."

 

Et de poursuivre son décryptage : "Le marché VN est actuellement en retrait du fait du contexte général, mais nos territoires ont plusieurs leviers de déve­loppement dans les années qui arrivent avec un important accroissement du nombre d’habitants prévu dans les 5 prochaines années."

 

En effet, la ligne grande vitesse (LGV) mettra prochainement Montauban à 3 h de Paris (75) et à 10 min de Tou­louse (31), ce qui devrait créer un effet d’aubaine pour les entrepreneurs, les PME et les ETI, ainsi que les cadres plus aisés.

 

Une perspective que la di­rection de Macard n’est pas la seule à attendre avec une certaine impatience dans les environs. Le salut peut sou­vent venir des entreprises qui fleu­rissent. Les réflexions pour l’avenir se font tout du moins dans ce sens car elles auront besoin de services.

 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle