Gaap : 3 éditeurs, 1 demi-mesure

Le dossier était politiquement sensible. Au printemps 2010, en accord avec le Gaap, le groupement des agents de la marque, et avec le soutien du GCAP, la centrale d’achat, Automobiles Peugeot décidait de lancer un appel d’offres ayant pour objet les systèmes d’information dans le réseau. Beaucoup d’appelés, mais seulement trois élus. Après soutenance des dossiers, ce sont Lacour, Micrauto et Fiducial qui ont été retenus. “Le choix n’est jamais facile à prendre dans ces conditions mais lorsqu’il est basé sur des critères objectifs techniques et qualitatifs, il finit par s’imposer de lui-même”, a réagi Jérôme Flachy, président du Gaap. L’accent avait été mis sur le cahier des charges techniques, la gestion de la relation clientèle, la qualité de service et les conditions générales de vente.

“Nous nous félicitons de ce choix qui confirme la qualité de la prestation que nous avons fournie”, a quant à elle commenté Herta Gavotto, chargée des relations avec les constructeurs chez Fiducial. La société présidée par Alain Falck a, en effet, réussi une belle opération. Outsider lors du dépôt des candidatures, elle est parvenue à s’imposer et à rejoindre Micrauto et Lacour pour qui les choses se présentaient plus facilement.

Ces deux derniers partenaires étant déjà référencés avec succès par Renault et Citroën, il aurait été plus difficile de justifier leur éviction du choix final. Pour Fiducial, en compétition avec ADP et surtout Sage, il a fallu défendre d’arrache-pied le dossier.

Sensation de demi-mesure

Chez Peugeot, homologuer une liste réduite de DMS, c’est se mettre en accord avec la politique de convergence et de rationalisation de PSA. Pour mémoire, les deux autres constructeurs français ont depuis longtemps déjà fait ce choix stratégique. Cependant, vu de l’extérieur, on peut avoir l’impression que la marque au lion s’est arrêtée en chemin. Chez Renault, en avance sur les dossiers informatiques, l’approche est radicale : il y a trois solutions préconisées et elles font l’objet d’une clause contractuelle. Le constructeur garantit alors l’uniformité dans son réseau R2 et une certaine forme de pérennité pour les éditeurs. Peugeot et le Gaap ont abordé la question sous un angle différent. D’abord, cette recommandation auprès du réseau est à durée limitée. Elle ne sera valable que trois ans. Ainsi, “l’enjeu pour les éditeurs est de rester fidèles à leur engagement contractuel, justifie Jérôme Flachy. Dans 3 ans, nous repartirons d’une page blanche pour de nouvelles sélections, les éditeurs non retenus à ce jour auront de nouveau toute leur chance”, promet-il ensuite. Charge à ces derniers donc “de donner le “meilleur” et progresser pour ne pas s’écarter définitivement du réseau”, conseille le président.

Peu de visibilité à long terme et aucune certitude sur le développement, tel pourrait être le lot des éditeurs lauréats et l’une des inquiétudes que l’on peut nourrir à leur égard, eux qui supportent l’entière charge des investissements en recherche et développement. Pourquoi ? Car les agents ne sont nullement contraints d’adopter les produits de Micrauto, Lacour ou Fiducial. “Il faut bien comprendre que si un agent est sur le point de changer de DMS, nous lui conseillons de choisir un fournisseur parmi les trois retenus mais en aucun cas, il n’est tenu de changer de fournisseur”, confirme Jérôme Flachy.

Ce qui pourrait faire le jeu de Sage, grand perdant de l’appel d’offres, mais qui reste à ce jour le premier DMS du réseau d’agents membres du Gaap. Car s’il est évident qu’ICar Mobility aura peine à conquérir de nouveaux clients, il aura tout intérêt à se cantonner sur ses bases pour résister aux ambitions de Micrauto, Lacour et Fiducial qui projettent d’occuper chacun 35 à 40 % du marché au terme de la période des trois ans, soit 10 à 15 points de plus en pénétration par rapport à aujourd’hui. Rien est joué et dans 36 mois tout pourrait être à refaire…