Fabrice Teyssot, VO-Link : "Nos clients cherchent à stocker des voitures avec des moteurs diesel"
Le Journal de l’Automobile : Quel regard portez-vous sur l’année 2023 ?
Stéphane Mercier : Nous traversons une année pleine de paradoxes. Il est difficile d’avoir un véritable ressenti. En trois ans, j’ai vécu plus de rebondissements qu'au cours de mes douze premières années de carrière. Cependant, nos chiffres sont bons. Après avoir augmenté nos ventes de 150 % en 2022, nous avons gardé un excellent rythme de croissance cette année. VO-Link devrait avoir écoulé 2 500 voitures d'occasion d'ici fin décembre 2023.
J.A. : Quelle a été la clé de votre essor en ces temps compliqués ?
S.M. : Nous avons su faire preuve d’adaptabilité. La société a été structurée en deux pôles, dirigés chacun par des associés. Je m'occupe des achats et Fabrice [Teyssot] de la vente. Nous nous sommes employés à créer de la synergie et de la confiance entre les deux services. Le département des achats a été renforcé de deux collaborateurs afin d’augmenter significativement le temps-homme passé à traquer des voitures en Europe. Ce qui amène à la seconde clé : la flexibilité.
J.A. : Qu’avez-vous ajusté chez VO-Link ?
S.M. : Nous étions concentrés sur des voitures d’occasion récentes de Citroën et Peugeot. Au plus fort de la crise, nous nous sommes tout d’abord ouverts à d’autres marques, comme Renault, BMW-Mini, Audi, Porsche, Jeep ou encore Hyundai. VO-Link a aussi proposé des VO plus âgés, allant jusqu’à cinq ans et 80 000 km.
Je reste confiant et optimiste quant à un retour relativement proche à des volumes intéressants
J.A. : Cela a-t-il nécessité d’explorer de nouveaux canaux d’approvisionnement ?
S.M. : En effet, historiquement la prospection concernait la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Belgique. Nous avons ouvert à d’autres pays. La Scandinavie et l'Europe de l’Est se sont révélés très intéressants dans la manière de compléter ce que nous exploitions déjà. Mais, bien évidemment ce développement s’est accompagné de complications logistiques, ce qui nous a poussé à développer une solution en interne. Depuis quelques temps, nous observons que les canaux italien et espagnol ont à nouveau des voitures d’occasion récentes en volume plus important.
J.A. : Certains de vos confrères s’agacent du comportement des constructeurs vis-à-vis de votre profession. Comprenez-vous cette colère ?
S.M. : Je n’ai pas le sentiment que les constructeurs intentent des choses contre notre métier. C’est plus une question de contexte. Ils savent nous faire comprendre que, parfois, ils peuvent se passer de nous et dans d’autres cas, ils s’appuient sur notre savoir-faire et notre capacité à écouler des volumes. Ces derniers temps les volumes n’étaient effectivement pas au rendez-vous et pour cause les ventes tactiques se sont réduites.
J.A. : Que craignez-vous donc tout particulièrement ?
S.M. : Mon inquiétude portera davantage sur l’impact de ces politiques sur les flux futurs. Néanmoins, je reste confiant et optimiste quant à un retour relativement proche à des volumes intéressants. Même s’ils seront certainement moins importants que ceux connus précédemment. Autrement, je pense que le rôle des centrales d’achats a évolué. En effet, VO-Link propose à ses clients un approvisionnement avec des véhicules de qualité contrôlés et expertisés, ainsi que des délais de livraison maîtrisés.
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J.A. : Le parc roulant européen s’électrifie. Comment vivez-vous cette mutation ?
Fabrice Teyssot : Quel vaste débat ! Nous devons être attentifs puisque nous travaillons avec des constructeurs et des loueurs. Toutefois, nous n’avons aucune demande significative de la part de nos clients qui, rappelons-le, vont des grands groupes de concessionnaires aux petits garages. Nous avons tenté de stimuler les ventes, sans parvenir à susciter de grandes réactions, y compris sur les hybrides.
J.A. : Que vous réclament vos clients dans ce cas ?
F.T. : Nos clients cherchent à stocker des voitures avec des moteurs thermiques essence et diesel. À notre grand étonnement, cette tendance sur le diesel s’est réaffirmée depuis la rentrée. Je pense que les automobilistes ont essayé les hybrides et que la réalité économique les ramène vers les voitures diesel.
La prochaine étape de notre aventure passera par un déploiement en Europe
J.A. : Parvenez-vous à les approvisionner dans cette Europe en mutation énergétique ?
F.T. : Oui, il y a encore des opportunités. Nous trouvons sans trop de difficulté des voitures diesel de tous segments de produits, de toutes cylindrées et de tous âges.
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J.A. : Les places de marché se multiplient. Voyez-vous leur prestation d’un bon œil pour revendre vos voitures d’occasion en BtoB ?
F.T. : Elles sont très intéressantes. VO-Link a pris un abonnement chez Entre Marchands Auto et cela nous a permis de vendre quelques voitures. Si nous sommes profondément attachés aux méthodes de vente traditionnelles, celles qui consistent à aller à la rencontre physique des clients, il n’empêche que nous étudions les nouveaux canaux. Les places de marché tout comme LinkedIn, présentent des atouts.
J.A. : Quelle est la suite pour VO-Link ?
S.M. : Récemment, pour faire face à la crise logistique, nous avons créé notre propre solution de transport. La prochaine étape de notre aventure passera par un déploiement en Europe. Nous avons testé des actions au cours des derniers mois et elles ont donné pleine satisfaction. Nous explorons actuellement plusieurs pistes.
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