Dugardin : le Ford tranquille
Lille, Roubaix, Tourcoing. Le terrain de jeu du groupe Dugardin. Les pieds en France, un œil sur la Belgique, le distributeur garde la main sur ses clients. C'est sa marotte, sa monomanie. Chercher les nouveaux clients. Bien sûr. Pourquoi se priver de conquête ? Mais plus sûrement, satisfaire ceux qui le sont déjà. Un leitmotiv à la base de toute l'organisation du groupe. Un groupe qui ne voulait pas l'être, en quelque sorte. Chaque site est en effet indépendant, ou presque. Juridiquement en tous cas. Car, seules les marques premium sont regroupées en une seule entité. Il n'y a pas de holding dans l'organisation Dugardin. Même chose au niveau de l'opérationnel, puisque tous les sites gèrent leur propre stock VN et VO. La seule synergie concerne les pièces de rechange. Quoi de plus normal ?
Fidèle parmi les fidèles au groupe Ford et ses marques, le groupe bénéficie aujourd'hui des fruits de 40 ans d'un solide partenariat. Et qu'importe si Jaguar et Land-Rover ne sont plus aujourd'hui dans le giron du constructeur américain. L'opérateur garde sa façon de faire.
En 1969, Robert Dugardin fonde son premier garage. En 1971, il devient agent Ford. Puis en 1984, ses volumes étant équivalents à ceux d'un concessionnaire, Ford lui propose de devenir distributeur agréé. Les affaires prospèrent. Et en 1992, le concessionnaire Dugardin devient un groupe avec l'ouverture d'un site à Villeneuve d'Ascq. Suivront Roubaix en 1994, Fâches-Thumesnil en 1995, la prise de panneau Jaguar en 2000, la construction d'un nouveau site à Roncq en 2001, puis l'entrée dans les réseaux Volvo et Land-Rover la même année, puis Mazda en 2005. Depuis le départ en retraite de Robert Dugardin, une nouvelle génération est aux commandes de l'entreprise familiale. Philippe et Catherine Dugardin ont, en effet, pris la succession opérationnelle. En théorie, car Robert Dugardin continue de "visiter" les différents sites. D'ailleurs, rien, dans la philosophie du groupe n'a changé. Le garage Dugardin des débuts a préservé son identité et sa vision du métier. Celle d'un partenariat durable avec les marques qu'il représente et d'une quête permanente de la satisfaction client.
Ma petite entreprise…
Le service, coûte que coûte
Aujourd'hui, même moins rentable, j'ai une activité après-vente. Mes ateliers tournent", détaille le distributeur. Sur ce site, de 38 employés, 21 personnes sont dédiées à l'après-vente. Quatre d'entre elles le sont d'ailleurs pour la seule réception et le secrétariat après-vente, avec une amplitude horaire importante, de 7 h à 20 h. Sur ce seul site de Lys-lez-Lannoy, le groupe Dugardin enregistre une vingtaine d'entrées atelier par jour.
Dans le réseau Ford, le taux de couverture service est de 58,4 %. A Lys-lez-Lannoy, le garage Dugardin est à 60 %. "Ce n'est pas satisfaisant", fulmine tout de même Philippe Dugardin. "Pour moi, c'est à cause de la stratégie du constructeur. La politique après-vente de Ford ne rémunère pas le travail. Nous avons une stratégie européenne qui consiste à avoir un coût de détention le plus faible possible. Il faut savoir qu'à ce niveau, Ford est au niveau de Toyota et assurément moins cher que les constructeurs français. Le problème, c'est que ça ne permet pas au réseau de vivre", explique Philippe Dugardin. Pire. Chaque année, le groupe perd deux à trois points sur son taux de couverture des frais fixes par l'après-vente. "Nous avons analysé les temps barémés de nos concurrents et les avons comparés aux nôtres. C'est là le problème, car pour ce qui est des pièces de rechange, nous sommes plutôt bien lotis. Leur discours est d'aller conquérir les véhicules les plus anciens car le parc vieillit. Ils ont même mis en place une gamme de produits et d'opérations spécifiques. Mais le compte n'y est pas. Même sur ce site, où nous sommes très performants à l'atelier. Résultat, depuis près de trois ans, la rentabilité de notre activité après-vente se casse la figure", poursuit-il.
"20 ans sans voir personne"
Pour autant, le distributeur est loin d'être un frondeur. Il nourrit même de bonnes relations avec la direction commerciale française de Ford, dont il apprécie notamment la proximité avec ses distributeurs et sa capacité d'écoute. "Nous avons été 20 ans sans voir personne et aujourd'hui, nous voyons régulièrement Jean-Luc Gérard dans nos affaires", témoigne Catherine Dugardin. "Commercialement parlant, nous n'avons pas à nous plaindre. Au niveau des marges notamment. Nous vendons des petites voitures, mais avec des marges correctes. C'est ce qui nous différencie d'autres constructeurs. Quand nous vendons une Ka ou une Fiesta, la marge est de l'ordre de quelques centaines d'euros, voire du millier", confie Philippe Dugardin. Plus agréable donc, même si la politique après-vente du constructeur ne sied pas à l'investisseur. C'est précisément ce type de relations qui symbolise la manière dont fonctionne le groupe. Indépendant, mais adepte d'un réel partenariat avec les constructeurs, quels qu'ils soient. Avec Ford, comme avec d'autres. "Nous saisirons les opportunités, si elles se présentent. Mais nous ne prendrons une marque que si nous sommes certains, à terme, d'avoir la représentation sur la région lilloise", précise Philippe Dugardin, en forme d'ouverture.
FOCUSLe groupe Dugardin en Bref • Date de création : 1969 |
Photo : L'an dernier, le groupe Dugardin a réalisé un chiffre d'affaires de 84 millions d'euros, dont 9 millions d'euros pour ce seul site de Lys-lez-Lannoy, et vendu 2 254 VN et 2 000 VO.
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