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Vers une explosion du marché low-cost ?

Publié le 18 décembre 2009

Par Armindo Dias
6 min de lecture
Près d'un tiers des automobilistes européens sont prêts à acquérir un véhicule low-cost d'après "L'Observatoire Cetelem de l'Automobile". Ils sont aussi prêts à se passer de certains équipements afin de bénéficier d'une baisse de...
...prix sur l'achat d'un véhicule. Ils ne sont pas non plus réticents à l'acquisition de voitures chinoises ou indiennes. Explications.

Toutes les conditions sont réunies pour assister à un décollage du marché des véhicules low-cost en Europe. C'est en tout cas l'un des enseignements phares de la dernière livraison de "L'Observatoire Cetelem de l'Automobile" (3 600 automobilistes interrogés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne et au Portugal). En effet, il révèle que pour une très grande majorité d'automobilistes, posséder une voiture est désormais une contrainte : ils sont 79 % à le penser en Europe (62 % en France, 89 % en Allemagne, 74 % au Royaume-Uni, 76 % en Italie, 85 % en Espagne et 87 % au Portugal). Résultat : ils sont très peu nombreux à envisager de faire des folies pour leur voiture, seuls 20 % des Européens n'excluant pas de faire des sacrifices pour leur automobile (12 % en France, 27 % en Allemagne et au Royaume-Uni, 13 % en Italie, 18 % en Espagne et 23 % au Portugal). Le contexte économique y est bien évidemment pour quelque chose. "Les prix catalogues des constructeurs ont augmenté plus rapidement que l'inflation de 1998 à 2008", explique Flavien Neuvy, responsable de "L'Observatoire Cetelem de l'Automobile". Ils ont augmenté en moyenne de 3,2 % chaque année, contre 2,3 % pour l'inflation. Comment a évolué dans le même temps le coût d'utilisation des véhicules, ce coût comprenant bien évidemment plusieurs postes ? Il a progressé deux fois plus vite que l'inflation, la palme de la hausse revenant au poste carburants et lubrifiants (+ 5,6 %). Il devance largement les postes entretien et réparations (+ 4,4 %), assurances (+ 3,2 %), services (+ 2,9 %) et pièces détachées et accessoires (+ 1,2 %). "Les automobilistes se sont bien sûr rendu compte de ces hausses", poursuit Flavien Neuvy. Pour preuve : ils sont 64 % à estimer que le prix de vente des véhicules a augmenté plus vite que celui des autres biens et services ces dernières années (68 % en France, 63 % en Allemagne, 56 % au Royaume-Uni, 65 % en Italie, 57 % en Espagne et 73 % au Portugal). Sont-ils pour autant plus réceptifs aux véhicules low-costs ? Ils ne semblent pour le moins pas très craintifs. "Nous avions prévu il y a déjà quelques années le succès de la Logan en Europe", rappelle au passage Pascal Roussarie, le directeur de la communication corporate de BNP Paribas Personal Finance/Cetelem.

La fin du toujours plus

Les automobilistes européens ne sont que 19 % à considérer que les véhicules low-costs sont moins performants en termes de robustesse et de fiabilité (14 % en France), que 15 % à estimer qu'ils sont plus gourmands (12 % en France), que 13 % à s'interroger sur leur tenue de route (10 % en France) et que 7 % à s'inquiéter quant à leur contrôle et maniabilité (6 % en France). Ils les jugent moins performants simplement en termes d'image, d'élégance et de confort intérieur, ces items étant cités dans une fourchette allant de 36 % à 40 %. Logiquement, ils ne rechignent donc pas non plus à faire quelques sacrifices sur certains équipements ou services afin de bénéficier d'une baisse de prix sur l'achat d'un véhicule. Les automobilistes sont prêts à se montrer moins exigeants, notamment en matière d'équipements de navigation (56 %), d'affichage de statut (56 %) et de services type accueil, disponibilité et conseils (42 %). En revanche, ils n'ont pas l'intention de tirer un trait sur le respect de l'environnement, la sécurité, la tenue route ou encore la fiabilité. "Nous sommes entrés dans la fin du toujours plus", résume le responsable de "L'Observatoire Cetelem de l'Automobile", faisant indirectement écho au discours de Vincent Besson, en charge des produits Peugeot et Citroën. Et pour cause : la recherche d'économies est désormais le leitmotiv des automobilistes européens, cette "chasse aux dépenses" étant susceptible de passer à la fois par une limitation des déplacements (56 %), une acquisition de véhicule hybride ou électrique (43 %), une utilisation de pièces de rechange non d'origine mais légales (40 %) et un recours au covoiturage (28 %). "Ils sont également prêts à acquérir des véhicules low-costs", révèle Flavien Neuvy. En effet, "L'Observatoire Cetelem de l'Automobile" indique que 29 % des sondés envisagent d'acheter un véhicule low-cost, les moins réticents ou plus enthousiastes se trouvant au Portugal, au Royaume-Uni et en Espagne (voir tableau). En outre, ils sont tout sauf réticents quant à l'acquisition d'un véhicule de marque chinoise ou indienne : 57 % des sondés déclarent qu'ils pourraient le faire, les plus réticents se trouvant en France et les moins craintifs en Italie et en Espagne (voir tableau). Ils ne sont pas pour autant à la recherche de "hard-discount", même si 70 % des personnes ayant l'intention d'acheter une voiture neuve l'an prochain ont fait savoir qu'elles ne comptaient pas y consacrer un budget supérieur à 12 000 euros (voir tableau). "Les réticences sont très nombreuses en dessous de 5 000 euros", conclut Flavien Neuvy.

ZOOM

Le marché français et les aides

C'est sûr. Les différentes aides mises en place par le gouvernement ont boosté le marché. "Nous devrions franchir le cap des 2,2 millions de VPN immatriculés en 2009, soit un palier jamais franchi depuis 2001", explique Christophe Michaëli, le directeur France du marché automobile de Cetelem. Seulement voilà. Elles ont aussi modifié le marché, même si elles ont eu les effets escomptés (près d'une immatriculation sur deux concerne des renouvellements de voitures de plus de dix ans). Elles ont à la fois entraîné une hausse spectaculaire des ventes auprès des particuliers et favorisé les segments inférieurs. Les particuliers devraient participer cette année aux ventes de VPN à hauteur de 68 % et les segments inférieurs devraient entrer à hauteur de 51 % dans les ventes de VPN. Les aides ont aussi favorisé les marques françaises : elles devraient entrer à hauteur de 55 % dans le marché du VPN en 2009 (53 % en 2008). "La modification du mix-produit a finalement entraîné une baisse du marché en valeur", rappelle Christophe Michaëli. Cetelem s'attend à un recul du recul sur 2010. L'organisme estime à environ 300 000 les achats de véhicules anticipés en 2009 sur 2010.

Photo : Flavien Neuvy, responsable de "L'Observatoire Cetelem de l'Automobile".

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