Une grosse fourchette d’estimation pour 2013

L’exercice 2012, qui s’est conclu sur un volume de 43 378 immatriculations, en retrait de 8,4 % par rapport à 2011, se veut le reflet d’une conjoncture économique morose évoluant au rythme des incertitudes réglementaires. En effet, à l’entame de ce nouvel exercice, des zones d’ombre, structurelles, persistent. “L’écotaxe PL devrait s’appliquer dans six mois, mais les données chiffrées concernant les modalités de calcul de cette nouvelle charge ne sont toujours pas connues, alors que le coût théorique envisagé majorerait le coût de revient du transport de façon très conséquente”, soulève l’Observatoire du véhicule industriel. “La norme Euro 6 est annoncée dans douze mois, mais la balance entre les surcoûts annoncés pour les futurs véhicules et surtout les économies envisageables n’est toujours pas complètement mesurable”, ajoute-t-il. Ces indécisions viennent se mêler aux inquiétudes formulées en particulier par la CSIAM, à la vue du “ralentissement brutal survenu au cours des six derniers mois de l’année passée”. En 2012, le deuxième semestre représente les 3/4 du déficit des ventes de VI neufs (- 3 985 unités). “L’année 2013 s’annonce périlleuse compte tenu du fort ralentissement des deux principaux moteurs de l’économie française que sont l’investissement des entreprises et la consommation des ménages. Le niveau d’activité se dégrade encore, la trésorerie des entreprises de la filière n’est pas redressée, les défaillances d’entreprises dans le secteur s’accélèrent (+ 13,4 % par rapport à 2011)”, analyse la CSIAM.

Achats par anticipation ?

Pour 2013, les indicateurs économiques peu rassurants laissent craindre une nouvelle baisse de 3 % du marché des PL, estime Bipe. Mais la possibilité d’achats d’anticipation de véhicules Euro 5, liés au surcoût de l’arrivée de la norme Euro 6 en janvier prochain (estimé à 7 000 euros en moyenne), pourrait également jouer en faveur du marché. “Le passage aux normes Euro 3 et Euro 5 avait provoqué un effet d’anticipation des commandes”, rappelle Philippe Quillet, directeur commercial de Mercedes-Benz. Selon les observations de l’OVI, cette accélération des commandes n’est pas franchement palpable. Certainement parce que les prix de l’Euro 6 ne sont pas encore connus. “Si nous n’assistons pas à une reprise avant la fin du premier trimestre, il faudra alors s’attendre à voir le marché se diriger vers la fourchette basse”, craint Jean-Michel Mercier, directeur de l’OVI. En revanche, autre motif d’espoir, le vieillissement progressif du parc pourrait également entraîner un renouvellement des parcs ces prochains mois. “Même si la situation économique induit une baisse de l’usage des véhicules, le cycle de renouvellement doit être nourri, en particulier pour les tracteurs achetés entre 2006 et 2008, trois années fastes pour le marché”, rappelle l’OVI.

Entre 40 000 et 45 000 immatriculations

Difficile alors, dans ces conditions, d’établir une prévision chiffrée. Les experts de l’OVI se prononcent sur 42 500 unités, ceci conditionné à une reprise des commandes dans les prochaines semaines. Mais comme pour le Bipe, qui entrevoit une amplitude de - 3 % à + 3 %, l’observatoire émet plusieurs hypothèses : “Compte tenu de l’ampleur des problématiques concernées (économie, réglementation…), la tendance 2013 pourrait aussi bien nous conduire à exprimer une fourchette large comprise entre 40 000 et 45 000 unités ; 40 000 en cas de dégradation de l’économie et/ou de la situation des acheteurs potentiels, 45 000 si les hypothèses optimistes concernant l’impact de l’écotaxe et de l’Euro 6 produisaient des effets dans un terme proche”, conclut l’OVI.