Stabilité attendue pour le VUL, nouvelles difficultés pour le VI

Le marché du véhicule industriel s'est trouvé pris dans la crise. L'ensemble de la chaîne a donc été ébranlé, de la production à la distribution, du VN au VO. "L'après-vente a chuté de façon très importante au premier semestre et a commencé à se maintenir à partir de septembre. Mais le second semestre n'a pas compensé les difficultés du début d'année dernière et la baisse de -20 % en milieu d'année s'est établie à -10 % en 2009", souligne Richard Moraud, président des concessionnaires de Véhicules Industriels au CNPA, qui n'a pas ménagé ses efforts en 2009 pour alerter le gouvernement sur la nécessité de venir en aide au secteur. Il était notamment question de la mise en place de mesures incitatives d'investissements qui, aux dires de Richard Moraud, n'ont pas abouti. "Le gouvernement que nous avons d'abord alerté et ensuite sollicité tout au long de l'année 2009 a accueilli le CNPA avec beaucoup de courtoisie. Seulement, ce n'est pas avec de la politesse et de la courtoisie que le secteur va repartir. Il n'y a eu aucune avancée dans ce sens et cela n'avancera pas. L'Etat ne fera un effort que s'il y a une dimension environnementale derrière", déplore Richard Moreau. "Vis-à-vis du grand public, on imagine mal le gouvernement dire "nous allons soutenir les camions". Par conséquent, la filière n'a pas grand-chose à attendre de mesures gouvernementales", confirme, en effet, Jean-Michel Mercier.
Le ralentissement du marché des VUL (- 3,5 t) s'est établi, lui, à - 18,7 % l'an passé (373 996 immatriculations), légèrement amorti par la vente des fourgonnettes et autres petits utilitaires ainsi qu'un mois de décembre 2009 étonnamment positif (15,5 %). "L'effet prime à la casse, qui a pourtant si peu impacté le marché du VUL en 2009, a certainement eu un peu plus de poids en fin d'année, couplé à une hausse des aides des constructeurs. Mais je doute que ce retour ponctuel de fin d'année dernière corresponde à un début de relance du marché", analyse Richard Moraud.

Dès lors, sauf retournement économique d'envergure, les promesses d'une relance du marché du poids-lourd comme du VUL semblent assez peu probables en 2010. "Sans préjuger de l'évolution du marché en 2010, je doute que l'on assiste à un miracle et il faudra certainement s'attendre encore à une année de crise", note Jean-Michel Mercier qui estime qu'il "ne faut surtout pas minimiser cette crise et ne pas perdre de vue que son impact a été très fort sur le secteur. Il faut du temps pour repartir et il est bien évident que l'on ne peut pas retrouver des entrepreneurs en pleine forme en ce début d'année". Richard Moraud table sur une baisse de l'activité poids-lourd en 2010 de l'ordre de 10 % par rapport à 2009, à 33 000 unités, précisant que l'exercice à venir sera plus difficile que 2009. "Le secteur du poids-lourd est beaucoup plus à flux tendus que ne l'est le VP, et la production dans les usines ne repartira que si les commandes arrivent. Or, sur l'année 2009, le secteur est entre - 50 % et - 55 % en prises de commandes de camions. Aujourd'hui, les carnets sont vides, ce qui n'était pas le cas l'an passé à la même période", éclaire le président des concessionnaires de Véhicules Industriels au CNPA.

Des prévisions qui contrastent sérieusement avec celles fournies par le BIPE en fin d'année 2009 dans le cadre de la présentation de Solutrans. Pour la France, l'organisme anticipe une croissance des immatriculations pour les tracteurs et porteurs de l'ordre de + 3 % en 2010 ainsi qu'une progression de 7 % des immatriculations semi-remorque et remorque après un recul de 50 % en 2009. Selon le BIPE, les VUL devraient également enregistrer une reprise d'environ 3 %. En Europe de l'Ouest, il table sur une hausse de l'ordre de 8 % des immatriculations VI, tirée par la reprise industrielle et les exportations selon les scénarios optimistes des analystes économiques. Si Richard Moraud ne se montre pas aussi optimiste, il n'exclut pas cependant "une stabilisation du marché des véhicules utilitaires en 2010. Mais je doute fortement que le secteur progresse par rapport à l'an passé." Seule certitude, le marché du VUL, beaucoup plus hétérogène et qui inclut plusieurs catégories, a une probabilité de reprise plus rapide que le VI.

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Photo : Jean-Michel Mercier, directeur de l'Observatoire du Véhicule Industriel.