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Retour à la normale pour le marché belge

Publié le 6 février 2013

Par Benoît Landré
5 min de lecture
Après deux années record en 2010 et 2011, soutenues artificiellement par des mesures incitatives, le marché belge a souffert en 2012. Cette chute, attendue, n’est pas alarmante et resitue le marché à un niveau plus logique.
Vicente Loustau, directeur général de Citroën Belux.

La fête est finie. Après une croissance de 14,9 % en 2010, suivie d’une nouvelle hausse de 4,5 % en 2011, le marché automobile belge a subi un net recul de 14,9 % en 2012, à 486 737 unités. La baisse est encore plus frappante si l’on isole le mois de décembre, qui a perdu l’an passé 26 529 unités par rapport à décembre 2011, soit une chute terrible de 54 %. Une variation à la fois étonnante et logique tant le mois de décembre 2011 avait été exceptionnel. “L’exercice 2012 a, en outre, dû faire face à la suppression des primes fédérales accordées jusqu’à fin 2011 aux voitures à faibles rejets de CO2 ainsi qu’à une longue incertitude liée aux nouvelles règles relatives aux voitures de sociétés et ce, tout en devant composer avec un contexte économique guère enthousiasmant. Confrontée à ces différents éléments, la Febiac (Fédération Belge de l’Industrie Automobile et du Cycle) avait, déjà tôt dans l’année, porté à 485 000 unités son estimation du nombre de voitures neuves qui allaient être immatriculées en 2012. Une prédiction rencontrée et finalement même dépassée durant la dernière ligne droite de l’exercice 2012”, analyse la Febiac, organisatrice du salon. “Nous avons assisté à une correction du marché en 2012”, affirme de son côté Jean-Marc Ponteville, responsable des relations presse de Volkswagen. Le marché des véhicules utilitaires (- 3,5 t) n’a pas non plus été épargné, accusant au final un repli de 11,1 %, à 9 627 immatriculations.

Le marché belge bascule vers les sociétés

C’est l’un des grands enseignements de cet exercice 2012 : le mix du marché a évolué en faveur des ventes aux sociétés et aux loueurs, qui ont bien résisté l’an passé, au contraire des transactions aux particuliers qui ont fortement reculé. En 2012, le marché des sociétés a représenté plus de la moitié des volumes, alors qu’en 2010 les ventes aux acheteurs privés pesaient 57,6 %. “L’avenir se situe dans les véhicules de sociétés qui jouent un rôle positif, en facilitant notamment l’arrivée des véhicules verts. Aujourd’hui, toutes les marques, même les moins représentatives, sont solidement armées avec des départements Fleet”, observe Jean-Marc Ponteville. La marque Audi a, par exemple, commercialisé 70 % de ses volumes aux entreprises l’an passé. “Le leasing est omniprésent en Belgique par rapport à d’autres marchés européens, avec une grosse performance des marques Premium. Nous avons une pénétration qui progresse depuis cinq ans, grâce au marché des privés, mais nous restons en retrait sur le segment des sociétés. Il s’agit pour nous d’un axe de croissance très fort”, annonce Stéphane Chauville, directeur général de Nissan Belux, qui entrevoit une part de marché globale de 4,2 % d’ici 2015.

Cette inversion de tendance a fait le jeu des marques Premium qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu l’an passé, au détriment des constructeurs généralistes qui ont davantage souffert. “Porsche a battu son record en volume tandis qu’Audi a vu sa part de marché augmenter. De plus, 50 % des Golf se sont vendues dans des finitions supérieures et le Tiguan s’est très bien tenu, ce qui ne traduit pas forcément un marché en crise”, illustre Jean-Marc Ponteville. L’exercice 2012 et le changement de fiscalité ont également mis fin à la domination du Diesel et entraîné un rééquilibrage du mix en faveur des motorisations essence. “Jusqu’en septembre 2011, nous vendions 70 % de Polo en Diesel. Nous avons observé une inversion de tendance l’an passé et sommes remontés à un mix de 65 % de Polo essence”, détaille Jean-Marc Ponteville. Les énergies alternatives commencent également, petit à petit, à s’imposer dans les habitudes de consommation des entreprises et des particuliers. “Nous avions ciblé un mix de 20 % de DS5 en version hybride. Or, nous avons atteint une part de 50 %. Nous ne nous y attendions pas”, reconnaît Vicente Loustau, directeur général de Citroën Belux.

Une stabilité espérée en 2013

Conséquence logique de l’arrêt des primes fédérales, les concessionnaires ont pris le relais sur le plan commercial l’an passé via des opérations et offres très attractives. “La Belgique est un laboratoire en Europe pour l’automobile. On entend souvent dire que les filiales belges des constructeurs sont les plus exigeantes d’Europe. Il est donc naturel, dans cet environnement, d’assister à une surenchère de remises et de promotions”, explique Jean-Marc Ponteville. Cette caractéristique explique en partie la part réduite des immatriculations de VO sur le marché domestique, en particulier sur le segment des produits récents. “Il s’agit historiquement d’un marché très tactique et très agressif, influencé par les importations ainsi que les exportations. Certaines marques ont d’ailleurs beaucoup usé de cet artifice l’an passé pour augmenter leur volume de ventes”, précise Stéphane Chauville. Cette pression commerciale, qui dure toute l’année, s’exprime encore plus fortement durant la période du salon, qui donne chaque année le pouls du marché automobile. “C’est une tradition d’attendre le salon pour acheter son véhicule car les opérations commerciales sont concentrées durant cette période”, confirme Jean-Marc Ponteville, qui estime entre 20 et 25 % le volume d’activité réalisé par la marque sur ces quelques semaines. Stéphane Chauville n’hésite pas à avancer une part de 40 à 50 % du volume annuel réalisée par Nissan sur une période d’activité commerciale assez vaste, qui commence dès le mois de décembre et qui finit fin février.

En 2013, la Febiac s’attend à une stabilisation du nombre des immatriculations dans le secteur des voitures neuves avec des premières estimations se situant autour des 485 000 unités, équivalentes au niveau des chiffres constatés au cours de l’exercice 2012. “La plupart des marques sont sur la même longueur d’onde et prévoient, au mieux, un marché stable ou légèrement inférieur à 2012. Concernant le marché des utilitaires, nous nous attendons à un recul d’environ 3,5 % en 2013”, conclut Vincente Loustau, qui s’est fixé pour objectif d’élever Citroën à 9 % de part de marché cette année (VP et VUL).
 

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