La descente infernale du marché automobile français : qui sont les gagnants et les perdants
Près de 500 000 voitures perdues sur le marché automobile français entre 2019 et 2024. La chute est sévère. C'est la première fois depuis plus de vingt ans que le niveau des immatriculations reste aussi faible sur une période aussi longue. La baisse enregistrée entre 2011 et 2015, conséquence de la crise financière de 2008 et des perturbations économiques qui en ont découlé, n'a été que de courte durée. Dès 2015, le niveau des mises à la route repartait déjà au-dessus de la barre des 1,9 million de cartes grises.
En 2024, le niveau d'immatriculations s'est donc stabilisé à 1,774 million de voitures neuves et aucun indicateur ne montre d'effets qui pourraient être positifs pour 2025. Tout d'abord, le niveau des commandes reste bas, autour de -10 % par rapport à la même période en 2023. Et les incertitudes politique et fiscale en France ne permettent pas d'imaginer une reprise des intentions des ménages.
Quel niveau de marché automobile depuis 20 ans ?
Les marques françaises perdent inexorablement du terrain
Dans ce contexte, et selon la tendance étudiée depuis dix ans, les marques françaises ont largement perdu du terrain sur le marché national. Le cumul des parts de marché de Citroën, DS, Peugeot et Renault est passé de 49,6 % en 2014 à 37,1 % l'année dernière.
La chute s'est même accélérée depuis la pandémie de Covid-19, avec un décrochage en volume de Renault mais aussi de Peugeot.
Tesla chamboule le segment des marques premium
Dans les marques premium, le trublion Tesla est venu s'intégrer à la fête. Son arrivée a notamment bouleversé le trio de tête avec une fracture qui s'est opérée en 2022. Depuis cette date, le segment croît fortement sur le marché français, jusqu'à peser 14,7 %, contre 10 % en 2014, et un volume global de plus 251 000 exemplaires vendus.
Certes, les variations de tarifs, notamment de ses Model 3 et Y, expliquent largement cette prise de parts de marché, dont le positionnement pourrait parfois faire douter de son ambition premium. Mais il n'empêche, en 2023, Tesla enregistre 63 041 immatriculations profitant encore à plein du bonus écologique sans restriction. Une année historique qui, bien sûr, ne s'est pas renouvelée en 2024 avec la mise en place de l'écoscore environnemental comme condition essentielle pour l'obtention de ce bonus.
Mais au-delà du phénomène Tesla, le fait marquant du segment premium reste l'envolée de la marque BMW, avec 67 147 mises à la route en 2024 et une part de marché de 3,9 %. Pendant plus de dix ans, le trio de concurrents, BMW, Mercedes et Audi, se tenait dans un mouchoir de poche chaque année. BMW fait désormais la course en tête avec un écart de plus de 15 000 voitures avec son rival de toujours : Mercedes.
La progression ininterrompue de Toyota
Le reste du marché se compose donc essentiellement des marques généralistes importées dont le bonheur est loin d'être linéaire. Sauf pour Toyota, dont la progression sur le marché français est linéaire. La marque dispose désormais d'une part de marché de 7,4 %, juste derrière Dacia, qui s'affiche à 8,4 %. Dans ce cumul de marques, nous avons volontairement intégré Dacia. Un choix arbitraire, qui peut être contesté, mais démontre également sa puissance de feu sur le marché français.
Toyota a même doublé son volume de vente par rapport à 2014. Dacia l'a fait croître de plus de 40 %. Mais contrairement au segment premium, cette prise de part de marché s'est réalisée au détriment d'autres marques importées. Fiat, Ford, Nissan, Opel en ont notamment fait les frais depuis ces dix dernières années.
Hyundai et Kia restent dans un mouchoir de poche et conservent une certaine stabilité autour de 45 000 unités.
Skoda a également doublé son volume en enregistrant 44 501 unités en 2024. Volkswagen, de son côté, n'a toujours pas retrouvé son volume d'avant 2019.
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