...fois, c'est officiel : Volvo devrait bientôt être la propriété de Geely, premier constructeur privé chinois. En effet, bien que Ford et Geely aient annoncé avoir trouvé un accord le 23 décembre dernier, la signature définitive de la vente de Volvo ne devrait se faire qu'au cours du 1er trimestre. Bien que le montant de la transaction n'ait pas été dévoilé, le constructeur chinois devrait débourser 2 milliards de dollars selon la presse scandinave. Geely, petit constructeur chinois avec une capacité de production proche de 300 000 unités, s'est donc offert plus gros que lui et surtout de nombreuses technologies de pointe. Pour un analyste de RL Polk interrogé par l'AFP, "cela constitue un véritable atout pour Geely, car les constructeurs chinois ont quand même du retard." Un transfert de technologie qui suscite toutefois de nombreuses inquiétudes. Et la presse suédoise n'est pas tendre. Elle parle d'un "saut dans l'inconnu", du risque de "vider la marque de sa substance", etc. Le patron de Geely,
Li Shufu, s'est immédiatement montré rassurant en annonçant que la ligne de production actuelle de Volvo, ses capacités de R&D, les accords syndicaux et les réseaux commerciaux seront maintenus tels quels. Pour un haut responsable du groupe chinois, cité par une agence chinoise, l'arrivée à la présidence de Volvo de Li Shufu sera le seul changement. Pour un analyste pékinois, "Volvo restera Volvo, la meilleure qualité reconnue dans le monde. La qualité des voitures ne sera pas entachée, car Geely est parfaitement conscient de cette force."
Les constructeurs chinois poursuivent donc leur marché. Après Hummer dont la vente au groupe Tengzhong n'a toutefois pas encore été validée par Pékin, Saab dont certains actifs ont été rachetés pour 200 millions de dollars par BAIC, voilà Volvo en route vers l'Empire du Milieu. Pour
Mei Songlin, responsable des études chez JD Power Asia-Pacific, "l'acquisition de marques étrangères est l'un des moyens pour développer une compétitivité mondiale." Car si jusqu'ici l'industrie automobile chinoise s'inquiétait principalement de son marché intérieur, son intérêt pour le reste du monde va aller grandissant. Et certains investisseurs internationaux ne s'y sont pas trompés. Ainsi, Warren Buffet est entré dans le capital de BYD en 2008 et plus récemment Goldman Sachs a acheté pour 250 millions de dollars d'obligations convertibles dans… Geely. Les constructeurs chinois achètent beaucoup mais savent également bien vendre leur potentiel.
FOCUS
Volvo en chiffres
La première automobile Volvo est sortie des chaînes de l'usine de Lundby le 14 avril 1927. La marque suédoise va grandir, se forgeant une image de fiabilité et de solidité, jusqu'à devenir une filiale du groupe Ford en 1999. Le constructeur américain avait alors déboursé 6,4 milliards de dollars. Aujourd'hui Volvo emploie 22 000 personnes à travers le monde dont près de 17 000 en Suède. En 2008, la marque a vendu 374 297 unités. Sa production s'est établie à 366 249 dont 177 929 en Suède, 181 425 en Belgique, 5 811 en Chine, 610 en Thaïlande et 474 en Malaisie.
Geely en chiffres
Le groupe Zheijiang Geely Holding prend ses racines en 1986, lorsque Li Shufu, son patron, s'intéresse à l'électroménager. Le groupe se lance dans l'automobile en 1997. Il emploie aujourd'hui 12 000 salariés dont 1 600 ingénieurs. Geely gère 6 usines d'assemblage en Chine d'une capacité annuelle de 300 000 unités. La marque possède également un réseau de 500 concessionnaires et de 600 stations-service dans le pays. Il dispose aussi d'implantations en Ukraine, Russie et Indonésie. A fin novembre 2009, Geely avait vendu environ 250 000 unités. |
Photo : La gamme DRIVe de Volvo représente l'une des technologies aujourd'hui disponible, mais le constructeur travaille sur l'électrique et bien évidemment sur la sécurité dont la prochaine S60 sera le prochain étendard.