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Constructeurs

Volvo change de mains

Publié le 9 avril 2010

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Comme attendu, Volvo est passé sous pavillon chinois. Geely devient le nouveau propriétaire du constructeur suédois pour 1,3 milliard d'euros. Après Land Rover, Jaguar et Aston Martin, Ford semble en avoir terminé avec...
...les cessions.

En 2009, les entreprises chinoises ont fait leur marché sur la planète entière en déboursant pas moins de 32 milliards d'euros pour racheter nombre de sociétés. Si, bien souvent, ces acquisitions se concentrent sur des matières premières et leur exploitation, comme notamment en Australie où des sociétés chinoises ont racheté 58 entreprises pour 10,7 milliards de dollars US, les autres secteurs n'échappent pas à la règle. Dans un passé récent, l'enseigne Marionnaud, spécialiste en parfumerie, est devenue propriété du groupe chinois AS Watson, le canadien Addax Petroleum est entré dans le giron de Sinopec, le premier raffineur d'Asie, etc. La liste serait trop longue. Dans l'automobile, le rachat de Volvo n'est pas une première mais presque. En effet, jusqu'ici, des constructeurs chinois avaient simplement acheté des "morceaux", comme BAIC et SAIC par exemple, qui ont acquis des actifs de Rover ou de Saab. Là, comme attendu depuis fin 2009 (voir JA n° 1102 p. 10), Volvo est donc complètement passé sous pavillon chinois le 28 mars dernier. A l'image de Jaguar et Land-Rover passés sous le contrôle de Tata en 2008 (JA N° 1040 du 04/04/2008).

L'avenir se lève à l'Est


Li Shufu
, président de Zhejiang Geely Holding Group, l'assure : "Nous sommes heureux d'avoir conclu cet accord avec Ford, grâce auquel nous pourrons sauvegarder et renforcer l'héritage de Volvo. (…) Cette célèbre marque suédoise haut de gamme demeurera fidèle à ses valeurs intrinsèques de sécurité, qualité, respect de l'environnement et design scandinave moderne. (…) Volvo Cars sera une entreprise distincte avec sa propre équipe de direction basée à Göteborg, en Suède, et un nouveau conseil d'administration." Cette transaction va permettre à Ford de récupérer 1,8 milliard de dollars (plus de 1,3 milliard d'euros), dont 1,6 milliard en cash. Cela vient s'additionner aux 2,3 milliards de dollars versés par Tata en 2008 pour Jaguar et Land-Rover et aux 700 millions d'euros perçus pour Aston-Martin en 2007 (JA n° 995 du 23/03/2007). Pour mémoire, Ford avait payé Volvo Cars 6,4 milliards de dollars en 1999. Interrogé sur le prix de la transaction, Lewis Booth, directeur financier de Ford, a simplement répondu qu'il était "juste" et a affirmé que son groupe était "heureux de l'accord." Même Glenn Magnusson, président du syndicat Ledarnas, s'est déclaré satisfait. Ce dernier, comme les autres représentants syndicaux, a rencontré les dirigeants de Ford et Geely et tous ont "obtenu des réponses à leurs questions."

Dernier clou au cercueil du PAG…

"Je vois Volvo comme un tigre" a imaginé le président du groupe chinois, et ce dernier veut "libérer ce tigre". "Le cœur du tigre se trouve en Suède et en Belgique, mais sa puissance doit être projetée partout dans le monde et je vois la Chine comme un des marchés où Volvo doit montrer sa capacité à lâcher les chevaux." Pays où le président de la holding envisage de construire une nouvelle usine, près de Pékin ou de Shanghai, entièrement dédiée à la marque suédoise. Li Shufu veut ainsi tirer le meilleur de la croissance du premium en Chine, qui devrait plus que doubler dans les cinq années à venir en passant de 300 000 unités aujourd'hui à plus de 650 000.

La vente de Volvo vient clôturer l'aventure du PAG, du Premium Automotive Group. En effet, au début des années 2000, Ford avait rassemblé sous cette entité ses marques premium qu'étaient Jaguar, Land-Rover, Volvo et Aston Martin. Faute de résultats et une crise plus tard, plus aucune de ces marques n'est aujourd'hui dans le giron de l'américain. Le groupe américain a donc vu son périmètre largement évoluer cette dernière décennie, puisqu'il a également vendu, en 2002, Kwit-Fit (maison mère de Speedy) ou encore Hertz, en 2005, le loueur un temps devenu filiale (à partir de 1997).
Reste le cas Mazda. Bien que Ford ne détienne plus que 13 % du constructeur nippon après avoir vendu 20 % à l'automne 2008, le partenariat entre les deux constructeurs n'est pas remis en cause.

Photo : Li Shufu, président de Zhejiang Geely Holding Group Company Ltd et Lewis Booth, directeur financier de Ford Motor Company, lors de la signature, le 28 mars dernier
en Suède.

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