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Constructeurs

Vincent Salimon, BMW Group : "Relancer la machine en respectant les mesures sanitaires"

Publié le 23 avril 2020

Par Catherine Leroy
6 min de lecture
Dès le 11 mai 2020, le réseau de distribution BMW sera prêt pour reprendre complètement l'activité. Le compte à rebours a commencé. Vincent Salimon, président du groupe BMW en France, nous dévoile le plan de reprise de l'activité.
Vincent Salimon, président du groupe BMW France.

 

JA : Comment se porte le réseau après presque 6 semaines d’arrêt d’activité ?

V.S. : Tout d’abord, je tiens à préciser que notre réseau est solide. Dès le 16 mars 2020 au matin, en lien avec Christian Mery, président du groupement des concessionnaires BMW, nous avons conseillé aux distributeurs de ne pas ouvrir les showrooms aussi bien pour la distribution de véhicules que de motos d’ailleurs. Ce qui a logiquement ralenti l’activité livraison. Mais pendant le confinement, le réseau a assuré une astreinte dans environ 90 % des points de vente pour assurer la mobilité des personnels essentiels. Beaucoup d’efforts ont été faits, et je tiens à saluer l’ensemble des initiatives prises par notre réseau. Nous avons assisté à un véritable élan de solidarité et il faut le souligner. En revanche, et cela tient sans doute à notre mix d’immatriculations, nous enregistrons encore de l’activité au niveau des entreprises et des grands comptes qui ont continué à passer des commandes via les loueurs de longue durée.

 

A combien estimez-vous les pertes enregistrées par les distributeurs ?

Pour l’instant, nous sommes en ligne avec les chiffres avancés par le CNPA, c’est-à-dire une baisse de plus de 60 % côté vente et de près de 85 % pour l’après-vente. Mais au final, tout va dépendre de la capacité du réseau à récupérer tout ou partie du business dans les prochains mois. Je pense sincèrement que l’activité après-vente pourra l’être, car les clients continuent de circuler et beaucoup d'entre eux font partie des professions essentielles liées à la santé, au commerce… De plus, les voitures qui n’ont pas roulé pendant la période de confinement vont revenir aux ateliers. Je suis donc assez confiant sur l’après-vente, si le cadre social et juridique nous permet de travailler. Côté vente, je suis assez en phase avec les prévisions de marché déjà évoquées qui se situent entre -20 % et -30 % sur l’année 2020.

 

Allez-vous prolonger les mesures de soutien au réseau qui consistaient en un allongement de la période de portage ?

Nous allons bien sûr continuer d'accompagner notre réseau car un constructeur a absolument besoin de ses partenaires de distribution. Nous avons effectivement mis en place certaines mesures comme le report de la période de portage, qui se situe dans la moyenne du marché, c’est-à-dire autour de 90 jours ou encore la garantie de rémunération. Mais le réseau ne doit pas non plus compter uniquement sur son constructeur, dont la mission est également de poursuivre ses investissements que ce soit pour les normes d’émission, le développement de l’électromobilité… Les distributeurs doivent aussi discuter avec leurs banques et je pense notamment au prêt garanti par l’Etat, qui est indispensable. Aujourd’hui, 70 % des distributeurs l’ont demandé et les autres attendent un peu plus de visibilité lors de la reprise de l’activité.

 

Quels enseignements tirez-vous de l’utilisation des outils digitaux pendant la fermeture des concessions ?

Beaucoup de moyens ont été déployés durant le confinement et il est intéressant de noter que le trafic est resté aussi important pendant la fermeture des concessions qu’avant l’état d’urgence sanitaire. Cela signifie que les clients veulent garder le contact avec la marque ne serait-ce que pour connaître son engagement en terme de solidarité. Nous avons par exemple délivré des kits de protection dans le Bas-Rhin, mais aussi à la ville de Tigery, où est implanté l’un des centres logistiques de pièces de rechange et d’accessoires du groupe, qui a poursuivi son activité. On peut également citer l’initiative de prêt d’une flotte de véhicules à Driving Evolution, dont les chauffeurs transportent le personnel soignant venu de province en renfort dans les hôpitaux parisiens. Sans oublier bien sûr notre blog BMW Inside qui permet aux consommateurs de découvrir ou de mieux appréhender l’univers BMW pendant la fermeture de nos concessions.

 

Quelle organisation envisagez-vous pour la reprise de l’activité ?

Du côté de la filiale, la reprise est programmée progressivement entre la mi-mai et la fin du mois de juin, tout en favorisant le télétravail que nous avons mis en place dès le lundi 16 mars 2020. Côté réseau, nous avons également élaboré un retroplanning avec un protocole sanitaire strict. BMW va fournir les masques et le réseau gère les autres protections. Notre objectif est de relancer la machine dans le respect des gestes barrières. Les deux-tiers du réseau sont déjà prêts avec des capacités d’accueil en après-vente, sur rendez-vous, tous les matins voire davantage, mais aussi pour les livraisons de véhicules neufs ou d’occasion. Nous allons recontacter tous les clients pour leur donner les clés de leur voiture commandée.

 

A quelle date prévoyez-vous une réouverture totale ?

Dès le 11 mai, il faudra être prêts. Les niveaux de stocks sont sensibles mais c’est plutôt un avantage. Je pense que la crise sanitaire va renforcer la mobilité individuelle. Les notions de distance vont également changer et je suis persuadé que les Français vont privilégier leur voiture pour les distances comprises entre 500 et 800 km au détriment du train. Le niveau de stock permettra le prêt-à-livrer.

 

Beaucoup de distributeurs craignent une période difficile vers l'automne. Partagez-vous leur inquiétude ?

Tout le monde devra faire des efforts et chacun doit prendre ses responsabilités, comme je vous l'ai dit précédemment. De la même manière que la filiale en France le fait en imposant par exemple un nombre de jours de vacances. Nous aidons également les distributeurs en mettant en place un groupe de travail qui va identifier dans les concessions toutes les sources d'économies qui ne vont pas entraver le commerce, comme les programmes de formation, les standards de marques. Mais il faut bien savoir que 50 % des coûts d'une concession sont constitués de la masse salariale. 

 

Etes-vous favorable à un plan de relance pour l'automobile ?

C'est certain, il faudra accompagner la reprise. Toutes les forces en présence dans notre secteur (le CNPA, la Csiam...) sont soudées pour travailler avec le gouvernement. Mais sous quelle forme ce plan devra-t-il exister ? Difficile à dire mais il faut qu'il soit simple pour les Français, rapide et donc accessible dès la levée du confinement pour assurer la pérennité de nos entreprises. 

 

Etes-vous favorable à un assouplissement de la réglementation des normes CAFE ou encore de la mise en place de la norme euro 6d full au 1er janvier 2021 ?

Nous serons prêts dans tous les cas. Même si les immatriculations sont baisse notre mix de vente par énergie est bon. Sur le premier trimestre, nous enregistrons 14 % de nos mises à la route en véhicules électrifiés. Nous sommes confiants. 

 

Quels enseignements tirez-vous de cette crise ?

Personne n'avait envisagé de vivre une telle période. C'est un traumatisme inédit que nous devons surmonter. Mais je pense que nous en sortirons encore plus forts car nous aurons appris à travailler différemment. En peu de temps, nous avons développé des outils digitaux de livraison, d'informations techniques pour les clients. Les relations humaines sont également renforcées. Si nous ne pouvons plus nous serrer la main, nous savons nous serrer les coudes !

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