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Constructeurs

Véhicules étendus : Bruxelles veut élargir l'accès des données

Publié le 21 mai 2018

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
La Commission européenne vient d'annoncer qu'elle pourrait mettre en place une réglementation relative aux véhicules dits "étendus", si l'accès aux serveurs d'hébergement des données n'était pas suffisamment ouvert par les constructeurs.
Un véhicule dit "étendu" (Extended vehicle) est un véhicule connecté, dont les données ne sont pas logées au sein même du véhicule, mais à l'intérieur d'un serveur aujourd'hui maîtrisé par les constructeurs.

 

C'est une guerre qui fait peu de bruit que se livrent actuellement les constructeurs, d'un côté, et les réparateurs, assureurs, équipementiers, de l'autre côté, sur le sujet de l'accès aux données des véhicules étendus. Concrètement un véhicule étendu – dont le concept est apparu en 2014 – est un véhicule connecté dont les données ne sont pas logées au sein même du véhicule, mais sur un serveur, aujourd'hui maîtrisé par les constructeurs.

 

Le 17 mai 2018, la Commission européenne, dans une communication adressée au Parlement européen, a semble-t-il entendu la demande de ce dernier de publication d'une proposition législative "qui assure des conditions équitables en ce qui concerne l'accès aux données et ressources présentes à bord du véhicule, protégeant le droit des consommateurs et favorisant l'innovation et la concurrence équitable".

 

Se basant sur une étude, Bruxelles reconnaît que la "centralisation des données présentes dans les véhicules, sur des serveurs de plateformes de données, mis en place par différents constructeurs de véhicules, ne pourrait pas en soi être suffisante pour assurer une concurrence équitable et non faussée entre prestataires de services". Ainsi, la Commission européenne assure-t-elle qu'elle "continuera de surveiller la situation en ce qui concerne l'accès aux données et ressources présentes à bord des véhicules, et examinera d'autres options pour mettre en place un cadre permettant le partage des données de manière à garantir une concurrence équitable dans l'offre de services".

 

Manifeste pour une libre concurrence des services

 

Cette communication intervient quelques jours après un manifeste signé par onze organisations professionnelles, dont le Cecra, la FIA, la Figiefa, Leaseurope... "Le risque est immense, souligne un spécialiste du secteur et partie prenante des discussions. Nous ne pouvons accepter que la mobilité soit aux mains de quelques acteurs. Le projet de norme pour les véhicules étendus a permis de conserver la prise OBD, mais comment faire pour communiquer avec le serveur du constructeur, comment et sur quoi allons-nous pouvoir l'interroger ?"

 

Pour ce professionnel, les risques d'un accès limité aux données du véhicule sont énormes. Tout d'abord, il est fort probable que le système embarqué du véhicule puisse orienter le conducteur vers le réseau d'entretien du constructeur, que ces données ne soient pas utilisables par des tiers, que seul le constructeur puisse les transformer en services et que seul le constructeur encore puisse communiquer avec l'automobile.

 

"Le modèle du véhicule étendu est dangereux car il place la mobilité mondiale aux mains d'une vingtaine de constructeurs. D'un point de vue technique, la concentration des accès entraîne également une concentration des risques. Enfin, l'innovation pourrait être limitée si seuls les constructeurs en sont à l'origine", poursuit ce spécialiste.

 

Le libre choix du consommateur n'est pas le seul en cause dans ce manifeste, mais aussi la libre concurrence des services qui seront proposés et estimés, selon une récente étude de Strategy&analysis, à 155,9 milliards de dollars en 2022.

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