Un loup dans la bergerie
A l’image du groupe, Volkswagen Utilitaires a enregistré de bons résultats en 2010 et participe naturellement à la volonté de leadership à l’horizon 2018. Avec plus de 435 000 unités écoulées l’année dernière, la marque a enregistré une croissance de 22,8 %. Depuis 2003, la croissance des volumes atteint même 89 %, passant de 229 000 à 435 000 ventes. De la 7e place du marché européen à la 1re depuis 2007. Toutefois, cette place de leader européen, notamment vis-à-vis de Renault, appelle une explication. En effet, Volkswagen n’inclut pas dans son calcul les dérivés sociétés de VP (Golf ou Clio société) mais y comptabilise les VP dérivés de VUL (Caddy VP ou Kangoo VP). Une nomenclature qui repose sur l’origine du produit et non sur la seule carte grise. Ceci étant, quelle que soit cette place, le constructeur n’envisage toutefois que la croissance, y compris dans l’Hexagone.
3,25 millions de pick-up vendus dans le monde
Naturellement, l’année 2010 a été bien meilleure pour la filiale française, comme nous l’explique Antoine du Cluzel dans l’entretien ci-contre. Pour lui, la performance 2010 a permis d’effacer la crise pour revenir à 13 311 livraisons tout en évitant une guerre des prix et en conservant des prix de transaction plus élevés que les concurrents. Pour appuyer cela, le directeur détaille la structure du marché : 70 % du marché français du VUL se fait sur de l’entrée de gamme et donc sur un prix, et dans ce domaine, Volkswagen n’est pas le mieux disant et ne représente que 1,7 % du marché. En revanche, sur ce qu’il considère comme le “Premium” du VUL (au-delà d’une puissance de 130 ch), la marque affiche 8,5 % de pénétration. Un chiffre qui devrait encore s’améliorer avec l’arrivée de l’Amarok.
Vu de France et même d’Europe, la nécessité d’un pick-up dans la gamme n’apparaît pas comme une évidence avec des ventes totales qui se limitent à environ 100 000 unités sur les marchés occidentaux et comprises entre 8 500 et 10 500 unités en France ces dernières années. Mais à l’échelle mondiale, ce type de véhicule représente plus de 3,25 millions d’unités par an dont près de 500 000 en Amérique du Sud. On comprend donc mieux pourquoi Volkswagen veut être présent sur ce marché et pourquoi cet Amarok est produit en Argentine dans l’usine de Pacheco. Il sera également produit à Hanovre à partir de 2012 afin d’alimenter l’Europe et dégager encore plus de volumes pour l’Amérique du Sud, le marché prioritaire. A cette date, en Europe, arrivera également le simple cabine qui pourrait représenter 5 à 10 % des ventes françaises. Ainsi armé, sur un marché où Toyota et Nissan représentent 60 % des ventes avec leur Hilux et Navarra, Volkswagen n’entend pas révolutionner l’existant mais s’installer durablement sur le podium des ventes avec 1 200 unités par an.
Pour tous les goûts et les usages
Si, pour certains produits, la cible est facilement identifiable, pour les pick-up cela est plus délicat car le panel de clients est à l’image des possibilités qu’offre le produit : très large. Cependant, l’univers des professionnels, de l’artisan aux grands comptes tels EDF, dominera sans doute le mix. Un mix produits qui devrait, lui, être dominé, à plus de 90 %, par les versions 4x4 ne laissant que 6 à 7 % à la version 4x2, propulsion, souvent recherchée par ceux qui privilégient la charge utile. Cette dernière peut atteindre 1 137 kg avec l’option 5 lames (au minimum 663 kg en 3 lames de série pour un 4Motion). Le plateau arrière peut accueillir une palette européenne dans sa largeur alors que la concurrence le fait sur sa longueur. La version simple cabine pourra en accueillir deux selon le constructeur. Sous le capot, l’Amarok offre un 2.0 TDi 122 ch mais surtout un 2.0 Bi TDi de 163 ch. Une mécanique offrant 400 Nm de couple que nous avions déjà découvert sur le T5 il y a quelques mois. Disposant de tous les raffinements techniques du moment, ce bloc permet à l’Amarok d’offrir des performances de premier plan avec des consommations maîtrisées. Ainsi, qu’il soit en propulsion ou en 4Motion, la consommation mixte annoncée varie entre 7,6 et 7,9 l/100. Même si dans la réalité, chargé notamment, elles seront plus importantes, ces valeurs restent raisonnables dans l’optique d’un coût global d’utilisation, cher aux professionnels. Par ailleurs, l’Amarok étant un utilitaire, il n’est pas soumis à l’éco-taxe, ni à la TVS et offre d’autres avantages fiscaux notamment sur les conditions d’amortissement ou encore la déduction de la TVA sur le carburant.
Pour ceux qui optent pour une version 4x4, deux choix de transmissions sont possibles : un 4x4 permanent, une première sur ce segment, et un enclenchable avec boîte de transfert. Le premier système cache un différentiel central, type Torsen, fabriqué par Magna, offrant une répartition de 40/60 entre les essieux avant et arrière. Si besoin, la répartition peut atteindre, au maximum, 80 % à l’arrière et 60 % à l’avant. Dans tous les cas cela reste transparent pour le conducteur. En revanche, ce n’est plus le cas avec le 4Motion enclenchable. Ici, l’Amarok gagne une boîte de transfert offrant logiquement 3 modes. Le pick-up peut alors être en propulsion, en 4x4 long ou en 4x4 court pour des franchissements. Un blocage du différentiel arrière est également disponible sur les deux transmissions.
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L'AMAROK EN BREF
Date de lancement : mars 2011
Segment : Pick-up : 8 500 à 10 500 en France. 94 000 en Europe.
3,25 millions dans le monde.
Objectif : 1 200 unités en année pleine.
Principaux Concurrents de l’Amarok 2.0 Bi TDi 163 Trendline 4Motion (34 470 €) :
Mitsubishi L200 2.5 TD 178 ch Club Cab Intense 29 100 €
Nissan Navarra 2.5 dCi 190 ch KingCab SE : 29 190 €
Toyota Hilux 2.5 D-4D 144 ch Double Cab Légende : 29 350 €
Izuzu D-Max 4x4 Space Cab TDi164 LS : 29 888 €
Prix TTC :
de 26 480 à 34 130 € - 2.0 TDi 122 ch
de 32 560 à 36 280 € - 2.0 Bi TDi 163 ch
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QUESTIONS À
Antoine du Cluzel,
directeur Volkswagen Utilitaires
"27 000 unités à l'horizon 2016"
Journal de l’Automobile. Quels sont vos objectifs pour l’Amarok ?
Antoine du Cluzel. L’Amarok est un peu la cerise sur le gâteau pour Volkswagen Utilitaires car il ne vient remplacer aucun produit. Dans ce contexte, notre objectif est avant tout de faire de l’image même si les volumes seront non négligeables et vont nous permettre de toucher une nouvelle clientèle. En année pleine, nous pensons écouler environ 1 200 unités. Au double cabine, qui représentera la grande majorité des ventes, il faudra ajouter, dès 2012 et la production de l’Amarok à Hanovre, le simple cabine. D’ailleurs pour ce dernier, nous allons développer des versions carrossées avec, par exemple, des configurations benne, nacelle ou frigorifique.
JA. Allez-vous déployer une approche spéciale pour ce nouveau produit avec notamment de la formation réseau ?
AD. La formation du réseau est déjà faite. En décembre dernier, nous l’avons convié au Château de Lastours, dans les Corbières, pour des formations sur le produit afin qu’il juge de ses capacités sur le terrain. Puis nous avons également dispensé de la formation technique mais aussi sur la concurrence et enfin examiné avec lui l’aspect “reprises” sur les ventes d’Amarok.
JA. Quels sont les objectifs globaux de Volkswagen Utilitaires en France pour l’année 2011 ?
AD. En 2010, nous avons effacé la crise, nous sommes revenus dans le vert avec une progression de 30 %. Pour cette année, nous avons un objectif de 16 000 livraisons qui se compare aux 13 311 de 2010. Après les trois premiers mois de l’exercice, nous sommes légèrement en avance.
JA. Dans votre plan stratégique Utilitaires 2016, la France aura bien évidemment à apporter sa quote-part à la croissance attendue. Quel volume devez-vous viser à cette échéance ?
AD. A l’horizon 2016, nous souhaitons représenter 6,5 % du marché français. Nous l’imaginons en croissance, ce qui représenterait un volume de 27 000 unités.
JA. Comment se porte votre réseau ? Etes-vous satisfait de son maillage ?
AD. Le réseau a vécu une année 2010 infiniment meilleure que l’année 2009 avec une rentabilité de l’ordre de 0,8 % contre - 0,6 %. Un bon résultat mais ce n’est pas encore suffisant. D’une manière générale, le niveau de rentabilité tient davantage de la qualité du management que du type de marques adossées à Volkswagen Utilitaires. Quant au maillage, avec 184 points de représentations, nous couvrons bien le territoire et nous allons plutôt nous attacher à améliorer sa qualité ainsi que son exclusivité. De 43 sites dédiés aujourd’hui, nous souhaitons passer à une cinquantaine.
JA. Un Amarok double cabine HighLine est finalement plus proche d’un VP que d’un VUL. Si un client se rend chez Volkswagen et non chez Volkswagen Utilitaires ?
AD. Lors du dernier Mondial, vous avez effectivement vu l’Amarok exposé à côté de la Passat. Il devrait en être ainsi dans la majorité des cas avec des passerelles entre les marques. Lorsqu’un même groupe les représente, ce n’est pas compliqué. Dans le cas contraire, nous nous arrangeons pour que les deux distributeurs se parlent et travaillent en bonne intelligence.
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