Twingo : un coin du voile se lève
“Derrière l’Histoire, il y a les sentiments”, écrivit Lucien Febvre et c’est heureux que la direction de Renault redécouvre cette dimension des choses. En effet, le discours sur la qualité, les marges ou le Premium au-delà de 15 000 dollars (sic) était recevable, mais avait bien des limites, surtout avec des produits désincarnés, pour dire le moins, et surtout vis-à-vis du client, certes fourmi luthérienne ces temps-ci, mais encore cigale latine pour un achat toujours aussi émotionnel et important. Renault joue à nouveau la carte de la séduction et Alpine, Zoé ou Captur témoignent déjà de cette salutaire fonte des glaces. Avec Twin’run, Renault se montrait même un brin provocateur, comme le reconnaît Laurens Van Den Acker : “Avec ce moteur de 300 ch en position arrière, nous avons lâché les chevaux ! L’idée était bien de trouver un petit grain de folie”.
La marque doit redevenir lifestyle
Le numéro de charme se poursuit avec Twin’z, un concept-car épuré, mais riche en confluences. D’une part, Renault a choisi la Triennale de Milan pour le dévoiler, une démarche dans l’air du temps comme en témoignait la présence de nombreux autres constructeurs. Une démarche prolongée par le choix du bleu, couleur incontournable des collections du moment, qu’il soit roi, Majorelle, marine ou Klein. Un bleu réjuvéné et rehaussé de jaune dans une veine basket Adidas ou Puma, qui n’est pas sans rappeler la tenue Diadora de “Guga” Kuerten à Roland-Garros 1997, la mode étant un éternel recommencement. D’autre part, Renault a fait appel à Ross Bellegrove, star mondiale du design, pour traiter l’habitacle. Pour un résultat moderne, ultra-connecté et faisant de l’habitabilité et des matériaux une priorité. Les sièges “catamaran” avec leur dossier-sculpture sont une œuvre d’art à part entière. Même si Ross Bellegrove n’est guère connu du grand public, Laurens Van Den Acker n’exclut pas catégoriquement “une série limitée et d’autres coopérations à l’avenir”. Mais il mise surtout sur cette signature pour remettre Renault dans l’espace happy few des leaders d’opinion faiseurs de tendances. Et de citer “le magazine Wallpaper comme référence, dans l’optique de bénéficier ensuite d’un effet de halo lifestyle”.
Le poids du mythe R5
Au niveau du design extérieur, l’équation proposée par Twin’z est plus complexe qu’il n’y paraît. Au départ, on trouve la réinterprétation du mythe R5, un sujet qui a donné bien des cheveux blancs à Laurens Van Den Acker et ses équipes : “Au début, je n’aimais pas trop cette idée et nous étions tous un peu embarrassés… Qu’en faire ? Nous ne voulions pas de revival et il était hors de question de reprendre formellement la R5 ligne par ligne. Il y a eu plusieurs copies et au final, nous avons voulu démontrer qu’un petit véhicule pouvait encore être iconique aujourd’hui”. L’ADN de la R5 se retrouve principalement au niveau des larges épaules à l’arrière du véhicule. Un exercice traité avec une roide précision, à la Audi, benchmark du marché. Par ailleurs, Twin’z emprunte sous certains angles des faux airs de Fiat 500 et il ne faut pas y voir un manque d’imagination, mais une volonté d’ancrer l’identité du concept dans l’univers des fashionistas. En effet, Twin’z préfigure la future Twingo 5 portes qui sera produite à partir du printemps 2014 en Slovénie, aux côtés de la smart Forfour. Ces deux véhicules partagent la plate-forme “Edison”, à moteur arrière, qui sera aussi utilisée pour la smart Fortwo. Selon l’état d’éclosion du marché, une version électrique pourrait être proposée.
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