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Constructeurs

Toyota lance son “Made in France” en Amérique

Publié le 4 juin 2013

Par Romain Baly
6 min de lecture
Fier d’un succès qui ne se dément pas, le site valenciennois de Toyota qui produit la Yaris exporte désormais sa citadine sur le marché nord-américain. Signe d’un savoir-faire certain et d’une confiance toujours plus grande de la marque envers son usine hexagonale.
En année pleine, l’usine devrait produire 25 000 Yaris à destination de l’Amérique du Nord.

Entre Toyota et son usine française, la relation est au beau fixe. Alors que TMMF (Toyota Motor Manufacturing France) possède déjà l’exclusivité de la production non nippone de la Yaris, le site de Valenciennes se voit désormais confier la tâche de produire cette même citadine à destination du marché nord-américain. Un marché hautement symbolique pour le premier constructeur mondial tout autant que pour TMMF, dans la mesure où très peu de constructeurs étrangers misent sur leurs usines européennes pour s’y attaquer. Comme l’a souligné son président, Makoto Sano, cette décision “est une nouvelle preuve de l’excellence du site de Valenciennes. Nous sommes fiers d’être considérés comme un acteur d’importance au sein de l’organisation globale de Toyota”.

“Un signe fort de compétitivité”

Plus qu’un signe de confiance, ce choix met en lumière le travail réalisé depuis douze ans par le site nordiste. Acteur incontournable du développement de la marque en Europe et désormais dans le monde, Valenciennes possède aujourd’hui des atouts qui lui permettent de rivaliser avec ses alter egos japonais. Des atouts que Didier Leroy, président et CEO de Toyota Motor Europe, a tenu à mettre en avant auprès du management de la marque : “Le début des exportations de la Yaris vers l’Amérique du Nord est un signe fort de la compétitivité de TMMF. A Valenciennes, la logistique et la présence d’une main-d’œuvre qualifiée capable d’exécuter des opérations complexes sont aussi des facteurs clés de succès.”

15 % de pièces nouvelles

Après avoir investi près de 10 millions d’euros pour modifier ses chaînes de production, le site a débuté le 6 mai dernier l’exportation de cette Yaris “américaine” vers les Etats-Unis, le Canada et Porto-Rico. Si d’apparence, rien ne change, la citadine se voit créditée de 500 nouvelles pièces (15 % du total) – condition indispensable pour s’adapter à la réglementation locale – et se trouve produite exclusivement en version essence, là encore pour coller aux coutumes du marché. A termes (en année pleine), elle sera fabriquée à 25 000 exemplaires, soit 10 % de la production annuelle et un mois de travail de l’usine valenciennoise. Plus que pour l’importance du marché nord-américain, cette vague d’exportation est aussi une “opportunité de conserver un niveau de production soutenu”, explique Makoto Sano. A l’image de tous ses concurrents, TMMF se trouve aujourd’hui confronté à un marché automobile européen toujours plus bas. Cet apport, associé à la fabrication encore récente de la Yaris Hybride (qui représente 20 % et deux mois de l’activité annuelle de l’usine), permet de stabiliser la production du site à un niveau élevé. Celui-ci peut d’ailleurs envisager l’avenir sereinement.

Une Yaris “Origine France Garantie”

Aujourd’hui, les ventes de la citadine représentent 40 % du total de la marque en France et se voient renforcées par la motorisation hybride plébiscitée par un acheteur sur trois. A l’heure du “acheter français” et pour que ce succès perdure, la Yaris peut désormais se vanter d’avoir reçu le label “Origine France Garantie”. Remise par Pro-France et son président Yves Jego, cette distinction a pour objectif d’informer de manière claire et transparente le consommateur sur l’origine d’un produit. Si ce label n’a pas vocation à être mis en avant aux Etats-Unis, il servira en France, bien entendu, et surtout au Canada, l’autre grand marché nord-américain visé. Alors que la région du Québec totalise plus de 65 % des ventes de la Yaris dans ce pays, nul doute que cet argument permettra d’y valoriser l’activité française de la marque nippone.

A l’heure où certains font face à de grandes difficultés, Toyota et TMMF se portent bien. La santé du site français doit à son savoir-faire, certes, mais aussi à la confiance toujours plus grande de la firme japonaise. Bien qu’il n’en soit qu’à ses débuts, l’American Dream franco-japonais a de beaux jours devant lui.

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QUESTIONS A...
Pascal Ruch, président de Toyota France

Journal de l’Automobile. Produire en Europe à destination du marché américain paraît inconcevable pour beaucoup de constructeurs. Pourquoi Toyota fait-il aujourd’hui ce choix ?
PASCAL RUCH.
C’est avant tout un choix stratégique et un signe de confiance envoyé au site de Valenciennes. La direction de Toyota considère que celui-ci est le meilleur en termes d’efficacité, de productivité et d’efficience, pour fabriquer cette Yaris. Ce n’est pas uniquement une décision financière basée sur les taux de change de mars 2012 (lorsque la décision a été prise, N.D.L.R.) car on sait très bien que ces derniers évoluent rapidement. Nous sommes ici dans une démarche à long terme.

JA. Etait-il inconcevable de produire la Yaris ailleurs qu’à Valenciennes ?
PR.
Je crois que cette décision est le fruit de douze à treize ans de progrès réalisés par cette usine, qui est actuellement aussi compétitive qu’une usine japonaise. Le travail de Didier Leroy (président de Toyota Europe) a été de faire valoir cela. Le site de Valenciennes, aujourd’hui, c’est quoi ? C’est un site qui fonctionne, qui est réactif et est capable de s’ajuster à tout moment selon la cadence.

JA. Le marché nord-américain n’est pas très sensible aux petites voitures alors qu’il l’est de plus en plus aux voitures hybrides. Pourtant, la Yaris hybride n’y sera pas distribuée. Pourquoi ?
PR.
Il y a deux raisons très simples à cela. D’une part, on considère que la Yaris exportée sur ce marché répond très bien aux attentes des consommateurs car c’est une voiture qui consomme peu et qui a un coût d’entretien très faible. D’autre part, concernant l’hybride, nous avons déjà sur ce marché la Prius C, qui répond à cette demande et qui, en termes de gabarit, est très proche de la Yaris.

JA. A propos des ventes globales de la marque, on s’aperçoit que celles-ci baissent en Europe, mais grimpent en France. Quel bilan tirez-vous des quatre premiers mois de l’année ?
PR.
Sur le plan français, il est dans nos attentes puisque notre ambition est de faire mieux que l’an dernier (74 969 véhicules vendus en 2012, N.D.L.R.). Notre chance est d’avoir plusieurs nouveautés – Auris en janvier, Verso en février, Rav4 en mars – qui ont été bien accueillies. Tout ceci, associé au succès de la Yaris Hybride, fait que nous sommes sur une bonne dynamique. Sur le plan européen, l’une des explications tient dans le tsunami de 2011, qui a eu des répercussions jusqu’en 2012, ce qui fausse les données. Attendons le milieu d’année pour avoir une idée plus précise de la situation.

JA. Un dernier mot sur votre réseau de distribution. Etes-vous satisfait de ce début d’année ?
PR.
Nous n’avons pas encore les chiffres totalement consolidés, mais il sera très bon pour le réseau Toyota en étant nettement supérieur à celui de l’an dernier. C’est le résultat d’un travail de fond mené par le réseau avec le constructeur sur des réformes structurelles importantes. Depuis neuf mois, nous sommes sur une bonne dynamique et nous en récoltons aujourd’hui les fruits.
 

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