Thierry Métroz (DS) : le dessin au cœur

Normal
0

21

false
false
false

FR
X-NONE
X-NONE

/* Style Definitions */
table.MsoNormalTable
{mso-style-name:"Tableau Normal";
mso-tstyle-rowband-size:0;
mso-tstyle-colband-size:0;
mso-style-noshow:yes;
mso-style-priority:99;
mso-style-parent:"";
mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt;
mso-para-margin-top:0cm;
mso-para-margin-right:0cm;
mso-para-margin-bottom:8.0pt;
mso-para-margin-left:0cm;
line-height:107%;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:11.0pt;
font-family:"Calibri",sans-serif;
mso-ascii-font-family:Calibri;
mso-ascii-theme-font:minor-latin;
mso-hansi-font-family:Calibri;
mso-hansi-theme-font:minor-latin;
mso-fareast-language:EN-US;}

 

 

"La chance de ma vie."  Créer une marque, définir son style et sa personnalité, peu de designers ont eu cette chance. Thierry Métroz fait partie de ceux-là. En arrivant à la tête du bureau de style de la ligne DS à l’été 2012, il prend la mesure du challenge qui l’attend. Un défi encore décuplé avec la création officielle de la marque DS le 1er juin 2014."C’est une responsabilité énorme de créer une marque, d’autant que l’histoire de la DS, encore présente dans les têtes, met la pression" rappelle Thierry Métroz, dont le parcours n’a pourtant pas manqué de défis. Mais rien de tout cela ne serait arrivé sans une véritable passion pour le dessin.

 

"Enfant, je passais mon temps à dessiner, se souvient-il. Beaucoup de bandes dessinées." Le premier lien avec l’automobile remonte à ses 10 ans avec l’épopée victorieuse des Alpine A110 en rallyes, dont les posters et autres autocollants tapissaient les murs de sa chambre. Mais à cet âge, les coups de crayon sont encore loin de se transformer en métier. "Je ne connaissais absolument pas les filières." C’est une rencontre qui va tout changer. Au détour d’une conversation avec la sœur d’un ami, le collégien apprend qu’il existe une école d’architecture d’intérieur à Besançon. "C’était même un double cursus, précise-t-il, avec architecture d’intérieur mais également ébénisterie. J’ai adoré cette approche créative, la perspective de fabriquer quelque chose de mes propres mains."

 

DIPLÔMÉ ET EMBAUCHÉ LE MÊME JOUR 

 

Un BTS Agencement en poche, la suite du parcours scolaire vers les métiers du design offrait relativement peu de possibilités à cette période. "Il y avait l’École Boulle, le Graal de l’époque, l’École nationale des arts décoratifs et l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Ensaama)" liste Thierry Métroz. Ce sera finalement l’Ensaama et le cursus « design produit ». De nombreux mois rue Olivier de Serres, dans le 15e arrondissement de Paris, qui permettront, en plus des cours, de tisser des liens avec des camarades de promotion comme un certain Jean-Pierre Ploué.

 

Durant cet apprentissage, les stages chez les constructeurs automobiles ont été l’occasion de se forger une idée un peu plus claire du métier tant convoité. Thierry Métroz se souvient de sa première expérience chez Peugeot en 1983 : "Nous étions, les stagiaires, dans une salle placée sur les toits du bâtiment de La Garenne-Colombes." Le dernier stage de sa scolarité sera décisif. Encore une histoire de personne. "Mon parrain de stage était Jean-François Venet et je lui dois beaucoup." C’est lui qui va d’ailleurs embaucher l’étudiant en 1985 au bureau de style de Renault. "Le matin même de la remise des diplômes à l’Ensaama, j’avais dans ma boîte aux lettres un courrier avec mon contrat d’embauche chez Renault" se remémore Thierry Métroz. 

 

L’ARTISTE RENAÎT LA NUIT 

 

Débute alors une période placée sous le signe du losange. "Jean-François Venet nous a fait confiance, tout en nous challengeant tous les jours. Il a su nous transmettre son savoir." Définitivement son mentor. Le travail débute sous sa houlette, mais le « styliste » Métroz prendra son véritable envol en 1987 après s’être éclipsé une année pour effectuer son service militaire. Les projets s’enchaînent. S’ensuit une période Matra, "un grand moment dans ma carrière", pendant laquelle il travaille avec Philippe Guédon et Gérard Heroguelle sur les Espace 3 et 4, ainsi que sur l’Avantime.

 

Une époque dense pour le jeune designer, qui trouve toutefois le temps de créer. Encore. La nuit, il peint "tout ce qui se déplace, sauf les trains" prévient-il. De nombreux bateaux, avions, mais aussi des Bugatti ou des Voisin renaîtront sur ses toiles. Mais il trouve rapidement les tableaux trop conventionnels ; il va donc imaginer et créer des colonnes, des dizaines de colonnes, où il laissera rouler et flotter ses créations. "Elles étaient exposées chez Isabelle Nicolosi à la Galerie Vitesse, rue de Berri dans le 8e. Tout a été vendu, je n’ai même pas gardé un tableau ou une colonne."

 

LES FONDATIONS DE DS POSÉES DÈS 2012 

 

Une décennie de créations qui va laisser place, en 1999, à une autre sorte de constructions. En effet, Thierry Métroz goûte aux joies de la mondialisation en créant les bureaux de style du losange à Barcelone et São Paulo. "J’étais vraiment maître d’œuvre de ces projets, je me souviens même être allé faire la déclaration d’activité auprès de l’administration fiscale espagnole" rit-il. Ce sera peu ou prou la même chose au Brésil où la quête débute par des visites dans des agences immobilières pour trouver le local idoine. Une mission remplie avant que ne commence une nouvelle aventure en 2009.

 

Jean-Pierre Ploué lui propose alors de rejoindre Citroën, dont il va sculpter les chevrons jusqu’en 2012, avec notamment quelques concepts marquants comme le coupé Survolt ou le Tubik. Mais pour lui, LE concept de cette époque demeure le Numéro 9, dévoilé à Pékin en 2012. "En plus d’être une extraordinaire aventure humaine avec Éric Apode et Arnaud Ribault, notamment, le Numéro 9 est le concept fondateur de la marque DS. Nous avions dessiné et fabriqué deux calandres, l’une Citroën et l’autre DS car la création de la marque DS était déjà dans l’air." L’esprit DS version Métroz était né. Il s’y consacrera à 100 % à partir de l’été 2012.   

 

EN MODE START-UP 

 

Depuis cette date et encore davantage depuis la création officielle de la marque au printemps 2014, Thierry Métroz et ses équipes se consacrent à DS et à son futur. L’esprit d’avant-garde n’est pas seulement un slogan de marque, il est maintenant développé dans un nouveau studio dédié au sein de l’ADN de PSA. Un écrin où une soixantaine de personnes travaillent avec une vision à 360 degrés sur les projets. "En mode start-up, insiste même le directeur du style, afin de créer de l’émulation, de l’implication, pour, au final, être plus créatif et plus agile." Le centre de design ne se cantonne plus à définir un visage et une âme pour les futurs modèles, sa réflexion et son influence vont bien au-delà, au même titre que l’ingénierie ou le marketing. Aujourd’hui, le chef d’orchestre Métroz a posé le crayon, mais à l’image de son mentor, il veut transmettre, aiguillonner les talents de son équipe, construire l’avenir.

 

Pour lui, avant tout, un designer doit être curieux et tirer son inspiration de tout ce qui l’entoure. "Avoir une vision personnelle est une force, explique Thierry Métroz, tout en sachant qu’il ne faut pas perdre de vue la vision de la marque. Il faut chercher le bon dosage que le temps et l’expérience permettent de trouver." Le dosage semble être bon pour les DS du 21e siècle mêlant très habilement un formidable héritage et l’impérieuse volonté de réinventer la marque autour du luxe automobile à la française. Comme pour réparer une injustice, car si le luxe est bien l’un des fers de lance de la France à l’international, cet étendard ne rallie aucune marque automobile. DS veut être celle-là.

 

DES RUPTURES EXALTANTES À VENIR

 

Une marque dont le design affirmé, parfois clivant, est un élément constitutif de l’ADN, au même titre que le raffinement et la technologie. "Le style doit offrir des contrastes, explique Thierry Métroz, si quelqu’un qualifie un design de consensuel, je pense que l’exercice est raté." Cet art du dessin doit aussi permettre de mettre en scène le contenu technologique de la marque. Les phares tournants du DS 7 Crossback, ainsi que ses feux arrière en écailles, réalisés grâce à de la gravure laser, sont les témoins de cette affirmation. A l’image des poignées affleurantes du DS 3 Crossback. A l’avenir, des nappes lumineuses de LED devraient venir réinventer l’éclairage. La philosophie est la même avec les couleurs et les matières. A l’intérieur, on retrouve les sièges cuir bracelet, le guillochage Clous de Paris, inspiré par l’horlogerie de luxe, ou encore le point perle imaginé par l’équipe de sellerie interne qui a demandé quatre ans de travail pour passer de l’artisanat à l’industrialisation.

 

Mais ces exemples appartiennent presque au passé pour le studio de design. La pierre, le cuir de poisson, la corne, la nacre, la dentelle ou la plume, comme nous l’avons découverte sur le concept DS X E-Tense, sont déjà sur le métier pour modeler les sensations futures à bord des DS. Car même si les évolutions de la mobilité promettent des bouleversements, Thierry Métroz n’est pas inquiet : "Des ruptures exaltantes s’annoncent mais la mobilité sera plurielle. Alors, il y aura peut-être des navettes autonomes, mais des automobiles offrant du plaisir, de l’émotion, du confort auront toujours leur place. L’automobile a cette formidable capacité à se réinventer. J’adore ce métier."