Stellantis : chute vertigineuse des résultats en 2024

C'était attendu... Mais la réalité des contre-performances de Stellantis en 2024 donne le tournis. Si le groupe automobile autrefois dirigé par Carlos Tavares reste rentable, la baisse des indicateurs financiers est vertigineuse. Le chiffre d'affaires chute ainsi de 17% à 156,9 milliards d'euros. Le bénéfice net, lui, s'écroule de 70% à 5,5 milliards d'euros.
Une marge sur le fil du rasoir
Tandis que la marge opérationnelle s'établit à 5,5%... C'est presque trois fois moins que le plus haut atteint par Stellantis depuis sa création. Surtout, elle se situe tout en bas de la fourchette qui avait été annoncée en septembre lors du profit warning et qui passait la cible entre 5,5 et 7%. Mais le second semestre a été critique puisque la marge était de 0,3%.
Quant au cash flow, il est dans le rouge à -6 milliards d'euros. Là aussi, c'est un chiffre très en baisse par rapport aux exercices précédents (13 milliards en 2023, 10 milliards en 2022...). Mais il est dans le haut de la fourchette attendue depuis septembre, quand Stellantis disait craindre un flux de trésorerie négatif compris entre 5 et 10 milliards d'euros.
L'Amérique du Nord dans le rouge au S2
Dans le détail, c'est la région Amérique du Nord qui enregistre les plus fortes amplitudes de performance. Ce marché, autrefois le plus rentable du groupe avec une marge à plus de 15 % est tombé à 4,2%. Les ventes y ont baissé de 24% en volumes avec 1,4 million de voitures vendues, et un chiffre d'affaires qui s'effondre également d'un quart à 63 milliards d'euros. Pis... La région bascule dans le rouge au deuxième semestre avec une perte de 1,7 milliard d'euros (marge négative de 6,8%). Le chiffre d'affaires a baissé de 38% sur six mois.
Seule bonne nouvelle, le groupe affirme avoir réduit ses stocks plus vite qu'annoncé. Sur la région, celui-ci s'élève désormais à 304 000 véhicules, contre un objectif de 330 000. La question épineuse des stocks avait empoisonné l'année de Stellantis qui n'avait pas anticipé le problème et s'était retrouvé à prendre des mesures drastiques (baisse de la production, remises importantes sur les prix de vente...).
En Europe, la situation est moins vertigineuse, puisque la région est passée d'une marge de 9,8% à 4,1%. La baisse des volumes de ventes est également circonscrite (-8%) et celle du chiffre d'affaires aussi (-11%). Toutefois, le deuxième semestre a été beaucoup plus touché avec une marge réduite à 1,2%.
L'Amérique du Sud sauve toutefois les meubles avec des ventes en hausse et une marge toujours élevée (14,3%). A l'inverse, la région Asie est la seule dans le rouge avec une marge négative de 60 millions d'euros.
Maserati affiche des pertes abyssales
Enfin, Maserati qui dispose d'une ligne comptable à part dans les comptes, confirme ses très grandes difficultés. La marque de luxe a pâti de la panne de son plan produit et a vu ses ventes poursuivre leur déclin avec seulement 11 000 voitures vendues (26 000 l'année précédente). La marque aura généré 260 millions d'euros de pertes sur la seule année 2024, soit une marge négative de 25%.
Mais pour John Elkann, il n'y a pas que des mauvaises nouvelles. Selon le président du groupe, et directeur général par intérim depuis le renvoi de Carlos Tavares en décembre, Stellantis a pu consolider plusieurs chantiers en 2024 sur lesquels il pourra s'appuyer pour retrouver le chemin de la croissance et des profits.
"Bien que 2024 ait été une année très contrastée pour l’entreprise, avec des résultats en deçà de notre potentiel, nous avons franchi d’importantes étapes stratégiques. Nous avons notamment initié le déploiement de nos nouvelles plateformes multi-énergies, lancé de nouveaux produits, démarré la production de batteries pour véhicules électriques par le biais de nos coentreprises, et mis en œuvre le partenariat avec Leapmotor International. Cette offensive de nouveaux modèles se poursuit en 2025. Nous restons déterminés à gagner des parts de marché et à améliorer nos performances financières tout au long de l’année 2025", a ainsi déclaré John Elkann, cité dans un communiqué de presse.
En l'absence de CEO (dont la nomination est toujours prévue au cours du semestre), Stellantis promet néanmoins de repasser sur un exercice annuel en croissance et le retour à un free cash flow positif. Sur la marge opérationnelle, le groupe se contente d'indiquer qu'il vise une marge à "un chiffre". Les marchés, eux, ne semblent pas convaincus. Alors même que ces résultats sont globalement en ligne avec les attentes, ils sanctionnent toutefois le titre qui baisse de 5% dans les premiers échanges.
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