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Constructeurs

Rüsselsheim, 100 ans d’histoire automobile

Publié le 23 mars 2007

Par Frédéric Richard
6 min de lecture
Le site de production d'Opel, situé à Rüsselsheim, petite ville proche de Francfort, bénéficie d'une histoire plus que centenaire dans la fabrication d'automobiles. 100 ans d'innovation, 100 ans d'évolution pour rester à la pointe du secteur… Aujourd'hui, l'usine, ultra moderne produit les...

...fleurons de la marque, Vectra et Signum.


Opel a débuté la production d'automobiles en 1899, avec la légendaire Lutzmann, dont la marque acheta les droits de production. Le fabricant parvint ensuite à gagner en popularité avec un certain nombre d'autres collaborations, notamment avec le Français Darracq, dont il produisit des voitures, sous licence, en 1902. En 1909, la "Doktorwagen" signe l'arrivée d'Opel parmi les acteurs qui comptent. En effet, elle est la première voiture accessible au plus grand nombre. En 1913, Opel a commencé à construire des voitures de courses, avec des motorisations révolutionnaires pour l'époque.

Pionnier

En 1924, à Rüsselsheim, Opel devient le premier fabricant de voitures en Allemagne à installer une ligne d'assemblage. Dans le même temps, le site se modernise, renouvelle ses installations, importe des Etats-unis les machines les plus innovantes pour construire ses voitures. Un investissement colossal, récompensé par la sortie de la Laubfrosch (grenouille) en 1924. Trois ans plus tard, en 1927, la cadence de production de la grenouille, très ressemblante à la 5CV Citroën, s'élève à une sortie toutes les 4 minutes 30. En 1935, Opel poursuit sa vocation de précurseur. L'allemand présente la première voiture de série dotée d'une carrosserie autoporteuse. En terme de production proprement dite, le moteur nest plus posé sur le châssis à l'aide d'une grue. Désormais, des tables élévatrices intègrent le groupe motopropulseur par le dessous de la structure. C'est le premier "mariage", un terme qui sera conservé par de nombreux constructeurs, d'autres adoptant le terme "coiffage".

Les débuts de la peinture à l'eau

Détruite pendant la Seconde Guerre, l'usine de Rüsselsheim sera reconstruite jusqu'en 1950. En mai 1954, un vaste chantier s'ouvre de nouveau pour ériger une nouvelle usine. Les nouvelles lignes de




EN CHIFFRES

  • 4 000
    employés

  • 98 %
    d'automatisation à l'atelier soudure

  • 600
    robots de soudure
  • production sont mises en service en août 1956, pour une capacité de production qui passe à environ 1 000 véhicules par jour. Autre grand événement du site de Rüsselsheim, en 1981, l'usine inaugure son atelier peinture. 400 mètres de longueur, 80 mètres de largeur et 32 mètres de hauteur. Mais la vraie nouveauté, c'est qu'Opel est alors le premier fabricant de voitures dans le monde à employer l'eau dans son processus de peinture. Bien avant les directives européennes réglementant les émissions de COV, le constructeur introduit l'eau dans les apprêts, puis dans la construction de ses bases. Parallèlement, les employés commencent à pratiquer des montages partiels tels que les portes sur des lignes dédiées, hors du flux de production principal, où s'assemble la voiture en elle-même.

    L'une des usines les plus modernes du monde

    L'usine a subi de profondes mutations, devenant un outil de production particulièrement affûté, fonctionnant sur le principe des usines Toyota, une référence en matière d'organisation. Une nouvelle usine (encore !), opérationnelle depuis 2002, a entièrement été conçue par ordinateur. De la structure des bâtiments au schéma d'installation des installations et aux procédures de travail optimisées, tout a été développé en réalité virtuelle. A plein régime, sur trois équipes, l'usine dispose ainsi d'une capacité de production de 270 000 véhicules par an. Elle produit toutes les silhouettes de la Vectra, ainsi que la Signum.
    Chaque employé a reçu un programme de formation intensif, axé sur les méthodes innovantes de production décidées pour Rüsselsheim. L'idée maîtresse, le "zéro défaut", consiste à ne jamais laisser passer un problème, quelle que soit l'étape du processus de fabrication dans laquelle se trouve la voiture. Ainsi, le long des lignes de fabrication, tous les employés sont formés pour réaliser leurs opérations de montage de la manière la plus rationnelle, pour éviter les erreurs. Ils savent également déceler un problème potentiel et sont tous habilités à stopper la ligne s'ils décèlent une avarie, afin qu'elle ne se répète pas sur les autres modèles. Pour cela, chacun dispose d'une cordelette au-dessus de son poste de travail. Lorsque l'on tire dessus, une mélodie retentit dans l'atelier, signalant au responsable du secteur qu'il doit se rendre à l'endroit où est survenu le problème. Là, deux cas de figure : soit l'agent de maîtrise règle le problème et la ligne poursuit son cheminement. Soit c'est plus grave, et la ligne s'arrête jusqu'à ce que tout rentre dans l'ordre. En plus de ce filtre "on line" déjà efficace, plusieurs barrages de qualité se succèdent tout au long de la fabrication du véhicule.

    Une construction rationnelle

    Sur plus de 54 000 m2, l'atelier de carrosserie accueille près de 600 robots et désormais très peu d'hommes. Les rares opérateurs sont simplement chargés d'alimenter les automates en tôles à souder. Chez Opel, on préfère également réserver les hommes pour les contrôles de qualité, l'œil humain restant un outil bien plus performant que la machine. Durant les opérations de soudure au laser, les composants de la voiture sont préparés sur différents ateliers parallèles. Les cellules avant et arrière sont montées à partir des éléments sortants des presses d'emboutissage, puis assemblés entre elles. Les côtés de caisses les rejoignent, puis les pièces "de peau", autrement dit la carrosserie. Les portes et autres ouvrants arrivent sur la caisse en fin de processus de soudage, juste avant qu'elle ne soit envoyée à la peinture.
    Les caisses peintes arrivent ensuite dans l'atelier d'assemblage, qui représente déjà, à lui seul, une curiosité. Vu d'avion, le bâtiment est conçu comme une demi-étoile (voir photo). Cette forme particulière présente plusieurs avantages. Elle fournit tout d'abord une vision d'ensemble de l'atelier et facilite les communications car les distances sont courtes. Une telle infrastructure permet en outre de recevoir 70 camions en provenance des fournisseurs, directement dans l'atelier d'assemblage. Chaque déchargement se fait ainsi beaucoup plus vite et au bon endroit sur la ligne d'assemblage. Le montage de l'automobile s'opère donc dans les quatre brins de l'étoile. Dans le cinquième, les portières sont équipées et les planches de bord aménagées avant de rejoindre à leur tour le flux de production. Chaque zone d'assemblage dispose donc de sa propre zone tampon. Une organisation qui permet, lors d'un arrêt temporaire d'un brin, de ne pas affecter le reste de l'assemblage.


    Frédéric Richard

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