Roland Schell, directeur général Mercedes-Benz Cars
Journal de l'Automobile. Comme de coutume, Mercedes a profité du Salon de Francfort pour présenter un grand nombre de nouveautés. Commençons par la nouvelle Classe E break. Quelles sont vos ambitions avec cette 5e génération ?
Roland Schell. A l'instar de la berline lancée au printemps dernier avec succès, cette version break offre en plus de ses lignes élégantes et sportives de grandes possibilités de rangement et de chargement. Cette Classe E break bénéficie également de mécaniques de premier plan avec notamment pour la version E 200 CDI, des émissions de CO2 qui se limitent à 150 g/km. Quant à nos ambitions, nous souhaitons que cette carrosserie atteigne 10 à 15 % du mix alors que la génération précédente s'était limitée à 5 %.
JA. A ses côtés se trouvait le SLS AMG. Un mot sur cette voiture d'exception.
RS. Le SLS est le nouveau fleuron de la marque. Une voiture de rêve. Il s'agit de la digne héritière de la 300 SL papillon de 1954. Une nouvelle interprétation, 55 ans après, de cette sportive. En chiffres, cela se traduit par une puissance de 571 chevaux, une vitesse de pointe de 317 km/h et le 0 à 100 abattu en 3,8 secondes. Les premières livraisons des 200 unités disponibles en France interviendront en mars prochain. Le tarif sera inférieur à 200 000 euros TTC. Mais au-delà de ce modèle, une version roadster verra le jour dès 2011 suivie en 2013 par une version 100 % électrique aux performances incroyables. Le SLS électrique développera une puissance de 532 ch (392 kW) et de 880 Nm de couple.
JA. Justement, ce SLS électrique demeurera-t-il une vitrine technologique ou annonce-t-il une gamme électrique plus large ?
RS. Vous m'offrez l'occasion d'une transition afin d'évoquer les nouvelles technologies sur lesquelles Mercedes-Benz travaille. Avec la S400 Hybrid, nous avons été le premier constructeur européen à proposer une hybride qui ne rejette que 186 g de CO2/km. Et nous allons poursuivre dans cette veine avec l'arrivée en 2012 d'une version plug-in, sur la prochaine génération de Classe S. Cette S500 plug-in, full hybride cette fois, pourra compter sur une autonomie électrique de 30 à 40 km. Ainsi, la consommation sera de 3,2 litres aux 100 km et les émissions de CO2 de 74 g/km. C'est extraordinaire ! Toujours au chapitre hybride, nous allons proposer dès juin 2010 la Classe E 300 BlueTec Hybrid. Il s'agira du premier hybride Diesel. Elle émettra seulement 119 g de CO2/km.
Mais pour en revenir à l'électrique pur, nous allons débuter à Hambach, en Lorraine, la production de la smart 100 % électrique. Bien que les volumes soient restreints dans un premier temps, smart sera le premier constructeur à produire sur chaîne un véhicule électrique. En 2010, nous disposerons en France de 200 unités que nous proposerons à la location à des grands comptes préalablement sélectionnés.
JA. Qu'en est-il des autres technologies comme la pile à combustible notamment ?
RS. Fin 2009, nous allons proposer une Classe B pile à combustible. Pour l'heure, cette centaine de voitures est réservée à l'Allemagne qui dispose d'infrastructures de distribution d'hydrogène. J'espère cependant que nous pourrons développer de telles expériences dans d'autres pays européens.
JA. La palette des technologies disponibles dans le groupe est très large. Pensez-vous que l'une l'emportera commercialement ou toutes devront être proposées aux clients ?
RS. En préambule, ces technologies disponibles ne nous empêchent pas d'améliorer encore les moteurs thermiques. Cela se traduit avec le label BlueEfficiency dans nos gammes. Mais pour répondre à votre question, pourquoi travailler sur toutes ces technologies ? Nous sommes convaincus que les consommateurs ont des besoins différents. Le 100 % électrique peut constituer une solution pour les citadines pour lesquelles une autonomie de 100 à 120 km est suffisante. L'échelon suivant, avec une autonomie d'environ 400 km, est matérialisé par la pile à combustible. Vient ensuite l'hybridation avec des rayons d'action de 800 à 1 000 km. A l'avenir, je pense que toutes ces technologies se côtoieront. Nous ne pouvons pas miser sur une seule d'entre elles. Le groupe Daimler va donc adapter cet ensemble de technologies à ses différentes gammes pour répondre au mieux aux besoins des consommateurs.
JA. Les concepts de la famille Blue Zero représentent-ils une adaptation réaliste de votre gamme future ?
RS. Ces technologies seront effectivement disponibles dès le lancement des remplaçantes des Classe A et B. Les trois concepts, E-Cell (purement électrique), F-Cell (pile à combustible) et E-Cell Plus (moteur électrique alimenté par un petit moteur thermique), représentent bien notre vision à moyen terme pour tendre vers le zéro émission.
JA. Jusqu'ici nous étions dans un futur plus ou moins proche, revenons au présent et au marché français. Etes-vous satisfait des résultats enregistrés par la S400 Hybrid ?
RS. Nos prévisions sont largement dépassées et, heureusement, nous avons pu négocier des volumes supplémentaires avec l'Allemagne. Aujourd'hui, cette version hybride représente 1/3 des commandes de Classe S. Ainsi nous restons largement leader sur ce segment avec plus de 55 % de parts de marché. En plus d'avoir obtenu l'exonération des coûts de la carte grise, nous avons présenté au gouvernement une demande d'exonération des huit premiers trimestres de la TVS. Nous sommes optimistes quant au résultat.
JA. Après 10 mois d'activité, Mercedes affiche une baisse. Toutefois, cela correspond-il à votre feuille de route ?
RS. Nous sommes en ligne avec nos objectifs. Toutefois, après une certaine satisfaction à la fin du premier semestre, je dois reconnaître que nous avons été déçus, particulièrement en août. Depuis la rentrée de septembre, nous avons mis beaucoup de moyens, en marketing et communication notamment, pour regagner des parts de marché. Nous voulons rester l'incontestable leader de l'univers premium en France.
JA. La lutte avec Audi va donc être rude d'ici la fin de l'année ?
RS. Il est clair que la compétition sera serrée sur le segment premium. Cependant, il est de mon devoir de veiller à l'image de marque de Mercedes-Benz et nous ne nous lancerons pas dans une course au volume. Nous devons gérer le marché français avec intelligence afin, notamment, d'assurer notre rentabilité mais aussi celle de nos partenaires distributeurs. Une focalisation sur les volumes pourrait entraîner un effet boomerang très dangereux pour la marque. C'est bien loin de notre stratégie.
JA. Avec - 12 % à fin octobre, smart connaît également une année délicate. Quelles en sont les raisons ?
RS. Comme Mercedes, smart ne tire que très peu de bénéfices des diverses aides. Le marché français est vraiment devenu un marché de petites voitures mais surtout de petits prix. Toutefois, je suis plus optimiste pour 2010. smart va retrouver de son attractivité dans des conditions de marché où le facteur prix sera moins dominant. La fin de la crise n'est pas loin.
JA. Le glissement du mix de vente en France vous inquiète-t-il ?
RS. S'il est clair que cette année nous n'avons tiré aucun bénéfice de la prime à la casse, nous avons toutefois stabilisé nos ventes. En 2010 et à l'avenir, le marché global devrait effectivement reculer, notamment à cause de la moindre influence des primes, mais les ventes Mercedes-Benz devraient rester stables.
JA. La part des ventes à particuliers a rarement été aussi haute sur le marché français ces dernières années, qu'en est-il pour vous ?
RS. Nos ventes sur ce canal ont légèrement reculé pour les raisons que j'ai expliquées précédemment mais nous avons renforcé notre performance auprès des entreprises et de leurs dirigeants. Les nouveaux produits BlueEfficiency nous permettent de proposer des véhicules avec des émissions de CO2 réduites, tels que la Classe E sous la barre des 140 g/km ou encore le GLK à 158 g/km en version deux roues motrices. Ces ventes représentent aujourd'hui 25 % du volume total. chiffre que nous pensons améliorer pour atteindre les 30 %.
JA. On dit souvent que ces ventes ne sont pas ou peu rentables. Est-ce une fausse idée reçue ?
RS. Oui, c'est une fausse idée reçue. Enfin, chez Mercedes-Benz !
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