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Constructeurs

Rencontre avec Jean-Claude Plassart, président de l’Automobile Club de l’Ouest

Publié le 23 avril 2010

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
"La marque Le Mans se mondialise"Jean-Claude Plassart a, très affablement, accepté de nous parler de l'importance de François Fillon pour l'automobile. Nous en avons aussi profité...
...pour faire un point sur le déploiement de la marque Le Mans, au-delà du seul fleuron des 24 Heures. Un développement qui se conjugue à l'international et se déclinera au gré des nouvelles énergies.

Journal de l'Automobile. Connaissez-vous François Fillon depuis longtemps ?
Jean-Claude Plassart. Nous sommes sarthois tous les deux, ce qui peut faciliter les opportunités de rencontres. Je le connais naturellement depuis longtemps en tant qu'élu, avec la carrière politique que l'on connaît. Depuis six ans et ma prise de fonction à l'ACO, je le connais aussi sous un autre angle et je puis vous assurer que le fait que François Fillon aime profondément l'automobile change vraiment les choses. Par exemple, je lui ai demandé de donner le départ des 24 Heures et il a accepté. Même si cela peut sembler secondaire et symbolique, j'ai aussi sollicité d'autres personnalités politiques qui ont catégoriquement refusé.

JA. Comment expliquez-vous que l'automobile soit devenue à ce point mal-aimée dans notre pays ?
J-CP. Si on regarde en haut de la pyramide, je crois que d'une manière générale, nos gouvernants, de droite comme de gauche, ne sont majoritairement pas passionnés par l'automobile. Au quotidien, elle est assimilée à un danger potentiel. Quant au sport automobile, il rime avec bruit et pollution. C'est assez déconcertant quand on a conscience de l'importance de ce secteur dans notre pays. En outre, de nombreux progrès sur la voiture de monsieur tout le monde sont réalisés par le biais de la compétition, la vérité de la course étant très complémentaire des essais et tests usines. Donc, quand un Premier ministre vient fréquemment sur le circuit du Mans et conduit même une 908 en l'assumant, c'est très précieux.

JA. D'ailleurs, au sein de l'ACO on trouve l'association 40 millions d'automobilistes : quelle est sa raison d'être ?
J-CP. Cette association a effectivement son importance et commence d'ailleurs à être connue. Nous nous efforçons de mettre en avant les arguments positifs de l'automobile : nous avons des constructeurs et des équipementiers français de premier ordre mondial, nous avons un réseau routier de grande qualité et nous avons des conducteurs très majoritairement responsables. C'est cette image que nous voulons représenter auprès des pouvoirs publics. En outre, nous ne sommes pas qu'un club de sport.

JA. Est-ce exact que François Fillon a grandement participé au sauvetage de l'ACO et des 24 Heures ?
J-CP. L'ACO fonctionne grâce à beaucoup de passionnés et de bénévoles. Elle a aussi une forte aura. Cependant, ses moyens ont longtemps été très limités. Et en 1992, la situation a atteint un stade critique. En tant que président du Conseil Général de la Sarthe, François Fillon a alors beaucoup aidé l'ACO et la course en elle-même à se redresser. Mais ce n'était pas à fonds perdus, cela a été pensé comme une vaste réorganisation avec notamment la création d'une nouvelle structure financière digne de ce nom. Cette stratégie s'est avérée payante et aujourd'hui, nous représentons un réel intérêt économique, avec des remontées liées au circuit estimées à 80 millions d'euros pour la Sarthe et à 240 millions d'euros pour la grande Région. Une récente étude de l'Université du Maine estime ainsi que nous avons le poids économique d'une entreprise de 4 500 personnes.

JA. L'ACO ne saurait se réduire à un club de sport comme vous le disiez, mais elle ne se limite pas non plus à son fleuron, les 24 Heures : comment gérez-vous l'expansion de la marque sportive "Le Mans" ?
J-CP. Effectivement, il n'y a pas que les 24 Heures auto puisque nous organisons aussi les 24 Heures moto, le Grand Prix Moto, les 24 Heures camion et les 24 Heures karting. Sur l'endurance, toutes disciplines confondues, nous réunissons annuellement 700 000 spectateurs. Il y a aussi l'association 40 millions d'automobilistes que nous avons déjà évoquée. Par ailleurs, nous cherchons aujourd'hui à mondialiser la marque : 5 courses en Europe pour Le Mans Series, un partenariat aux Etats-Unis qui se traduit par dix épreuves, et depuis deux ans, des courses en Chine et au Japon. Il est essentiel de suivre les grands marchés. En fait, nous traitons une double problématique : maintenir la dimension sportive et passionnelle et développer des vertus d'expansion et de gestion économiques.

JA. On imagine aisément que la perception de la marque Le Mans est très différente au Japon ou en Chine, avez-vous des précisions sur cette question ?
J-CP. Nous avons fait réaliser une étude au Japon et il s'est avéré que 75 % des membres du Japan Automobile Club, qui rassemble 10 millions d'adhérents excusez du peu, connaissaient Le Mans. Donc, nous jouissons d'une notoriété très forte. En revanche, en Chine, tout reste naturellement à construire. En fait, partout où nous allons, nous voulons associer la marque à la course automobile et à ses valeurs.

JA. Dans cette optique d'internationalisation, le projet de Trophée Intercontinental est-il confirmé ?
J-CP. Tout à fait et dès cette année, il s'articule autour de trois épreuves entre Etats-Unis, Royaume-Uni et Chine. En 2011, il prendra toute son envergure avec deux courses aux Etats-Unis, deux courses en Europe et deux courses en Asie, une au Japon et l'autre en Chine. Les 24 Heures du Mans resteront bien sûr La référence. Mais nous ferons ainsi valoir deux titres ultimes, les 24 Heures et le Trophée Intercontinental. Cela nous permet aussi d'avoir un vrai calendrier, réparti tout au long de l'année.

JA. Pour conclure, dans quelle mesure cherchez-vous à promouvoir le développement de nouvelles énergies dans le sport automobile ?
J-CP. C'est déjà le cas en partie. Regardez les 24 Heures du Mans avec Audi et Peugeot exploitant des Diesel et des FAP. Inimaginable il y a encore peu. Par ailleurs, les nouveaux règlements des épreuves tendent à favoriser des moteurs plus petits pour une meilleure maîtrise des consommations et des émissions. Et dès l'an prochain, on verra sans doute des véhicules hybrides, électriques et embarquant des solutions à hydrogène. Nous voulons aider ces technologies à passer le test grandeur nature des 24 Heures pour mieux se développer ensuite. En revanche, nous ne savons pas ce qui s'imposera à l'avenir.

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