Rencontre avec Henri Pescarolo, directeur sportif fondateur de Pescarolo Sport
Journal de l'Automobile. Vous, dont la seule évocation est étroitement liée aux 24 Heures du Mans, depuis combien de temps connaissez-vous François Fillon ?
Henri Pescarolo. On peut dire que nous nous connaissons depuis longtemps car cela remonte au temps où il était à la présidence de la Région. Disons qu'à cette période, je le côtoyais à l'occasion plus que je ne le connaissais vraiment. Je le croisais quand il venait sur le circuit du Mans et on voyait bien que c'était un passionné d'automobile, un vrai passionné j'entends. Nous nous sommes vraiment rencontrés ensuite quand j'ai décidé de créer mon écurie et que j'étudiais plusieurs opportunités d'implantation.
JA. Est-ce François Fillon qui vous a convaincu d'opter finalement pour Le Mans ?
HP. J'avais de nombreuses propositions émanant de différentes régions et François Fillon avait créé le Technoparc, c'est un peu son bébé, un projet qui lui tenait vraiment à cœur. Dans ce contexte, il m'a donc proposé de m'installer au Mans, en me facilitant les choses, notamment au niveau des subventions de la Région, et j'ai donc accepté.
JA. Comment définiriez-vous le Premier ministre en quelques mots ?
HP. C'est quelqu'un de droit, qui raisonne et construit sur la base de principes. Nous avons en commun une éducation religieuse et cela se traduit notamment par le respect de valeurs morales. D'ailleurs, on peut vérifier qu'il fait passer l'intérêt du pays avant ses intérêts personnels, ce qui est plutôt rare de nos jours… Il est exactement ce qu'il paraît ; il ne joue ni un personnage ni un rôle et reste fidèle à ses valeurs. D'ailleurs, malgré son ascension fulgurante, il est resté simple et accessible. Il garde la même attitude qu'avant envers les gens qu'il connaît. C'est pour cela que lorsqu'il m'a demandé de m'investir dans des élections régionales ou nationales, j'ai accepté.
JA. Vous évoquiez un vrai passionné d'automobile, qu'entendez-vous par là ?
HP. Quand il monte dans une voiture de course, c'est pour se faire plaisir ! Ce n'est pas une affaire d'image ou de communication, il ne convoque pas les photographes à tout bout de champ et il le fait le plus souvent incognito. Une anecdote sur les 24 Heures du Mans, l'an passé, me revient à l'esprit : François Fillon était en visite officielle avec de nombreuses personnalités et une armée de gardes du corps et à un moment, mon épouse l'aperçoit sans ses gardes du corps, tout seul dans le stand en fait. Il voulait discuter avec les ingénieurs et les techniciens pour en profiter de façon authentique, loin du protocole.
JA. Vous avez couru avec lui les 24 Heures historiques, quelles sont ses principales qualités "automobiles" ?
HP. Nous avons effectivement participé à cette épreuve avec des Ferrari. Il m'a demandé des conseils à plusieurs reprises et il a su les appliquer. Cela renvoie à ses qualités générales d'écoute et de rigueur.
JA. Et a-t-il un bon coup de volant ?
HP. Oui, il conduit bien. Pour le taquiner un peu, vous pouvez dire que son frère va un peu plus vite que lui quand même… Il fait valoir sa clairvoyance et sa simplicité, disons que c'est un amateur éclairé qui sait ne pas se prendre pour un professionnel. C'est déjà beaucoup.
JA. Que pensez-vous du fait qu'il assume publiquement cette passion pour l'automobile alors que la posture "politiquement correct" inciterait plutôt au contraire ?
HP. Comme je l'évoquais, François Fillon pense d'abord à l'intérêt général. Or certains oublient rapidement que l'automobile représente 12 % de notre PIB et de très nombreux emplois. Par ailleurs, sans voitures, on ne peut tout simplement pas circuler dans une grande partie de la France ! Le "politiquement correct" que vous évoquez se résume à une logique purement électoraliste de certains élus qui détournent des arguments pseudo-environnementaux… Donc, quand François Fillon défend l'automobile en général et la compétition en particulier, il fait preuve de courage politique et une nouvelle fois, de droiture. Il rend aussi un juste hommage à nos constructeurs nationaux, des constructeurs investis dans la compétition automobile, ne l'oublions pas, surtout que c'est souvent avec bonheur.
JA. Tout de même, les arguments environnementaux ne plaident pas en faveur du sport automobile, n'est-ce pas ?
HP. La totalité des émissions de carbone du sport automobile mondial représente quelques allers et retours entre Paris et New-York d'un 747. Et l'événement sportif français qui émet le plus de CO2, c'est le Tour de France ! Qui le dit ? Non, il faut arrêter de diaboliser l'automobile et les automobilistes. Soyons lucides, et au-delà de la passion, prenons en compte le poids économique et social du secteur.
JA. On sait votre écurie en difficulté, la situation tend-elle à s'améliorer ?
HP. Malheureusement Pescarolo Sport ne m'appartient plus. Suite au réglement des 24 Heures qui condamne depuis 4 années toutes les voitures ne disposant pas d'un moteur Diesel, et à l'arrivée de la crise, j'ai été contraint de vendre. Je ne suis plus que directeur sportif. Malheureusement le propriétaire actuel ne s'intéresse pas du tout à la course automobile, et sa situation financière l'incite à se séparer de l'écurie. J'espère que l'arrivée d'un repreneur plus compétent et que le nouveau règlement 2011 de l'ACO nous permettront de nous battre de nouveau pour la victoire.
JA. L'image de l'automobile est-elle vraiment écornée auprès des sponsors ?
HP. Oui, elle est sérieusement mise à mal. C'est le fruit de la diabolisation de l'automobile qui s'opère depuis de nombreuses années. Et la crise aggrave encore le phénomène car les budgets de communication ne sont forcément plus prioritaires.
JA. Pensez-vous vous en sortir ?
HP. J'espère ! Après deux expériences négatives, il se pourrait que nous trouvions un accord avec un repreneur plus fiable et déterminé. De notre côté, nous travaillons et préparons une nouvelle voiture pour 2011. Mais nous sommes assis sur une branche…
JA. Le mot de la fin ?
HP. L'automobile reste un moyen d'évasion et de rêve. C'est aussi la solution de mobilité individuelle et on ne lui a pas trouvé un moyen de substitution que je sache. Enfin, l'attrait du sport auto auprès d'un large public reste fort. Regardez les 250 000 personnes qui viennent suivre les 24 Heures du Mans !
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