Rencontre avec Brigitte Courtehoux
Hasard du calendrier. Alors que les taxis parisiens prenaient d'assaut la place de la Porte Maillot (17e), située à une centaine de mètres du siège du groupe PSA Peugeot Citroën, Brigitte Courtehoux recevait, ce 25 juin, une poignée de journalistes pour évoquer de façon informelle le bilan et sa vision de la mobilité.
Souriante et disponible tout au long de l'échange, elle s'est d'abord exprimée sur sa récente accession au statut de cadre dirigeant au sein du groupe. Une nomination qui l'intègre au Top 100 des personnalités de PSA Peugeot Citroën, qui comprend "moins de 10% de femmes", croit-elle savoir. "Cela ne change rien à mes fonctions, il s'agit d'une reconnaissance", clarifie Brigitte Courtehoux.
A propos de l'autopartage
Actualité oblige, le dossier PSA-Bolloré a été évoqué, et donc plus largement l'auto-partage. "Les conditions de ce partenariat restent à définir. Nous commencerons à Bordeaux et Lyon, et étudions une extension à Paris. Mais nous y trouvons un moyen de travailler sur les bases d'une taille conséquente", s'enthousiasme Brigitte Courtehoux. Elle précise ne pas avoir de contact avec Renault, autre partenaire d'affaires du groupe Bolloré à Lyon.
Elle s'est appuyée sur l'expérience menée à Berlin depuis presque trois ans pour donner son avis. Selon la dirigeante de la division Services connectés, "la rentabilité n'a pas encore été atteinte et sera difficile à atteindre", en dépit de l'augmentation de la clientèle, qui est désormais de 12000 personnes. Le service Citroën Multicity accuse d'abord le coût de la flotte, entièrement électrique (250 exemplaires de C-Zero), les problématiques de gestion des batteries en hiver et de la maintenance.
L'autopartage en BtoB, comme Nissan l'a annoncé la veille, est inscrit sur la feuille de route. Aucune date n'y est cependant annotée à côté. "Les besoins sont différents et les la consommation est elle-même différente, explique Brigitte Courtehoux. La problématique reste avant tout le coût et le ROI pour les entreprises clientes." Pour installer un dispositif d'accès sans carte hautement sécurisée, il faut compter 1000€ supplémentaires par véhicule, révèle-t-elle.
A propos du véhicule connecté
"Nous lanceront CarPlay en fin d'année et Android Auto par la suite", confirme-t-elle en ouverture du volet sur la voiture connecté. "Je ne suis pas extrémiste vis-à-vis de Google car ils savent apporter une expérience client, a-t-elle tenu à rappeler. J'estime qu'il nous appartient, en tant que constructeur, d'être meilleur qu'eux plutôt que de nous mettre sur la défensive". Tout en admettant que l'appétence du client est motivée par l'utilisation du smartphone.
PSA Peugeot Citroën fait du véhicule connecté un levier de fidélisation dans le futur, soit un canal de communication bidirectionnelle. Toutefois, en attendant l'entrée en vigueur de la loi sur l'appel d'urgence, en 2018, Brigitte Courtehoux enregistre un taux de monte que d'aucuns jugeraient relativement faible. Le système d'appel/SOS équipe 15% des VN et ceux d'infodivertissement (Peugeot Connect Apps et Citroën Multicity Connect) atteignent à peine les 5%, au cumul de la production. La faute à un choix technique qui complique l'argumentaire des commerciaux en concessions au moment de vendre le modèle économique. Pour mémoire, Peugeot et Citroën facturent la clé 3G (Bouygues) 359€. "Nous ne margeons pas, mais il y a un coût évident que le client a dû mal à accepter", analyse la dirigeante, qui laisse entendre que le schéma pourrait évoluer.
A propos des évolutions
De nombreuses pistes de développement demeurent à l'étude. De manière utopique, le constructeur se rêverait en solution de "porte-à-porte", intégrant toutes les solutions de mobilité. Les concessionnaires pourraient d'ailleurs "jouer un rôle", n'exclut pas Brigitte Courtehoux.
Quant à l'application MyDS et ses avantages Premium, comme la conciergerie, elle restera une exclusivité de Ligne DS, en Europe tout du moins. "En Chine, les trois marques en bénéficient", rappelle Brigitte Courtehoux.
La connectivité du parc roulant, et non des nouvelles immatriculations, "est à l'étude", mais aucune annonce n'est à faire pour l'heure. Les assureurs, eux, sont à l'affût, juge Brigitte Courtehoux. "Ils voient en cette évolution la possibilité d'analyser le comportement pour accroître leur visibilité sur la fraude. Cela s'avère plus précieux que le calcul de la prime au kilomètre."
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