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Constructeurs

Renault va remettre la main à la poche pour AvtoVAZ

Publié le 5 septembre 2016

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Depuis 2007, le pari russe de Renault ne cesse de lui coûter de l'argent. Le Français devrait injecter dans un premier temps 345 millions d'euros dans une augmentation de capital de 1,1 milliard d'euros annoncée par le Russe.

(AFP)

Le premier constructeur automobile russe, AvtoVAZ, en lourdes difficultés financières, a annoncé lundi que ses actionnaires, le Français Renault en tête, comptaient le renflouer à hauteur de plus d'un milliard d'euros pour le redresser alors que le marché local reste en berne. Réunis en assemblée générale extraordinaire le 10 octobre, les actionnaires du constructeur des Lada, dominés par l'Alliance Renault-Nissan et le conglomérat public russe Rostec, seront appelés à approuver une recapitalisation de 85 milliards de roubles (1,1 milliard d'euros au cours de lundi), a indiqué AvtoVAZ dans un communiqué.

Une première augmentation de capital de 25 milliards de roubles (345 millions d'euros) est prévue en décembre. Renault, qui a déjà placé au printemps l'un de ses cadres à la tête du constructeur russe, s'est dit prêt à en assurer la totalité. Il s'agit de montants considérables au vu de la capitalisation boursière actuelle de l'entreprise, autour de 16 milliards de roubles (221 millions d'euros). Ces fonds doivent "permettre à AvtoVAZ de financer son expansion ainsi que de répondre à ses engagements financiers", a-t-il expliqué.

La prise de contrôle, effective en 2013, de l'industriel basé à Togliatti, sur la Volga, constituait un pari important pour Renault-Nissan à un moment où le marché russe atteignait des records. Mais les ventes de voitures neuves ont plongé de moitié depuis, à cause de la récession qui a plombé le pouvoir d'achat des Russes, conséquence de l'effondrement des prix du pétrole et des sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. En dépit de mesures d'économies parfois critiquées par les pouvoirs publics russes, le constructeur a subi de lourdes pertes, qui ont pesé sur les comptes de ses actionnaires.

Interrogé par l'AFP, Renault s'est dit prêt, "si nécessaire", à couvrir la totalité de la première étape prévue en décembre. Selon le quotidien Vedomosti, cette opération devrait permettre à la marque française de voir sa part du capital passer de 37% à 70%. Concernant les étapes suivantes, elle pourrait intervenir sous la forme d'une conversion de dette en actions, a indiqué la même source.

Ce renflouement "est nécessaire" vu le niveau d'endettement du constructeur, a expliqué à l'AFP Vladimir Bespalov, analyste à la banque VTB Capital. "Avec cette augmentation de capital, la société retrouvera la capacité soit de trouver de nouveaux financements, soit de rembourser une partie de sa dette et d'investir pour son développement", a-t-il ajouté. Mais, "pour Avtovaz, ce qui est le plus important, c'est que le marché russe se reprenne pour pouvoir augmenter ses ventes et éventuellement exporter plus", a prévenu l'expert. Or, en dépit de signes de stabilisation de l'économie russe, les ventes automobiles restent orientées en forte baisse en Russie et les constructeurs tablent sur une nouvelle chute de 10% sur l'année.

Face aux pertes record subies par AvtoVAZ l'an dernier, Renault a remercié au printemps dernier son directeur général, le Suédois Bo Andersson, remplacé par l'un de ses cadres, Nicolas Maure, qui dirigeait jusqu'alors sa filiale à succès Dacia, basée en Roumanie. Il s'est vu confier la mission de poursuivre le renouvellement de la gamme des Lada pour relancer ses ventes, et poursuivre la réduction des coûts en prenant garde aux conséquences sociales et aux relations avec les fournisseurs locaux. Les autorités russes avaient peu apprécié les méthodes sociales jugées radicales de Bo Andersson, un ancien de General Motors, alors que l'entreprise a déjà perdu plus de la moitié de ses effectifs en moins de dix ans.

Depuis l'arrivée de Nicolas Maure, AvtoVAZ a privilégié le recours à la semaine de quatre jours. Dans un entretien à l'AFP fin août, Nicolas Maure a dit tabler sur un retour aux bénéfices en 2018. "On est sur le scénario d'un marché 2017 restant assez faible. Il faut continuer à se battre pour gagner des parts de marché, augmenter la profitabilité tout en développant les exportations", notamment vers le Proche-Orient et l'Afrique, a-t-il expliqué.

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