Renault Twingo II : La rupture

...qui a fait sa force.
Faire des voitures pour les clients ! Fini les voitures pour se faire plaisir. Voilà en substance ce qu'avait déclaré Carlos Ghosn dans la foulée de l'annonce du Plan 2009. Fini les Avantime ou Vel Satis, fini les "créations automobiles", place aux voitures à vendre ! Un impératif, certes, mais comment ne pas penser aux succès enregistrés par Renault ces 20 dernières années avec des produits "créatifs". Comment oublier l'Espace en 1984 (avec Matra), le Scénic en 1997 et… la première Twingo en 1993. Et cet OVNI automobile s'est vendu à plus de 2,4 millions d'unités ! Un chiffre d'autant plus remarquable que la Twingo, en 14 années de carrière, n'a jamais eu de mécanique Diesel ou de conduite à droite. En revanche, et c'est ce qui a notamment poussé Renault à la rupture, la Twingo s'est principalement vendue en France avec plus d'un million d'unités. Viennent ensuite l'Allemagne avec 500 000 unités et l'Italie avec 300 000. Un succès franco-français en somme que Renault veut faire perdurer mais également exporter avec cette nouvelle génération. Un schéma de business, dicté par le contrat 2009, qui semble avoir convaincu les investisseurs de la marque puisque l'action du groupe français n'a jamais été aussi haute en dépit de résultats commerciaux encore en retrait. En effet, Renault recule de 11,6 % en VP sur le mois de mai, ce qui représente depuis le début de l'année un repli de 13,5 % en VP. En ajoutant les VUL, Renault recule "seulement" de 10,7 %.
Un ticket d'entrée à 700 millions d'euros
Une page se tourne, la Twingo devient rationnelle et presque triste. Les clients seront les seuls juges. Renault est d'ailleurs convaincu qu'ils répondront présents, car cette nouvelle Twingo a été façonnée à coup de tests cliniques sur les principaux marchés européens. Des premiers tests qui avaient d'ailleurs conduit Carlos Ghosn à relancer le travail, notamment sur le design, qui explique les 9 mois de retard du modèle. Patrick Pelata nous avait d'ailleurs très bien résumé, durant le dernier Salon de Genève (JA N°994), le défi pour cette nouvelle Twingo : "La première a été recalée car elle ne plaisait qu'à peu de personnes lorsque nous l'avons passée en test clients. Ce manque de séduction aurait pu nous faire vivre un véritable cauchemar. Nous avons ainsi repris le travail le plus à la base possible en nous demandant finalement pour qui nous devions faire cette voiture. L'héritage de la première génération pesait tellement lourd que la discussion sur ce point avait été escamotée. Nous l'avons replacée au centre de nos préoccupations." Parmi les nouvelles missions confiées aux hommes du Technocentre, il fallait parvenir à gommer la perception de "voiture jouet" qui avait fermé les portes de certains marchés internationaux notamment auprès des jeunes. Un travail qui, au final, aura alourdi la facture d'une cinquantaine de millions d'euros. Puisque nous
LA TWINGO EN BREF15 juin Citadines du segment A. 45 000 Twingo I et II en 2007. 60 000 en 2008. - Toyota Aygo (3p) 1.0 VVT-i Up 68 ch : 9 550 € - Peugeot 107 (3p) 1.0 12v Trendy 68 ch : 9 700 € - Fiat Panda 1.2 60 ch Emotion : 10 200 € - Kia Picanto 1.1 EX Pack 65 ch : 11 050 € - Volkswagen Fox 1.4 Trend Pack Confort 75 ch : 11 290 € - Citroën C2 1.4i 75 ch Pack Ambiance : 12 800 € 7 990 € 1.2 60 ch 9 300 € 1.2 60 ch Authentique 11 350 € 1.5 dCi 65 Authentique 12 150 € 1.2 16v 75 ch Dynamique 14 000 € 1.2 TCE 100 ch GT 16 200 € 1.5 dCi 65 Initiale *Estimation JA. |
Quatre pays représentent 78 % des ventes du segment A
La Twingo va évoluer sur le segment A qui est encore l'un des rares segments traditionnels à progresser. Il pèse environ 8 % du marché européen avec environ 1 million d'unités. Un volume que se partagent principalement 4 pays. En effet, l'Italie, l'Allemagne, la France et l'Angleterre représentent 78 % de ce marché (voir graphe page 20). Renault veut bien évidemment fidéliser mais aussi conquérir de nouveaux marchés comme l'Angleterre ou l'Espagne. C'est d'ailleurs la première fois que la Twingo va s'attaquer au marché britannique puisque cette fois-ci elle pourra compter sur un volant à droite. En Espagne, la problématique n'était pas la même puisque la Twingo y était importée, mais elle n'a jamais vraiment séduit notamment à cause de son côté "jouet" et monospace. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Puis, la Twingo pourra compter sur une gamme très large. Plus rien à voir avec LA finition et LE moteur de 1993. Il n'y a pas moins de 6 finitions et 4 moteurs, pour l'heure, avec des tarifs s'échelonnant de 7 990 à 16 200 euros. De quoi répondre aux diverses attentes des clients, qu'ils aient 20 ans ou plus de 65 ans. Le premier des critères de choix pour ce type de voiture demeure la maniabilité. La Twingo malgré 17 cm de plus en longueur continuera de faire merveille en ville. Vient ensuite le prix. Et là, la Twingo peut répondre à de nombreux budgets. Certes, la version à 7 990 euros est dépouillée, mais elle jouera un rôle. Toutefois Renault ne se fait pas trop d'illusion sur son importance puisqu'il ne prévoit que 5 % du mix. Le best-seller devrait être la version 1.2 16v 75 ch en finition Dynamique avec près de 20 % des ventes. Parmi les autres critères souvent mis en avant, le design serait, selon Renault, seulement le 7e dans la liste. Mais alors pourquoi avoir "cassé" cette bonne bouille pour le 7e critère d'achat ? Bref.
De 113 à 140 g de CO2 rejetés par km
Au chapitre mécanique, là, l'ancien a eu le droit de côtoyer le nouveau puisque le 1.2 l, tant en version 60 ch que 75 ch, descend tout droit de l'aïeule. Mais la Twingo II gagne également une dynamique motorisation essence de 100 ch, le TCE, ainsi que, et c'est une première, une mécanique Diesel de 65 ch. Ce sont d'ailleurs elles que nous avons pu essayer. De la Twingo de 1993, il reste la poignée de porte et son design. Une fois à bord, tout change en mieux dans la plupart des cas. La sensation d'espace demeure même si le pare-brise est moins grand. La planche de bord et l'instrumentation centrale semble "bouffer" de l'espace mais après deux journées d'utilisation cette impression est gommée. Puis, le point essentiel : elle a conservé la modularité qui avait fait le succès de la première génération. La banquette coulissante est remplacée par des sièges indépendants capable de glisser sur 22 cm. Sur la route, le partage des nombreuses pièces avec la Clio II, dont les trains roulants, offre à la Twingo un bon comportement routier. Sur les routes parfois dégradées des montagnes slovènes, elle est restée sûre et confortable. Sûre, c'est d'ailleurs une volonté de Renault qui a fait le choix d'offrir même sur la finition de base l'ABS avec l'aide au freinage d'urgence et deux airbags. Ensuite, en montant en gamme, ils peuvent être six au maximum puis l'ESP devrait être disponible (sûrement en option) d'ici quelques mois. Il en va de même avec les équipements de confort où la Twingo peut proposer des raffinements de segments supérieurs. Elle se veut également écologique avec des émissions de CO2 qui ne dépassent pas 140 g/km. Le bloc Diesel, 1.5 dCi 65 ch, ne rejette même que 113 g/km grâce à une consommation mixte de 4,3 l aux 100 km en cycle mixte. Une mécanique qui se montre franchement agréable à l'usage et qui permettra à Renault d'attaquer les flottes plus facilement. Quant au petit 1.2 TCE 100 ch, s'il se révèle également très agréable, il ne transforme pas une Twingo GT en petite sportive. Pour cela il faut faire preuve d'un peu de patience puisque Renault a d'ores et déjà annoncé une Twingo Renault Sport.
Au final, la rupture n'est peut-être pas aussi forte que le design le suggère. La Twingo II réussit à conserver de nombreux atouts tels sa modularité ou son espace intérieur. Mais il est vraiment dommage que sa banalité la prive d'une vraie lutte avec un mythe renaissant : la Fiat 500. Car contre elle, c'est sûr, le design, même 7e critère d'achat, va faire la différence.
Christophe Jaussaud
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