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Constructeurs

Renault se branche enfin !

Publié le 28 octobre 2011

Par Alexandre Guillet
6 min de lecture
Après deux -longues- années de communication effrénée, Renault s’apprête à mettre à la route ses premiers modèles électriques. Si la Fluence électrifiée n’est clairement pas adressée aux marchés historiques, le Kangoo ZE semble bien né et rêve de devenir un allant de soi pour les flottes.

Alors que Frost&Sullivan et IHS se contentent d’une indécise fourchette entre 2 et 5 % et que Xerfi ou Deloitte sont plus arides encore, à 2 %, voire moins, Renault n’en démord pas et affirme que les véhicules électriques représenteront 10 % des ventes en 2020. “Ce sont effectivement des estimations internes, mais nous les confirmons”, indique Thierry Koskas, directeur du programme véhicules électriques de Renault, avant de reprendre le chant liturgique de Carlos Ghosn concernant l’inexorable augmentation du prix du pétrole et par extension, des carburants à la pompe.

Le groupe confirme aussi son ambition de voir rouler 1,5 million de véhicules électriques au losange sur les routes du globe d’ici 2016, sans pour autant donner une ventilation précise des ventes par modèle. On sait toutefois que sur les quatre lancements d’ores et déjà programmés, le Kangoo et Zoé seront les modèles de volume. Et enfin, après plus de deux ans de fanfare marketing et communication, Renault va commercialiser ses premiers véhicules électriques, Fluence ZE et Kangoo ZE. Deux fers de lance de nature bien différente et qui n’ont pas les mêmes visées géographiques et volumétriques.

Pas de coffre, mais quelques traits de style

La Fluence, berline qui ne fut pas conçue pour les marchés matures, se pare donc d’une version électrique et gagne du même coup 13 cm. Le prix à payer pour conserver l’espace intérieur. Par espace intérieur, entendez l’habitacle, car pour le coffre, force est de constater que ce n’en est plus vraiment un, logement des batteries de 280 kg oblige. Si le design n’a pas évolué par rapport à la version thermique, les équipes du style ont cependant cherché à la typer véhicule électrique, notamment avec un bleu dilué qui traduit symboliquement la “green attitude”. Avec une certaine réussite, comme en témoignent les blocs optiques déclinant le motif du moucharabieh dans un enchevêtrement de losanges et avec un traitement empreint de modernité japonaise. Dans l’habitacle, les compteurs évoluent naturellement pour intégrer les informations propres à un véhicule électrique.

Tous les avantages connus d’un véhicule électrique

D’une manière générale, la Fluence ZE est très agréable à conduire, reprenant tous les atouts désormais connus du VE, à savoir un grand silence (réduction des nuisances acoustiques de l’ordre de 50 % par rapport à son homologue thermique), de franches accélérations et le freinage régénératif. Sa limite réside bien entendu dans l’autonomie, homologuée à 180 km, mais pouvant descendre à 80 km dans des conditions extrêmement défavorables.

Toutefois, dans un contexte “normal” et avec une conduite apaisée, on peut dépasser les 200 km d’autonomie, ce que Renault ne souhaite pas trop faire savoir, afin de ne pas pousser à la tentation et d’éviter des déconvenues que le bouche à oreille pourrait exagérément amplifier. Au niveau des tarifs, Renault respecte sa ligne de conduite consistant à aligner les prix sur le modèle Diesel équivalent, un pari relevé grâce aux aides de l’Etat. La Fluence s’affiche donc à 20 900 euros (finition Expression) ou 21 900 euros (finition Dynamique), montant auquel il convient d’ajouter le loyer mensuel des batteries de 82 euros.

La Fluence ZE revisite le principe de la pré-vente

Toujours produite à Bursa, en Turquie, la Fluence ZE sera commercialisée en France et en Israël avant la fin de l’année, puis en Australie, à la Réunion et à Singapour courant 2012, avant de gagner l’Europe dans son ensemble. Entendons-nous bien, il ne faut pas juger cette Fluence avec des yeux de Français et ses volumes seront très faibles dans l’Hexagone. “Cette voiture s’adresse à des marchés précis et pour le marché français en tant que tel, nous ne l’aurions tout simplement pas faite”, reconnaît d’ailleurs Thierry Koskas. En revanche, elle a déjà été pré-vendue en Israël, via les accords conclus depuis longtemps déjà avec Moshé Kaplinsky, militaire de carrière israélien qui a pris la tête de Better Place Israël, au Danemark et en Australie. Les différents accords portent sur plus de 100 000 voitures au total. Les flottes seront naturellement majoritaires, même si Renault estime la part potentielle des particuliers à 30 % environ.

Kangoo ZE, un coup d’avance

Le second modèle qui fera son apparition dans les showrooms avant la fin de l’exercice en France, puis dans le reste de l’Europe en 2012, est bien plus prometteur pour nos contrées. En effet, le Kangoo ZE, qui sera produit dans l’usine de Maubeuge, est parfaitement abouti, d’autant que les batteries n’entravent en rien le potentiel de charge et que l’autonomie de 170 km répond aux usages attendus. Disponible en trois versions (Kangoo ZE, Maxi ZE 2 places, Maxi ZE 5 places), il permettra à Renault de défendre ses 15,9 % de parts de marché en Europe sur ce segment, avec une longueur d’avance sur les vieillissants Berlingo et Partner issus de la collaboration PSA/Venturi et Fiat Doblo micro-vett.

Seul le Ford Transit Connect Azure Dynamics fait pour l’heure figure de concurrent comparable. Pour faire fructifier son coup d’avance, comme dirait… Philippe Varin, Renault peut s’appuyer en France sur un réseau en ordre de marche, articulé autour de 204 centres Renault ZE et de 172 centres experts VE. Récemment réunie à Séville, la force commerciale est donc formée, ou pour le moins sensibilisée, au nouvel argumentaire de vente. Au premier rang duquel on peut faire figurer le prix, compris entre 15 000 et 17 000 euros (aides déduites et hors loyer mensuel de 72 euros pour les batteries) selon les versions. A condition que le dangereux jeu des remises, dans lequel Renault est le premier concerné comme en témoigne la récente série Ovalie du… Kangoo, ne vienne pas court-circuiter le schéma initial. A condition aussi de faire vite car la concurrence, PSA en tête pour le marché hexagonal, va rapidement réagir.

Comme pour Fluence, Renault a déjà pré-vendu un volume significatif de véhicules et devrait notamment livrer 15 600 Kangoo ZE via l’Ugap à l’Etat ou des entreprises publiques (La Poste, Veolia, EDF). Renault estime que la clientèle des flottes représentera près de 80 % des ventes et celle des artisans/commerçants près de 20 %.

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