Renault revendique sa place sur Equip Auto

Le deuxième opus des aventures de Monsieur Richard, Fabrice de son petit nom, support de communication après-vente de Renault, vient de sortir sur les écrans. Et il crée le “buzz”, à en croire les commentaires enthousiastes de Guillaume Josselin, le patron du marketing de Renault France, qui en découvrait à Francfort les premiers résultats. Un signal important pour le constructeur, dont les démêlés avec les organismes professionnels représentant les indépendants se déroulent à la manière d’un feuilleton télévisuel.

Après la manifestation de colère des indépendants sur le “Qui mieux que Renault peut réparer votre voiture” auquel a dû se substituer un “Qui mieux que Renault peut réparer votre Renault”, plus judicieux, la marque a continué d’occuper le terrain médiatique. Et pour Bernard Cambier, directeur commercial France, leurs films publicitaires jouent le jeu de la concurrence : “Ce qu’il faut noter, c’est que nous faisons ce film de manière extrêmement sympathique - c’est tout au moins notre objectif - et humoristique, et non pas de manière agressive comme nous avons pu le voir dans d’autres campagnes.” Laissons les uns et les autres se faire une opinion sur cette profession d’angélisme, et évoquons plutôt le redoublement de concurrence sur le secteur de l’après-vente dans lequel Renault entend bien conserver sa place, et même plus.

Une concurrence exacerbée

“Nous sommes dans un monde de concurrence de plus en plus forte et nous devons garder notre part de marché. Il est même de notre devoir de commerçant de toujours chercher à augmenter notre part de marché”, commente sans ambages Bernard Cambier. Et la bataille fait rage sur les véhicules de plus de 4 ans, espace dans lequel se sont installés les MRA sous enseignes et les fast-fitters qui ont dépassé l’activité de remplacement des seuls pots d’échappement et de plaquettes de frein pour s’attaquer à la révision constructeurs, boostés par les décisions de la Commission européenne.

C’est sur cette tranche d’âge du véhicule que Renault devient de plus en plus incisif : “Nous devons être dynamiques et agressifs en après-vente parce que le marché est encore très important. Le gros de notre chiffre d’affaires est assuré par des véhicules récents ; or la plus grosse partie du chiffre d’affaires, en rechange, se porte sur les véhicules de plus de 4 ans. C’est donc que nous pouvons encore largement progresser et il n’y a aucune raison que nous ne le fassions pas. Nous avons de plus en plus de compétences, et nous savons tous qu’avec de la compétence et une dynamique commerciale, nous arrivons à bien progresser en après-vente.” Renault a d’ailleurs identifié quelque 19 métiers exercés dans le réseau, qui peuvent donner lieu à des bilans de compétences. Renault Academy se charge des bilans et de proposer des formations, soit pour combler des manques soit qualifiantes, et pour celles et ceux dont le profil ne correspond pas suffisamment au poste, d’autres pistes leur sont soumises.

De même, sur Francfort, le constructeur a réaffirmé sa capacité à suivre jusqu’au bout sa stratégie sur le véhicule électrique et, plus généralement, sur les nouvelles technologies. En effet, Renault a annoncé qu’à la fin du mois de septembre, 370 concessionnaires auront investi un montant d’environ 27 millions d’euros en installations dédiées au véhicule électrique. Sans compter les formations adéquates déjà effectuées, selon Bernard Cambier : “Au-delà de cet investissement en matériel, il y a également celui en formation, qui est presque terminé pour ces 370 points de vente, d’entretien et de maintenance des véhicules électriques.”

La pièce de carrosserie toujours chaude…

La pièce fait toujours débat… et enjeu ! Demandant au directeur commercial de Renault France si la crise n’avait pas poussé les constructeurs à se tourner davantage sur d’autres sources de revenus que le produit automobile, sa réponse s’est hissée à la hauteur de l’impertinence de la question : “La marque Renault a toujours été, et depuis l’origine, c’est dans nos gènes, très dynamique en après-vente. Et d’ailleurs, en développant la fonction grossiste ! Nous sommes d’énormes revendeurs, et ce n’est pas la crise qui nous a poussés à nous développer. Nous occupons un terrain - et c’est ce qui est important - sur lequel nous sommes légitimes. Il n’y a aucune raison que l’on abandonne une partie de ce terrain à nos concurrents. Nous continuons à prendre des parts de marché, à progresser, c’est indispensable pour le réseau. Quant au constructeur, c’est son métier !” Bernard Cambier n’évoquera qu’un regret sur la pièce Motrio, pièce adaptable à laquelle ne penserait pas forcément assez le réseau, “trop habitué à vendre de la pièce d’origine”.

A ses débuts, la pièce Motrio avait pour mission de cibler toutes les marques arrivant dans les ateliers des concessionnaires ou réparateurs agréés Renault, puis a servi comme deuxième choix pour les véhicules anciens, “le défi parc ancien”. “Ils ont du mal à changer de discours en fonction du type de véhicule qu’ils ont en face d’eux. Le potentiel est cependant considérable et nous allons pouvoir progresser dans ce domaine”, ajoute Bernard Cambier. D’un autre côté, proposer plusieurs gammes de prix sur les pièces, en dehors de se positionner face à la concurrence, serait aussi d’une certaine manière lutter contre la contrefaçon, “même si nous n’avons pas beaucoup de contrefaçon en France”, ajoute-t-il. Une bonne occasion d’évoquer la pièce de carrosserie et la loi de protection des dessins et des modèles.

Question sensible qui provoque une réaction à sa mesure : “Lorsque Apple attaque Samsung pour copie de design et gagne, nous, nous devrions concevoir un capot de voiture avec tout notre savoir-faire et autoriser tout le monde à le copier et à le fabriquer ? Nous avons un droit naturel sur les pièces de carrosserie : qui plus est, si nous dépensons des millions d’euros en tests divers pour protéger la sécurité de l’automobiliste, ce n’est pas pour laisser n’importe qui les dupliquer dans une fabrication de mauvaise qualité. Et si nous supprimons notre droit de dessins et modèles, cela supprimera des centaines d’emplois. Est-ce que c’est ce que nous voulons en Europe ? C’est au législateur de décider.” Les échanges devraient donc être animés sur Equip Auto…

Renault légitime sur Equip Auto

Renault sera représenté sur le salon Equip Auto et fera également la promotion du réseau des réparateurs Motrio (1 200 points) et d’Ixell, leur marque de peinture. L’autre constructeur français, PSA, a décidé de rejoindre les rangs de la manifestation après quelques atermoiements. L’après-vente sera ainsi représentée dans toutes ses facettes. Pour Bernard Cambier, exposer sur Equip Auto s’est toujours imposé : “Tous nos concurrents y sont et, quand je parle de concurrents, je pense aux fast-fitters, aux groupements comme l’Autodistribution. Il me paraît important que nous montrions, nous aussi, notre savoir-faire parce qu’il y a tout un marché qui nous intéresse, celui des agents Renault, bien sûr, mais aussi nombre de MRA à qui nous devons présenter notre compétence. Nous sommes le premier intervenant - global - dans l’après-vente, ne l’oublions pas.”

Renault mettra également en avant sa fonction grossiste, qu’illustre notamment la Sodicam, avec 450 personnes. Le directeur commercial France aurait bien voulu être encore plus présent, mais pression budgétaire oblige, leur participation sera moins importante qu’avant : “Compte tenu de la situation économique, nous nous devons d’être plus “frugal” dans nos dépenses et investissements. Nous aurons un stand plus modeste qu’il y a quatre ans, tourné essentiellement vers Motrio et Ixell, en plus d’un stand réceptif pour accueillir les agents Motrio.”