S'abonner
Constructeurs

Renault négocie la cession d'Avtovaz à un institut scientifique russe

Publié le 28 avril 2022

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Le constructeur devrait céder sa participation dans Avtovaz ainsi que son usine de Moscou à un institut scientifique appartenant à l'Etat russe, le Nami, pour un rouble symbolique. Renault a déjà provisionné dans ses comptes 2,2 milliards d'euros correspondant à cette cession.
Renault devrait céder Avtovaz à un institut scientifique appartenant à l'Etat russe pour un rouble symbolique.

L'information ne vient pas de Renault mais du ministre de l'Industrie et du Commerce russe, Denis Manturov lui-même. "Renault est en négociation pour vendre sa participation dans le constructeur automobile AvtoVaz à un institut scientifique russe spécialisé dans l'automobile", a-t-il déclaré. "Faute de fonds pour maintenir ses activités en Russie, Renault a décidé de céder les parts d'AvtoVaz et d'Avtoframos [son usine de Moscou qui produit des Renault Kaptur et Duster]."

 

Arrêter de brûler du cash

 

Un mois après la suspension de ses activités russes, dont la décision est intervenue le 23 mars 2022, Renault abandonne donc la partie. Depuis cette date, les usines alternent entre périodes de fermeture avec le paiement de ses salariés en chômage partiel et quelques jours d'activités. Mais la législation russe ne permet pas à une entreprise de stopper la production sans paiement du chômage partiel sous peine d'être accusée de banqueroute frauduleuse.

 

Brûler du cash pour un avenir plus qu'incertain sur le marché russe n'est définitivement pas dans les moyens du constructeur français. Renault emploie 41 000 salariés en Russie et "fait vivre des centaines de milliers d'autres salariés dans son environnement", comme l'avait indiqué Luca de Meo, directeur général du groupe et élu Homme de l'Année du Journal de l'Automobile.

 

A lire aussi, Luca de Meo : "Je veux positionner Renault comme une entreprise qui fait bouger les lignes"

 

Mais l'objectif, même difficilement envisageable à ce jour, serait également de ne pas fermer complètement la porte du marché russe. Ainsi, une option de rachat possible pendant "cinq ou six ans", pourrait être ajoutée, toujours selon Denis Manturov.

 

15 ans d'investissements qui disparaissent

 

C'est le Nami, un institut scientifique qui dépend de l’État russe, qui va prendre les 68 % du capital détenus par Renault. Les 32 % restants sont maintenus entre les mains de Rostec. Ce géant de l'industrie militaire russe, dirigé par Serguei Chemezov, ne pouvait monter au capital du constructeur étant lui-même frappé par les sanctions économiques des occidentaux.

 

Cette cession du capital a déjà été provisionnée dans les comptes de Renault. Le groupe a enregistré 2,2 milliards d'euros de provisions à la fin du mois de mars 2022. Soit peu ou prou l'investissement réalisé par Renault, depuis 2013, quand, à l'époque, Carlos Ghosn, avec le soutien de Vladimir Poutine, avait décidé la reprise d'Avtovaz et de ses mythiques Lada.

 

A lire aussi : L'usine ActoVaz de Togliatti au bord du gouffre

 

Mais jusqu'en 2019, AvtoVaz perdait de l'argent : les difficultés économiques du pays et le redressement de l'usine ont pénalisé pendant près de 15 ans le constructeur. En 2016, Renault injectait une nouvelle fois près de 345 millions d'euros dans l'entreprise. Et il avait fallu attendre 2019 pour que le constructeur russe engrange des bénéfices.

 

En 2021, ce dernier a commercialisé près de 480 000 véhicules sur le marché russe, soit 18 % des volumes totaux du groupe Renault (juste derrière la France avec 19 % des ventes). AvtoVaz représentait la moitié du bénéfice opérationnel de la division automobile du groupe, avec 247 millions d'euros, presque à égalité avec le bénéfice de Renault (260 millions d'euros en 2021) !

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle