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Constructeurs

Renault Kadjar : Aux âmes bien nées…

Publié le 1 juillet 2015

Par Christophe Jaussaud
8 min de lecture
Après le Captur sur le segment B, Renault s’attaque à l’univers, tout aussi disputé, des crossovers compacts. Avec le Kadjar, cousin germain du Qashqai, le constructeur français veut bouleverser l’ordre établi.

Ce n’est pas une surprise, les ventes de crossovers, à l’échelle de la planète, ne cessent de progresser. Il est donc naturel que Renault veuille sa part du gâteau, d’autant que l’un des plus forts en la matière est son allié Nissan. Il est également logique que le Kadjar affiche 60 % de pièces communes avec le Qashqai car tous deux reposent sur la plate-forme CMF développée par les ingénieurs des deux constructeurs dans le cadre de l’Alliance. Ainsi, les trains roulants, les mécaniques ou encore le système quatre roues motrices sont similaires. Cela étant, Renault précise immédiatement que 95 % des pièces visibles sont différentes. Il devrait en être de même avec le prochain crossover de la gamme Renault, le remplaçant du Koleos, dont les similitudes techniques avec l’X-Trail devraient être nombreuses. Mais revenons au Kadjar et à ses ambitions sur le segment C. Pour situer les enjeux, en 2014, le segment C a encore représenté plus de 5 millions d’immatriculations sur notre continent et affiche la plus forte croissance parmi les carrosseries disponibles, SUV et autres crossovers, avec 27,7 % d’augmentation en un an, soit un total d’environ 1,5 million d’unités écoulées. La progression est similaire à l’échelle de la planète avec + 27,3 %, permettant aux SUV du segment C de totaliser 9,1 millions d’unités. Pour tirer le meilleur parti de cette croissance, Renault va donc distribuer le Kadjar dans plus de 70 pays. En attendant 2016, année de son lancement et de son industrialisation en Chine, c’est l’usine de Palencia, en Espagne, qui va alimenter les principaux marchés. Une idée du volume de ventes ou de production ? Renault n’a donné aucun chiffre, mais IHS Automotive a estimé que la production du Kadjar pourrait atteindre 78 000 unités en 2015 et 120 000 en 2016. Sans doute de quoi viser le podium européen de la catégorie.

Le style au cœur des préoccupations

La base technique du Kadjar est donc connue et aucune mauvaise surprise n’est venue assombrir l’horizon. Son retard relatif lui a même permis d’apporter des réponses plus adaptées, comme un volume de coffre plus généreux (527 litres). Mais le Kadjar, c’est un design avant tout. Laurens van den Acker s’est battu pour conserver les traits des premières esquisses. Dès le début du projet, le style a été au cœur des préoccupations, comme nous l’explique Valérie Brusseau, responsable conception architecture et démarrage montage nouveau véhicule, dans l’entretien ci-contre. Les économies d’échelle ont ainsi permis de soigner les différences du modèle, mais aussi sa présentation et ses équipements. Easy Park, freinage actif d’urgence, alerte de sur-vitesse, lecture des panneaux, avertisseur de franchissement de ligne, avertisseur d’angle mort, etc., font partie de la liste des “Assist”. Au chapitre connectivité, le Kadjar reprend la tablette R-Link 2 déjà disponible sur l’Espace. Sous le capot, pas de révolution. C’est d’ailleurs l’un des rares domaines où le Kadjar n’est pas souverain. Pour l’heure, l’offre se limite à trois blocs, l’un essence, le 1.2 Tce 130 ch (126 g/km), et deux Diesel avec le petit 1.5 dCi 110 ch (99 g/km) et le 1.6 dCi 130 ch (113 g/km). Pourquoi ne pas proposer des blocs plus puissants ? Renault affirme que 95 % des ventes se font en moins de 150 ch. Cela étant, pour certains marchés, le constructeur devrait proposer courant 2016 un bloc essence 160 ch. Quant à un Diesel plus puissant, il a répondu par la négative, même s’il semble logique que la version 160 ch du 1.6 dCi, qui équipe déjà l’Espace, entraîne un jour deux ou quatre roues du Kadjar.

Pas seulement un look

Si Renault a fait, pour l’heure, l’impasse sur des puissances supérieures à 130 ch, il propose en revanche une transmission intégrale sur le dCi 130. Le Kadjar n’aura donc pas seulement le look d’un baroudeur, il peut, même s’il n’a rien d’un franchisseur, s’aventurer tranquillement hors des sentiers battus avec sa transmission intégrale et sa garde au sol de 200 mm. Contrairement au Captur, cette offre quatre roues motrices est indispensable, selon Renault, pour se positionner en “out-door” sur les marchés internationaux. L’essentiel restant “de pouvoir le faire” dans l’esprit des clients. Pour ceux qui n’en voudraient pas tant, Renault propose une version intermédiaire deux roues motrices avec motricité renforcée grâce à l’Extended Grip. L’offre est donc complète, pragmatique, et il est difficile de ne pas imaginer le succès pour le Kadjar. Le taux de conquête sera important, mais ne va-t-il pas aussi faire grand tort au Scénic ? S’il ne va sans doute pas le tuer, il peut sérieusement lui compliquer la vie. Même si Renault affirme qu’il y a de la place pour les deux car si le design reste le premier critère pour l’achat d’un crossover, la fonctionnalité et l’habitabilité priment pour les acheteurs de monospaces compacts.

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EN BREF - Le Kadjar

Date de lancement
1er juin
Segment de marché
Segment des SUV Compacts
Objectifs*
40 000 en année pleine en France
Principaux concurrents du Kadjar Energy 1.6 dCi 130 ch Zen : 29 300 €
• Peugeot 3008 1.6 BlueHDi 120 ch Active : 28 800 €
• Nissan Qashqai 1.6 dCi 130 ch Acenta : 29 300 €
• Volkswagen Tiguan 2.0 TDi 150 ch : 30 690 €
Prix
Essence - de 22 990 à 28 100 €
Diesel - de 26 000 à 33 800 €

*Estimation JA

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QUESTIONS À… Valérie Brusseau, responsable conception architecture et démarrage montage nouveau véhicule.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Le Kadjar partage beaucoup avec le Qashqai, où avez-vous mis votre “patte” ?
VALERIE BRUSSEAU.
Bien que le Kadjar partage effectivement 60 % de ses pièces avec le Nissan Qashqai, sa filiation avec l’ADN Renault ne fait aucun doute. Nous avons par exemple travaillé sur le confort d’assise, qui participe grandement à la sensation de confort, mais joue également un rôle important dans la perception du comportement routier. Ainsi, même si les armatures des sièges sont communes, les ingénieurs ont travaillé sur le dimensionnement et les spécificités des mousses, il y en a deux différentes, pour rendre le Kadjar fidèle à l’ADN de la marque.

JA. Doit-on voir ces pièces communes comme une simple réduction des coûts ou y a-t-il une redistribution des économies ?
VB.
Ce type d’économies d’échelle nous permet effectivement de mettre davantage de moyens sur ce qui constitue les fondamentaux de la marque, mais aussi sur ce qui est indispensable aux yeux des clients. Le design fait partie de ces piliers incontournables, comme les aides à la conduite ou encore l’habitabilité et la fonctionnalité. Sur ce dernier thème, nous avons pu proposer un système issu de la génétique des breaks, qui permet de largement moduler le volume du coffre et, si besoin, d’offrir un plancher plat.

JA. Quel a été l’élément essentiel, incontournable, que les ingénieurs ont dû préserver à tout prix ?
VB.
L’élément essentiel a été le design. Tout l’art des ingénieurs de Renault a été de conserver la pépite stylistique livrée par les studios de Laurens van den Acker. D’ailleurs, lui-même souligne que nous n’avons absolument pas dénaturé le style initial du Kadjar aperçu dès les premiers croquis.

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QUESTIONS À… André Abboud, directeur de programme Segment C.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. A quels enjeux vient répondre l’offre du Kadjar ?
ANDRÉ ABBOUD.
A l’échelle mondiale, les crossovers n’en finissent plus de gagner des parts de marché. Aujourd’hui, une voiture sur quatre vendues sur notre planète est un crossover. Renault se devait donc de construire une gamme de crossovers. Nous avions Koleos, nous avons lancé le Captur il y a deux ans, et c’est au tour du Kadjar aujourd’hui. Ce véhicule a été pensé dans une optique internationale, pour jouer un rôle majeur sur le marché des crossovers du segment C duquel nous étions absents jusqu’ici. Avant qu’il soit fabriqué et lancé en Chine en 2016, l’usine de Palencia, en Espagne, va alimenter les pays européens, mais aussi ceux du pourtour méditerranéen comme la Turquie, l’Egypte, le Maroc ou encore l’Algérie.

JA. La croissance des crossovers est déjà notable depuis de nombreuses années, pourquoi arrivez-vous si tard ? Avez-vous dû attendre, par exemple, la nouvelle plate-forme CMF ?
AA.
Une fois la décision prise de bâtir cette gamme, il faut nécessairement du temps pour que de tels produits deviennent une réalité. Compte tenu de cela, nous avons choisi de débuter par le Captur et le segment B.

JA. Pour beaucoup de constructeurs, les ventes de SUV et autres crossovers atteignent 30 %. Est-ce un seuil possible ou souhaité chez vous ?
AA.
Nous n’avons pas une telle approche. Nous n’allons pas nous demander quel sera le poids du Kadjar dans la gamme car nous allons couvrir le segment C avec de nombreux modèles que sont les Mégane, Mégane Break, Scénic, Grand Scénic et aujourd’hui le Kadjar. Nous voulons simplement nous attaquer au marché des crossovers compacts et nous en tailler une part.

JA. IHS, un cabinet d’analyse automobile, tablait sur un volume de production de 120 000 unités en 2016 ? Ce volume vous paraît-il plausible ?
AA.
Pas de commentaire.
 

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