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Constructeurs

PSA ou la découverte de l’ADN

Publié le 3 décembre 2004

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
PSA Peugeot-Citroën vient d'inaugurer son nouveau centre de design, l'ADN. Un investissement de 130 millions d'euros qui a permis de réunir les domaines du style, de l'architecture et du marketing. Dans ce vaisseau de béton et de lumière, les équipes de style de Peugeot et de Citroën conçoivent...
PSA Peugeot-Citroën vient d'inaugurer son nouveau centre de design, l'ADN. Un investissement de 130 millions d'euros qui a permis de réunir les domaines du style, de l'architecture et du marketing. Dans ce vaisseau de béton et de lumière, les équipes de style de Peugeot et de Citroën conçoivent...

...d'ores et déjà l'avenir des deux marques et fonctionnent sur le mode élastique du "si loin, si proche".


En mars 1999, les dirigeants de PSA, Jean-Martin Folz en tête, décident de créer un nouveau centre de design dédié aux deux marques du groupe. Après avoir retenu la proposition de l'atelier Jacques Ripault et Denise Duhart dans son concours d'architecture, PSA peut sonner l'ouverture du chantier à l'orée de l'année 2001. Un peu plus de trois ans plus tard, les premières équipes du groupe prennent leur quartier dans ce bâtiment policé et sans surprise. Et en octobre dernier, PSA inaugure en grande pompe l'ADN, c'est-à-dire l'Automotive Design Network. Derrière cet anglicisme de parade marketing, jouant sur les connotations de l'ancrage historique et de la transmission d'un patrimoine, se cache un espace de 70 000 m2 accueillant les unités de style de Peugeot et de Citroën et censé engendrer une collaboration plus efficace entre la direction plateformes techniques et achats et la direction innovation et qualité. Les postulats initiaux qui présidèrent à la création de l'ADN consistaient à "regrouper les styles des deux marques pour mieux exalter leurs différences esthétiques et architecturales" et à "mettre en commun des moyens techniques pour la réalisation de véhicules en amont de leur développement industriel". Si le site de Vélizy regroupe désormais les domaines du style, de la technique et du produit, et qu'il doit ainsi favoriser le travail en équipe, l'étude des différents organes mécaniques (moteurs, transmissions, trains roulants…) continuera d'être effectuée à La Garenne-Colombes. Par ailleurs, la synthèse des futurs produits sera partagée entre Vélizy et Sochaux par le biais de la banque d'organes et des plateformes utilisées par les ingénieurs du groupe pour développer les futurs modèles des marques.

Un lieu pleinement dédié aux départements de style et à leurs process de travail

L'équipe du style Citroën fut parmi les premières à intégrer l'ADN. Avec bonheur. "L'organisation de l'espace et des équipements est en parfaite adéquation avec les process de notre unité. On peut dire que le centre est vraiment fait pour nous", s'enthousiasme ainsi Jean-Pierre Ploué, directeur du style Citroën. En fait, l'organisation du bâtiment suit la logique du développement d'un véhicule de façon très prosaïque. Elle se décline en six niveaux répartis dans trois grands étages principaux. Le rez-de-jardin réunit les ateliers communs, parmi lesquels on peut mettre en avant les ateliers de fabrication des prototypes, les plateaux "carrosseries", les "systèmes habitables" et le système de visualisation "Cave". Ce dernier exploite les dernières technologies virtuelles et permet ainsi de minimiser le recours aux prototypes réels, optimisation des délais et des coûts oblige. La salle "Cave" est utilisée pour l'évaluation des espaces intérieurs des véhicules et de leur aménagement, mais aussi pour la mise au point des processus industriels, comme la simulation des postes de travail en usine par exemple. Le rez-de-chaussée accueille les "plateaux projets" où évoluent les ingénieurs. Le quatrième niveau correspond quant à lui au sacro-saint plateau du style, subdivisé en trois familles : Peugeot, Citroën et l'unité dédiée aux coopérations avec d'autres marques. Enfin, le niveau supérieur est le théâtre des présentations qui peuvent être réalisées soit à la lumière naturelle, soit dans un cyclorama d'une capacité de neuf voitures. Au chapitre des équipements, outre le Cave, l'ADN abrite le dispositif Holobench, qui sert, en avance de phase générique, pour la simulation de travaux dans des environnements restreints, comme celui du moteur par exemple. Il permet notamment d'étudier le montage et le démontage des composants mécaniques. Profitant de l'évolution du logiciel Catia et de la collaboration du groupe avec Dassault Système, l'Holobench jouit désormais d'une importance névralgique. On peut aussi mentionner l'écran échelle 1, complémentaire du Cave, dans le cadre de la présentation du style extérieur et de l'architecture générale des véhicules. Au total, le projet ADN a nécessité un investissement de 130 millions d'euros. Il accueille 1 100 personnes, dont 900 permanents.

Vu la localisation de l'ADN, l'ouverture de studios de style satellites est envisageable

D'un point de vue plus stratégique, il appert que l'ADN témoigne d'une évolution des mentalités au sein de PSA Peugeot-Citroën. Le design revêt ainsi une nouvelle importance dans l'organisation industrielle du groupe. La méfiance parfois métissée d'incompréhension, voire pis encore, vis-à-vis du styliste, longtemps considéré à l'aune du poncif de "la diva capricieuse", s'est érodée pour se muer en respect et en intégration complète du designer industriel. Une évolution positive et de prime abord évidente qui fut cependant longue à se dessiner. Ces dernières années, elle fut aussi favorisée par les tendances du marché qui confèrent désormais au design le statut de motivation significative pour l'achat d'un véhicule. L'ADN vient donc formaliser cette évolution. Et on ne peut s'empêcher de penser que PSA rejoint ainsi Renault, pour ne parler que des constructeurs français. La vision de Patrick le Quément fait école. Il y a sans doute lieu de se réjouir. Enfin, on peut légitimement émettre une réserve : alors qu'on nous parle avec insistance de la nécessité du brassage culturel et de l'ouverture sur le monde pour les designers, la localisation de l'ADN laisse un brin songeur. Vélizy n'est pas loin de Paris, mais ce n'est pas Paris et le décorum de l'immense Usines Center et de la base aérienne militaire de Villacoublay apparaît comme une source d'inspiration plus névrotique que cosmopolite… Bref, PSA devrait s'inspirer de la plupart de ses concurrents, Renault et ses centres satellites, Audi à Munich ou encore récemment Volkswagen à Berlin par exemple, pour créer un ou plusieurs studios de design dans des villes effervescentes du globe.

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