PSA ferme Ryton
...ce ne sont pas les usines d'Europe de l'Est qui seraient fermées". Ces quelques mots de Jean-Martin Folz, lors d'un récent voyage en Chine, se confirment mais sans réellement surprendre. En effet, depuis que le groupe a annoncé que la 207 ne serait pas produite à Ryton mais à Poissy, Madrid et Trnava, le site anglais était en sursis. La seule usine anglaise de PSA, acquise en 1978 avec les actifs de Chrysler Europe, cessera donc de produire des Peugeot au cours du second semestre 2007. Le communiqué de la marque est clair : "ce projet fait suite à une analyse approfondie de l'outil industriel européen du groupe, conduite en 2006, qui confirme les faiblesses du site de Ryton : des coûts de production et de logistique élevés qui ne permettent pas de justifier les investissements nécessaires à la production d'un nouveau véhicule après la 206, actuellement produite sur ce site". Jean-Martin Folz qui a annoncé, sur place, cette décision aux 2 300 futurs ex-salariés du groupe a également été interrogé par la BBC. "Moderniser le site pour lui permettre d'assembler un nouveau modèle aurait nécessité 250 millions d'euros d'investissements, a-t-il déclaré, mais même après ces investissements, Ryton serait restée l'usine la plus coûteuse de notre organisation". Il poursuit : "C'était la seule décision que nous puissions prendre. Nous l'avons considérée sous tous les angles et il n'y avait aucun moyen de maintenir une production économique à Ryton." Pour agrémenter cela, quelques chiffres : une 206 produite à Ryton coûterait 400 euros de plus qu'à Poissy ou Mulhouse selon la marque. Un surcoût principalement lié à la logistique car la majorité des fournisseurs ne sont pas implantés en Grande-Bretagne. Le communiqué du constructeur revient également sur certaines modalités de la fermeture. En effet, la marque prévoit le passage de deux à une équipe en juillet 2006 puis l'arrêt définitif de la production avant la fin du premier semestre 2007. Cette fermeture couplée à la production de la 207 dans l'usine de Trnava, en Slovaquie, peut-elle faire naître l'idée d'une délocalisation ?
Toujours plus à l'Est
Ce n'est un secret pour personne, la quasi totalité des constructeurs ont ouvert une ou plusieurs usines en Europe de l'Est. Y-a-t-il pour autant délocalisation ? Pas forcement, mais en l'espèce, il semble que la production de 207 sur le nouveau site de Trnava en soit en partie une. Alors que, même s'il s'agit d'un constructeur français, cette fermeture ne touche pas directement la France, elle ne sera pas la dernière en Europe de l'Ouest. D'une manière plus globale, la capacité de production de PSA dans les pays de l'Europe de l'Est ne cesse de croître pour atteindre à l'horizon 2010 environ 650 000 unités. Espérons, pour les six usines françaises du groupe, que les ventes de Peugeot et Citroën soient en accord avec l'outil industriel à cette date sinon c'est sûrement à l'Ouest que l'on va, une nouvelle fois, réduire la voilure.
Les syndicats dénoncent une décision privée de tout sens de responsabilité sociale
Après la faillite de MG Rover et la fermeture de l'usine Jaguar de Coventry ces dernières années, l'industrie automobile anglaise traverse une nouvelle crise. Bien évidemment, les hommes politiques britanniques et les syndicats se sont mobilisés et se font déjà entendre. Le Ministre britannique du Commerce et de l'Industrie, Alan Johnson, se dit "très déçu que Peugeot ait décidé d'arrêter la production à Ryton, en particulier face à l'amélioration significative de la qualité et de la productivité de la main d'œuvre ces dernières années. En 2004 encore, nous avons investi 14,4 millions de livres (20,8 millions d'euros) dans la rénovation de l'usine, destinée à permettre la production de plusieurs modèles." Il est vrai que jusqu'à aujourd'hui, l'usine de Ryton fabriquait exclusivement des 206 (berline, SW et RC). Les syndicats prennent moins de précautions et dénoncent une décision impitoyable et privée de tout sens de responsabilité sociale. Un volet social que PSA ne rejette pas dans son communiqué : "une phase de consultation avec les syndicats va maintenant s'engager. PSA, conscient de ses responsabilités sociales, travaillera dans les prochains mois avec les organisations syndicales pour définir les conditions financières des départs et pour aider un maximum de salariés à retrouver un emploi."
Christophe Jaussaud
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