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Constructeurs

Porsche au chevet de Volkswagen

Publié le 30 septembre 2005

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Au nom d'une solidarité économique "à l'allemande", Porsche a annoncé son intention d'acquérir environ 20 % du capital de Volkswagen avec droits de vote. Aucun scénario de fusion n'est cependant à l'ordre du jour. Volkswagen, un géant généraliste aux pieds d'argile...
Au nom d'une solidarité économique "à l'allemande", Porsche a annoncé son intention d'acquérir environ 20 % du capital de Volkswagen avec droits de vote. Aucun scénario de fusion n'est cependant à l'ordre du jour. Volkswagen, un géant généraliste aux pieds d'argile...

...qui vacille. Porsche, un petit spécialiste réservé aux happy few qui défraye la chronique à grands coups de bénéfices et d'indices de rentabilité record. Dans une version "David avec Goliath", le second nommé propose aujourd'hui d'aider le premier. "Par le biais de l'acquisition de 20 % du capital de Volkswagen, Porsche deviendrait le premier actionnaire autonome de Volkswagen", a ainsi déclaré Wendelin Wiedeking, président de Porsche, avant de préciser que son groupe entendait éviter "une OPA hostile sur Volkswagen par des investisseurs qui ne correspondent pas aux intérêts à long terme du constructeur de Wolfsburg". Et d'ajouter sur un mode toujours consensuel mais moins philanthropique : "Cette solution à l'allemande est une condition essentielle pour un développement stable de Volkswagen et, ce faisant, pour la poursuite de la coopération entre les intérêts des deux sociétés". L'annonce de Porsche est surprenante dans la mesure où le constructeur n'y était en rien contraint et que ce type d'opération, fut-ce une prise de capital amical, demeure ordinairement tenu à discrétion jusqu'au dernier moment. Toutefois, on peut penser que Porsche a cherché à court-circuiter les rumeurs liées à l'intérêt de Kirk Kerkorian mais aussi de différents investisseurs arabes pour le groupe Volkswagen. En outre, le prestigieux constructeur souhaite peut-être aussi répondre à sa manière à la procédure engagée par la Commission européenne contre la "loi Volkswagen" qui stipule depuis 1960 des limites drastiques au développement d'investisseurs étrangers dans le capital du groupe.

L'empreinte de Ferdinand Piëch en toile de fond

Si l'opération venait à se réaliser prochainement, elle porterait sur un montant de plus de trois milliards d'euros que les dirigeants de Porsche ont affirmé vouloir puiser dans "les liquidités disponibles". Porsche deviendrait ainsi le premier actionnaire de Volkswagen, devançant même le Land de Basse-Saxe qui contrôle aujourd'hui 18,2 % des actions du groupe. Cependant, Wendelin Wiedeking a rejeté les hypothèses de fusion entre les deux groupes allemands. A moyen terme, Porsche ne devrait pas non plus porter son contrôle du capital à hauteur de 30 %, seuil qui implique de facto le dépôt d'une offre de reprise. Dans les coulisses du rapprochement à l'allemande de ces deux marques, on devine aisément l'influence d'un homme : Ferdinand Piëch, ancien patron de Volkswagen, d'ailleurs toujours président du Conseil de surveillance du groupe, mais aussi petit-fils de Ferdinand Porsche, qui inventa la voiture du peuple en 1935. L'histoire des deux marques, des heures sombres de la guerre aux glorieuses expansions commerciales modernes, est d'ailleurs directement liée. Elles sont d'ailleurs encore partenaires de nos jours, dans le cadre du développement du 4x4 Cayenne et d'un programme de recherche et de mise au point d'un moteur hybride. Ce qui explique notamment la position de Porsche face aux difficultés de Volkswagen. "Volkswagen est non seulement devenu un partenaire de développement important pour Porsche, mais aussi un fournisseur significatif pour environ 30 % du volume de nos ventes", confirme ainsi Wendelin Wiedeking.

Europcar et Gedas à vendre ?

Suite à cette annonce, les réactions ont été plutôt positives. "Je suis heureux qu'avec Porsche, un investisseur qui pense à long terme entre dans Volkswagen", s'est réjoui Wolfgang Clément, ministre allemand de l'Economie, avant de poursuivre : "Cette participation dans Volkswagen envisagée par Porsche est satisfaisante pour les deux parties et bonne pour l'économie allemande en général". Déclaration qu'il convient de placer dans une perspective élargie et qui n'induit évidemment pas le suspense des milliers de licenciements que le groupe Volkswagen a laissé présager. Par ailleurs, par l'intermédiaire de son porte-parole Georgios Arwanitidis, le syndicat IG Metall a loué "un projet favorable à l'entreprise et à l'Allemagne comme zone d'investissement". Sur le front des analystes financiers, l'enthousiasme est de mise pour… Volkswagen. D'autant que le groupe a aussi fait part de sa réflexion sur l'opportunité de vendre ou de mettre en Bourse sa filiale de location Europcar et sa filiale de services informatiques Gedas. On peut rappeler qu'Europcar a affiché en 2004 un chiffre d'affaires de près d'1,2 milliard d'euros pour un bénéfice net de 53,4 millions d'euros et 5 000 salariés, tandis que Gedas rassemble 4 000 employés et restait légèrement bénéficiaire sur le même exercice. En revanche, les commentaires sont plus circonspects concernant Porsche. D'aucuns s'inquiètent du choix de Porsche de financer un groupe en crise au détriment de son propre développement, quand d'autres estiment que l'action Porsche, en hausse de 44 % depuis le début de l'année, pourrait souffrir de voir le constructeur utiliser ses liquidités pour financer un plan de rachat d'actions.


Alexandre Guillet

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