Patrice Franke, directeur de Audi France
Journal de l'Automobile. La croissance affichée jusqu'ici, 3,5 % à fin août, correspond-elle à vos ambitions ?
Patrice Franke. Nous suivons notre feuille de route. Un feuille de route que nous avions amendé à la fin de l'année dernière. Avant cet ajustement, considérant l'ensemble des nouveautés 2009, nous avions prévu un effet "parachute ascensionnel". Dans le contexte actuel, nos nouveautés nous permettent d'avoir un parachute tout court, nous permettant de faire mieux que nos concurrents. Nous sommes donc satisfait car nous avions bien calibré l'ampleur de la crise et le potentiel du marché qui en résultait pour nous. Notre objectif pour cette année demeure proche de 50 000 unités soit un volume proche de 2008.
JA. Vous êtes aujourd'hui, en volume d'immatriculations, à la lutte avec Mercedes. Est-ce que le leadership du premium en France est quelque chose d'important à vos yeux ?
PF. Notre objectif reste une croissance raisonnée en tenant compte de nombreux paramètres comme la valeur résiduelle de nos modèles, la rentabilité du réseau, etc. Nous travaillons avec des péréquations nouvelles dont l'ampleur est allée grandissante avec la crise. Dans ce contexte, si la demande nous permet de dépasser l'un de nos concurrents, nous n'allons pas jouer la fine bouche, mais ce n'est pas notre objectif premier.
JA. L'A5 Sportback arrive sur le marché. Quelles sont vos ambitions avec ce modèle et comment se positionne-t-il face à l'A4 ?
PF. L'approche d'Audi est d'exploiter les segments et les sous-segments. Ceci étant notamment possible grâce à notre technique de conception et de fabrication. La demande pour de tels produits reste croissante et l'A5 Sportback s'inscrit parfaitement dans cette logique, sans jamais perdre de vue l'ADN Audi. En offrant plus de modularité sans renier le dynamisme et l'esthétisme, ce nouveau modèle constitue une offre complémentaire à l'A4. Cela devrait représenter 2 000 ventes d'ici à la fin de l'année. Un modèle qui met également en lumière la complexité croissante de notre gamme renforçant encore le rôle de conseil que notre réseau doit apporter à la clientèle.
JA. Avant d'évoquer votre concept de véhicule électrique, un commentaire sur le développement de votre gamme TDi e.
PF. La propulsion électrique ne peut être qu'une des voies d'avenir faisant que sa part de marché devrait rester mesurée. Donc nous restons persuadé qu'il faut également continuer à forcer le talent dans les domaines que nous maîtrisons déjà comme avec les motorisations essence et Diesel. Durant les deux prochaines années, nous allons progresser encore afin de diminuer les émissions de CO2 de notre gamme de 20 %. Puis viendra l'étape de l'hybridation, avec dès 2010, le lancement du Q5 hybride puis, en 2012, l'Audi e-Tron, une sportive électrique.
JA. Pourquoi se lancer dans l'aventure électrique avec une voiture sportive ?
PF. L'ADN d'Audi est empreint de voitures sportives. Puis, il s'agit d'un segment de clientèle, dont la prédisposition et l'acceptation à être novateur sont les plus marquées. Nous allons apprendre, avec eux, a bien comprendre ce type de produits afin de décliner ensuite ce savoir-faire.
JA. Vous venez de commencer le déploiement de votre nouvelle architecture réseau baptisée Terminal. Etes-vous satisfait de l'avancement des projets ? Le contexte économique a-t-il modifier vos plans ?
PF. Alors que le site d'Annemasse, du groupe Jean Lain, vient d'être inauguré, nous totalisons aujourd'hui une centaine de constructions en cours dont une trentaine de Terminal. Il n'y a pas eu de ralentissement malgré le contexte économique, nos partenaires maintiennent leurs investissements. Nous avons impulsé une remise en cause fondamentale qui a été rendu possible, aussi bien pour nous que pour nos partenaires, par la position d'Audi sur le marché. Le réseau continue de gagner de l'argent puis les distributeurs sont conscients de l'opportunité qui s'offre à eux. En effet, c'est en période de crise qu'il faut se mettre non seulement en ordre de marche mais en position de pouvoir exploiter à fond le marché à sa reprise.
JA. La résiliation de vos points d'après-vente arrive bientôt à échéance. Quel est l'état d'avancement de ce dossier ?
PF. Il s'agit effectivement de l'un de nos plus gros chantier. Il reste ouvert. Nous avons clairement un problème de capacité. Ce qui n'aide pas à faire de la qualité. Parallèlement nos produits se complexifient obligeant notre réseau a acquérir, en plus de matériels, une compétence technique toujours plus grande. Une Audi doit être réparée avec la même modernité et le même savoir faire qu'elle intègre. En juin 2010, nous arriverons à échéance et le nouveau règlement sera connu. A ce moment là, les réparateurs seront certifiés avec le nouveau cahier des charges. Nous leur avons demandé de prendre en compte ces nouvelles exigences et de mettre ces coûts en balance avec leur potentiel économique.
JA. Y aura-t-il moins de points de représentation comme attendu ?
PF. Pour l'heure, nous n'avons pas de diminution sensible. Même ceux dont nous pensions que de tels investissements ne seraient pas raisonnables souhaitent suivre. Là encore, bien qu'il s'agisse de leur responsabilité, nous allons encore discuter car nous ne voudrions pas leur apporter des difficultés financières. D'autant que, souvent ils possèdent la marque Volkswagen qui va immanquablement entrer dans cette stratégie de développement des capacités car elle aussi élargit sa gamme.
La qualité sera au centre de tous nos efforts car face à l'attractivité croissante de nos produits, le degré d'attente de nos clients augmente plus que proportionnellement. D'ailleurs, nous allons essayer de rétribuer davantage les distributeurs qui font de la qualité.
Photo : Bien plus exclusive que l'A5 Sportback qui arrive sur le marché, la R8 Spyder sera
disponible au printemps 2010.
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