“Nous voulons affirmer la dimension “Executive” de la Talisman”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Quel était le cahier des charges initial pour la berline Talisman, sachant que ce segment laisse peu de place à l’originalité et qu’il souffre en Europe ?
Jean-François Reynaud. Après la Laguna 3, nous avons décidé de repartir d’une page blanche en nous concentrant sur la nécessité de reprendre tous les fondamentaux du segment. Nous avons donc opté pour un véhicule assez long, doté d’une silhouette tri-corps classique, mais affirmée. Nous avons aussi mis l’accent sur le caractère dynamique du véhicule et le plaisir de conduire, notamment avec le système Multi-Sense poussé encore plus loin que sur l’Espace. Les différents modes sont ainsi plus typifiés et le changement de mode s’opère en deux clics seulement. En outre, nous avons soigné la personnalisation du modèle, au niveau des modes de conduite, comme je viens de l’évoquer, mais aussi des ambiances disponibles.
JA. Sur un segment qui sera comme de coutume largement dominé par les flottes, où souhaitez-vous vous positionner dans les car policies ?
J-FR. La berline Talisman va se positionner au-dessus de Kadjar, en se plaçant au niveau de l’Espace. A titre indicatif, pour l’Espace, nous sommes à 70 % des ventes sur le canal des flottes, avec 45 % du mix réalisé en Initiale. Ainsi, par rapport aux flottes, nous voulons affirmer clairement la dimension “Executive” du véhicule. Le travail avec les loueurs a d’ores et déjà débuté et nous avons plusieurs atouts à faire valoir, notamment des émissions maîtrisées à 95 g de CO2/km pour la version Diesel 110 chevaux en boîte manuelle. Nous portons aussi un soin particulier sur le contrôle des coûts d’usage, avec une offre de pneumatique économique par exemple, puisque le point de départ se situe à 16 pouces.
JA. N’êtes-vous pas trop handicapés par l’héritage de la Laguna 3 au niveau des valeurs résiduelles ?
J-FR. Non, car il est finalement plus facile de repartir d’une feuille blanche. D’une manière générale, nous travaillons d’arrache-pied sur les valeurs résiduelles au sein du groupe, car nous savons aussi que c’est l’une des clés pour gérer au mieux la globalité du cycle de vie des produits. Ce chantier porte ses premiers fruits, car les valeurs résiduelles de nos modèles sont orientées à la hausse dans tous les pays.
JA. Pourquoi ne pas avoir proposé une version hybride, disponible au sein de l’Alliance, sur la Talisman, notamment par rapport à la cible des flottes ?
J-FR. Nous avons effectivement envisagé cette hypothèse, mais sans la valider. Tout simplement parce que cela n’aurait pas apporté un gain significatif en termes de CO2 par rapport au niveau de performances que nous avons réussi à atteindre, comme je l’évoquais précédemment avec le seuil des 95 g de CO2/km.
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FOCUS - La Renault Talisman arrive sur un segment D en perte de vitesse
Au cours des dix dernières années, le segment D, ou M2, s’est considérablement érodé en Europe de l’Ouest comme en France. Selon les analystes d’IHS, son volume a ainsi baissé de 60 % depuis 2000 dans cette région, pour une part de marché rétrécie à environ 8 %. Si Carlos Ghosn, le patron de l’Alliance Renault Nissan, reconnaît cette situation, il rappelle aussi que “ce segment continue de représenter un million d’unités en Europe chaque année et huit millions dans le monde”. En outre, difficile pour un constructeur généraliste de ne pas avoir d’offre sur ce segment, même si Citroën pourrait emprunter cette voie en ne renouvelant pas la C5. Par ailleurs, le duo Talisman/Talisman Estate, ce dernier venant d’être dévoilé, doit permettre à Renault de gagner des parts de marché sur le segment des flottes. Même si la concurrence est âpre, entre Premium allemand et tous les autres généralistes, Volkswagen avec la Passat en tête, la Talisman a plusieurs arguments pour s’imposer. On pense notamment aux quatre roues directrices et à la suspension pilotée selon les versions, au système R-Link 2, aux assistances à la conduite ou encore à une qualité perçue qui affiche de réels progrès. Enfin, le segment des berlines pourrait vivre une deuxième jeunesse, avec l’essor des taxis et des VTC et le déploiement annoncé du car sharing. “Le segment D n’est pas mort, il a même de belles perspectives à moyen terme”, assure ainsi Sarwant Singh, de Frost & Sullivan.
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