“Nous allons dépasser la barre des 300 000 unités en 2015”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Comment se porte la branche véhicules utilitaires et quel bilan tirez-vous de l’année 2014 ?
VOLKER MORNHINWEG. L’année 2014 s’est révélée très profitable pour le groupe, puisque nous avons obtenu un niveau de vente très important de 295 000 unités, alors que les autres chiffres caractéristiques s’avèrent également très satisfaisants. Plus particulièrement, nous avons atteint, avec le Sprinter, 186 000 immatriculations, le Sprinter qui nous permet d’atteindre les objectifs de croissance que nous souhaitions. C’est, d’ailleurs, la meilleure année jamais obtenue pour le Sprinter. Normalement, nous ne diffusons jamais de chiffres pour l’année en cours, mais cette fois-ci, nous allons faire une exception, parce que nous allons atteindre la barre des 300 000 unités, et sans doute même la dépasser. Nous pouvons tabler pour 2015 sur une nouvelle année record.
JA. Quels sont les produits qui tirent Mercedes-Benz actuellement ?
VM. Les véhicules qui sont les plus porteurs actuellement, ce sont, bien sûr, le Sprinter, comme nous l’avons vu, auquel nous devons ajouter aussi, cette année, le Vito, lancé l’année dernière, sur lequel nous comptons beaucoup et qui a été très bien accueilli sur le marché, et, également, le Citan. Dans le domaine de la voiture particulière, nous pouvons dire que le Classe V, a eu un écho retentissant. C’est pourquoi, actuellement, nos équipes de production essaient de donner le maximum pour pouvoir répondre à la demande. Nous avons dû ajouter des équipes supplémentaires pour répondre à cette demande. Nous sommes très fiers du travail réalisé, tant au niveau de la production qu’à celui de la distribution.
JA. La stratégie qui a été annoncée en 2011 se déroule-t-elle comme vous le souhaitiez ?
VM. Nous avons défini, en 2011, notre stratégie globale pour Mercedes-Benz, avec, pour objectif principal, de consolider, partout dans le monde, notre branche véhicules utilitaires afin de ne pas être sujets aux replis économiques pouvant survenir dans une région ou une autre. Cette stratégie consistait essentiellement à analyser les marchés sur lesquels il y avait encore des potentiels tout en examinant le portefeuille existant afin de déterminer les futurs produits. Depuis quelque temps, nous avons engagé la phase de mise en application. C’est ainsi que nous avons introduit le petit utilitaire Citan dans le segment des petits utilitaires.
JA. En dessous du Citan, il existe encore de la place, allez-vous occuper ce terrain ?
VM. Plusieurs études ont démontré qu’il n’était pas rentable pour nous, de nous tourner vers une gamme encore inférieure aux petits utilitaires tels que le Citan, une marque Premium comme Mercedes-Benz ne pouvant pas être compétitive sur ce créneau. Je n’évoquerais pas les véhicules plus importants, qui sont du ressort de mes collègues, mais j’ajouterais que nous avions encore un produit qui nous manquait dans le portefeuille, à savoir le Pick Up, que nous avons décidé de développer dans un proche avenir.
JA. Comment êtes-vous positionné pour couvrir le marché mondial ?
VM. Actuellement, nous sommes présents sur 130 marchés, en particulier grâce au Sprinter, qui est essentiellement fabriqué en Europe, et qui dispose d’une petite usine d’assemblage (CKV) en Argentine, pour desservir le continent Sud-américain. Nous possédons également une usine en Chine, pour alimenter cette région et, depuis deux ans, nous avons érigé une usine en Russie. Le Sprinter étant un véhicule mondial, nous nous devions de l’accompagner partout dans le monde. Ces implantations nous ont été imposées pour des raisons économiques et administratives (comme les conditions douanières) et par la nécessité que nous éprouvons d’être au contact de nos clients, de privilégier la proximité pour pouvoir réagir plus rapidement aux demandes et exigences de la clientèle.
JA. Il était question, également, du continent américain ?
VM. Nous avons décidé, en effet, en début d’année, de monter une nouvelle usine aux USA, (à Charleston, en Caroline du Sud, début des travaux, début 2016, N.D.L.R.), afin de pouvoir opérer aux Etats-Unis, avec le successeur du Sprinter. L’étape suivante de cette stratégie se porte sur le deuxième véhicule mondial, le Vito, qu’il s’agit maintenant de mettre en place et qui prendra, le mois prochain, le nom de “Metris”. Pour un produit mondial, il faut toujours procéder à l’analyse de la dénomination des véhicules, et comme on le sait, Vito vient du nom de son site de production, à Vitoria, mais les Américains entendaient autre chose, c’est pourquoi, nous avons choisi de l’appeler Metris et de le lancer le mois prochain aux Etats-Unis. En fin d’année, nous le commercialiserons, à partir de Buenos Aires, en Amérique latine, et au printemps, nous le proposerons, en Chine. Depuis ce pays, seront donc introduits le Vito et le Classe V. Pour résumer, nous avons de quoi occuper toutes nos équipes dédiées à l’utilitaire, et nous allons continuer. Pour un constructeur automobile, comme le nôtre, je pense qu’il est nécessaire de lancer un produit tous les six mois, sans, bien sûr, relâcher les efforts pour générer des nouveautés et alimenter le circuit de manière permanente.
JA. Comment allez-vous gérer, sur le plan de la production, le départ du Crafter de votre site de production ?
VM. Il y a un an et demi déjà, nous avions annoncé qu’au vu de notre plan de développement stratégique, nous avions besoin de ces capacités de production pour notre croissance actuelle. Nous ne produisons déjà pas assez de Sprinter dans nos usines européennes, car nous devons répondre aux volumes de Volkswagen. Par ailleurs, nous envisageons de multiples déclinaisons de produits dans le cadre de ce plan, et au vu de la croissance qui en découle, d’un marché en hausse et des parts de marché que nous prenons, nous devons disposer de toutes nos capacités de production.
JA. Quelle sera la réaction de Mercedes-Benz au lancement du nouveau Crafter par Volkswagen, l’année prochaine ?
VM. Nous allons regarder de très près le nouveau produit, parce qu’il est toujours important d’accepter la concurrence et d’analyser la conception d’un nouveau produit.
JA. Y aura-t-il un nouveau Sprinter ?
VM. Certes, il faut prendre la concurrence très au sérieux. Cependant, d’un autre côté, nous avons créé ce segment avec le Sprinter, et nous sommes très confiants dans ses performances et son positionnement. Nous avons développé, par ailleurs nombre d’innovations, dont bénéficie le Sprinter. Je citerais par exemple, l’assistant au vent latéral (Cross Wind), que nous avons développé pour ce véhicule et qui n’a été repris par aucun autre jusqu’à présent. Ce qui lui confère un peu d’avance sur ses concurrents. Nous avons les compétences et le savoir-faire pour que le prochain Sprinter passe en tête.
JA. Et c’est prévu pour ?
VM. Nous avons fêté l’année derrière le 20e anniversaire du Sprinter, et il faut une nouvelle fois souligner l’avancée du Sprinter sur ce segment, qu’il a créé et à qui il a donné son nom au point que nombre d’automobilistes disent qu’ils roulent en Sprinter, alors que ce n’est pas vrai, c’est juste devenu une expression. Cela nous donne d’ailleurs des opportunités de vente. Mais pour répondre clairement, on ne peut pas préparer la concurrence à ce lancement, en l’annonçant aujourd’hui !
JA. Pour aborder le Vario, les carrossiers ne disposent plus de ce type de châssis, à part un concurrent italien, est-ce que vous comptez revenir sur ce segment des 5 à 7 tonnes ?
VM. Nous avons décidé d’arrêter la production du Vario, au moment où le législateur définissait de nouvelles réglementations sur ce segment (dépollution, protection des piétons, etc.), réglementations qui rendaient le concept du Vario inadapté. Ce produit ayant remporté tout de même de beaux succès, nous avons étudié la possibilité de développer un véhicule similaire pour le futur, et vérifié que cela en valait la peine. Or ce segment, autour des 5,5 tonnes devient de plus en plus étroit, on ne trouve d’ailleurs plus qu’un seul véhicule sur ce segment. Nous avons donc préféré ne pas nous engager sur de nouveaux produits sur ce segment. En revanche, nous utilisons le Sprinter et ses très grandes capacités et spécifications (plus de 5 tonnes) afin de répondre à la plupart des exigences du marché.
JA. Quelle est votre politique en matière d’énergie pour vos véhicules ?
VM. Nous avons défini des perspectives jusqu’en 2020, au regard des exigences légales et environnementales, et nous devons déterminer nos produits pour répondre à ces spécifications. Notre démarche se veut très claire jusqu’à présent, ce qui nous amène à nous pencher sérieusement sur l’après 2020 et l’échéance de 2025. Nous participons via l’ACEA en vue de fournir les expertises techniques. Il s’agit toujours d’un défi technologique pour atteindre ces objectifs, et pas seulement en se concentrant sur le moteur et son environnement, aussi en appréhendant le véhicule et ses composants dans son ensemble.
JA. Et pouvez-vous atteindre vos objectifs sans le Diesel ?
VM. C’est uniquement possible avec la motorisation Diesel. Ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillons pas sur toutes les autres formes d’énergie. Nous avons montré quelques produits d’envergure en termes d’hybride, à Genève, et montré avec le Vito que nous sommes capables de proposer la traction électrique intégrale. On pourrait parler également de toutes nos propositions en matière de gaz naturel et autres, mais au final c’est le client qui décide de son système de propulsion.
JA. Vous avez évoqué la création de sites de production sur d’autres continents, avez-vous l’intention d’en ouvrir en Europe ?
VM. Nous n’avons pas prévu de création de sites en Europe, cependant avec le nouveau Sprinter que nous développerons, nous investirons 450 millions d’euros dans les sites de production allemands. Nous avons des équipes performantes qui ont prouvé leurs compétences à Düsseldorf, compétences que nous renforcerons.
Propos recueillis par Hervé Daigueperce (table ronde sur le salon IAA de Francfort)
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.