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Constructeurs

Luc Chatel, président de la PFA : "On ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe"

Publié le 12 juillet 2018

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Alors que les menaces américaines de hausse des taxes douanières pèsent sur l'automobile européenne, la filière envisage différents scénarios de réponses. Luc Chatel, président de la PFA, les explique au Journal de l'Automobile.
Luc Chatel, président de la PFA, lors de la signature du contrat de filière en mai 2018. (crédits : G Gree - SG Bercy)

 

Les tensions s'exacerbent entre les Etats-Unis et l'Europe. Alors que Donald Trump, président des USA, annonçait l'ouverture d'une enquête sur les importations européennes de véhicules aux Etats-Unis, la filière automobile organisait une rencontre, ce 11 juillet 2018, au ministère de l'Economie et des Finances. Le Journal de l'Automobile a rencontré Luc Chatel, président de la Plateforme Automobile (PFA).

 

Selon vous, quelles peuvent être les conséquences d'une hausse des taxes douanières sur l'industrie européenne ?

Dès qu’un acteur de la scène internationale envoie comme message une augmentation des taxes, et donc des prix des voitures sur une zone géographique qui représente 20 % du marché mondial, vous avez forcément des conséquences sur la demande mondiale, une répercussion et des secousses telluriques sur l’ensemble de l’industrie automobile, constructeurs comme équipementiers. Un risque énorme et des conséquences ravageuses pèsent sur l’économie mondiale si les Etats-Unis poursuivent dans cette voie.

 

Quelle est votre position ?

Notre position consiste à dire que tout ce qui va vers une augmentation des barrières douanières constitue un frein au commerce mondial et a pour conséquence la baisse de l’activité économique. Tout diktat politique unilatéral a des conséquences économiques multiples au niveau mondial. Il s’agit d’une vraie menace sur la croissance mondiale.

 

Quels sont les scénarios de réponses envisagés par l'ensemble de la filière ?

Nous examinons plusieurs scénarios, mais aucun n’est vraiment acceptable car on ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe. Accepter serait irresponsable et la solution allemande qui consiste à abaisser de manière générale les droits de douane est à notre sens assez dangereuse parce qu’elle pourrait aboutir à un désarmement unilatéral.

Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moyen de ne pas avoir la guerre et, par ailleurs, une fois les taxes baissées, il est très difficile d’envisager de les augmenter. Cet accord que l’Allemagne souhaite multilatéral ferait entrer dans la course des pays comme la Chine, le Japon, la Corée. Et si vous baissez les droits de douane sur tous ces pays, alors que nous avons une concurrence déloyale en matière de normes et de règles, immédiatement vous avez un risque nouveau pour les constructeurs français.

 

Quelle solution préconisez-vous ?

Nous pourrions imaginer une autre solution qui sont des représailles, mais qui ne doivent surtout pas intervenir dans le domaine automobile. Nous devons tout faire pour empêcher une décision folle qui se retournera contre ces auteurs. Les principales victimes seront les constructeurs américains, qui ont déjà beaucoup délocalisé au Mexique. Les flux sont très complexes et je suis intéressé de voir que les premiers à avoir pris position contre cette décision sont les constructeurs américains eux-mêmes.

 

Lire également : Taxes américaines : les constructeurs font valoir leurs arguments.

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