Lœb en quatre !
...pour superviser son dernier rallye à la tête de Citroën Sport, Guy Fréquelin demeurait fidèle à ses habitudes et ses convictions. "Les habituels impondérables inhérents à la mécanique ou aux fautes de pilotage sont encore plus exacerbés au cours de cette épreuve, déclarait-il. Avec son caractère extrême, elle peut rapidement devenir très compliquée à négocier. Nos chances sont réelles et je sais que nous sommes tous très motivés pour y parvenir, mais je reste aussi d'une grande prudence". Les conditions dantesques de la 1re journée lui ont donné diablement raison. En effet, le parcours rapide et piégeux débutait le matin dans le brouillard. Il se poursuivait l'après-midi sous la pluie avant de finir le soir, dans l'ultime spéciale, sous une pluie torrentielle, de nuit et avec un épais brouillard. Mikko Hirvonen, qui avait pris résolument la tête des opérations, expliquait : "On n'y voyait pas à plus de cinq mètres ! Je ne me souviens pas d'avoir connu en course un brouillard aussi épais. Piloter de nuit avec autant de pluie et de brouillard était vraiment impressionnant. Heureusement, mes notes étaient parfaites et j'ai pu m'y fier à 100 %". Au soir, de la 1re étape, Marcus Grönholm est déjà relégué à plus de 39'' de son jeune équipier.
Pour l'ultime rallye de sa riche carrière, Grönholm n'était pas maître de son destin
Il faut dire que, pour le 150e et dernier rallye de sa carrière, le finlandais n'est plus maître de son destin. La faute à sa bévue du Rallye d'Irlande, qui lui vaut de concéder 6 points à son rival direct pour le titre, Sébastien Loeb. En fait, Grönholm garde une chance minime d'obtenir une troisième couronne mondiale, d'où une sorte de résignation. "Je n'ai pas à prendre de risques et je ne cherche pas à suivre le rythme de Mikko, déclarait le futur retraité. De toutes façons, je ne suis en rien obligé de gagner ce rallye. A la régulière, Loeb terminera sans problème dans les cinq premiers, donc mes espoirs ne reposent que sur l'éventualité d'un abandon de sa part". Fort de ses deux titres et de ses 30 victoires en championnat du monde, Markus Grönholm aurait mérité une bien meilleure sortie de scène. Mais, au risque de se répéter, le finlandais ne peut s'en prendre qu'à lui-même de ne pas figurer dans une situation disons, plus conforme à son formidable parcours et à ses objectifs…
Bien évidemment, sur le strict plan de la stratégie, celle de l'alsacien reflétait celle de son rival, à quelque chose près. "Pour une fois, je n'ai pas entamé un rallye avec la volonté d'essayer de m'y imposer, déclarait le leader du championnat. Cela aurait été ridicule de tout perdre en tentant d'être en tête. Le tout était de trouver le bon rythme en regard des difficultés rencontrées". Des dés quelque peu pipés pour cette 75e édition du "Wales Rally GB" donc, sauf pour certains qui n'avaient aucune question à se poser. Le cas de Petter Solberg, qui finira 4e au volant de sa Subaru Impreza et bien sûr, de Mikko Hirvonen, vainqueur pour la 3e fois de la saison au volant de sa Ford Focus. Avec la 2e place de Marcus Grönholm, Ford réalise un nouveau doublé au championnat du monde des rallyes 2007 (son 4e de la saison), devant un Sébastien Lœb qui a fait mieux que de respecter sa feuille de route (avec la 2e place de Grönholm, une 7e place lui aurait suffi pour être titré). Normal, au vu du niveau du pilote et des performances de sa voiture !
Pour le duo Loeb/Elena, ce 4e sacre restera comme le plus disputé
Mais encore fallait-il rester sur la route, eu égard aux conditions météos toujours délicates de la dernière journée. Poussée par un vent violent, la pluie tombait pratiquement à l'horizontale sur les célèbres spéciales de "Brechfa" et "Trawscoed" à parcourir deux fois ! Voilà comment le duo Loeb/Elena a conquis à Cardiff son 4e titre de Champion du Monde des Rallyes consécutifs ; ceci tant au niveau des "Pilotes" que des "Copilotes". Et Sébastien Loeb de rejoindre ainsi sur les tablettes le finlandais Tommi Mäkkinen, le premier à avoir été titré quatre fois d'affilée au volant de sa Mitsubishi Lancer, de 1996 à 1999. Pour sa part, un autre finlandais, Juha Kankkunen, a lui aussi été titré quatre fois : en 1986 avec Peugeot, en 1987 puis 1991 avec Lancia et enfin, en 1993 avec Toyota. Des exploits sans doute encore lointains dans l'esprit du français à sa descente de podium. Sébastien Loeb analyse : "Le challenge à relever était loin d'être évident. Entamée après notre sortie de route en Sardaigne, notre remontée vers la première place du championnat a été mouvementée. Cependant, nous n'avons jamais douté. La compétitivité de notre Citroën C4 sur toutes les surfaces, associée à l'efficace travail de l'ensemble de l'équipe, nous ont toujours permis de conserver nos chances pour le titre. C'est vraiment super d'avoir réussi !". Fort de 116 points contre 112 à Grönholm, Sébastien Loeb poursuit : "Des quatre sacres, c'est assurément celui qui a été le plus disputé. L'obtenir après une bataille aussi intense face à Marcus Grönholm sur toutes les spéciales du monde, lui donne une saveur particulière. Je sais que, pour sa retraite, Marcus aurait bien aimé être titré… je ne suis qu'à moitié désolé qu'il n'y soit pas parvenu ! Je suis en revanche très content de l'obtenir pour l'ultime rallye de Guy Fréquelin en tant que patron de Citroën Sport". On s'en doute. La saison prochaine, Grönholm ne sera plus là, mais l'alsacien ne devra en rien sous-estimer la montée en puissance de Mikko Hirvonen et autre Jari-Matti Latvala. Voire de Dani Sordo sur certaines surfaces.
Photo : Et de quatre ! A Cardiff, le duo Loeb/Elena a cueilli les fruits d'une saison palpitante.
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