Les tribulations de PSA en Chine
...qu'il n'y paraît et qui témoigne des velléités de croissance du groupe sur un marché faisant l'objet de multiples convoitises.
A la fin de l'année dernière, le groupe PSA Peugeot-Citroën a signé une convention de partenariat avec l'université chinoise de Tsinghua et le ministère français de la Jeunesse, de l'Education Nationale et de la Recherche. Cette convention doit permettre à PSA de mettre en place un dispositif de coopération avec cette université chinoise, afin de développer des projets de formation et de recherche dans différents secteurs automobiles. Dans cette optique, la direction de l'université scientifique de Tsinghua, représentée par son recteur Gu Binglin, souhaite d'ailleurs créer un mastère spécialisé, sous le label "Sciences de l'ingénieur appliquées aux métiers de l'automobile", en collaboration avec plusieurs grandes écoles d'ingénieurs françaises. Le groupe PSA participera au financement de ce mastère en attribuant des bourses d'études. Le groupe s'est aussi engagé à réactualiser et à enrichir les programmes de mastères spécialisés en environnement et en énergie dans le cadre du centre franco-chinois des métiers de l'énergie et de l'environnement (Cefceet). Le Cefceet a vu le jour, en décembre 2001, sous l'impulsion du ministère français de le Jeunesse, de l'Education Nationale et de la Recherche et d'un consortium d'entreprises et d'établissements français de formation. En outre, au niveau de ses travaux de R&D, PSA Peugeot-Citroën pourra s'appuyer sur l'université de Tsinghua pour définir des programmes de recherche prenant la forme de contrats universitaires. De son côté, le ministère sélectionnera dans le vivier des établissements éducatifs et de recherche français des partenaires supplémentaires qui viendront alors s'agréger à ces programmes. Pour PSA, cette convention ouvre aussi des perspectives intéressantes par rapport au processus d'internationalisation de son recrutement de cadres. Le groupe compte ainsi recruter des ingénieurs et des top-managers chinois maîtrisant la langue française. Pour atteindre cet objectif, le groupe accueillera donc en stage, dans l'Hexagone comme en Chine, des étudiants de l'université de Tsinghua au cours de leur cycle de formation d'ingénieur ou de leur mastère. Voilà pour le contenu de cette convention qui, comme l'indiquent de concert Jean-Martin Folz, président-directeur général de PSA, Gu Binglin et Daniel Vitry, directeur des relations internationales et de la coopération du ministère français de la Jeunesse, de l'Education Nationale et de la Recherche, "pourra évoluer et s'enrichir avec le temps en fonction des opportunités et des besoins identifiés par chacun des partenaires".
Les grandes manœuvres de PSA en Chine ont débuté sur tous les fronts
Si la signature de cette convention pourrait paraître, de prime abord, secondaire, voire anodine, elle prend un tout autre relief lorsqu'on la met en perspective des actions actuellement initiées par PSA en Chine. En effet, Jean-Martin Folz vient d'annoncer que PSA allait consentir un investissement de 600 000 euros pour doubler la capacité de production de son usine terminale de production de Wuhan. Ce site verra donc sa capacité de production passer de 150 000 à 300 000 véhicules par an d'ici 2006. En 2002, cette usine rassemblait 2 600 employés, auxquels il convient d'ajouter les 1 100 salariés de l'usine mécanique de Xiang Fan, dédiée à la production de moteurs, de boîtes de vitesses et de liaisons au sol. Parallèlement, Faurecia construit une nouvelle usine à Wuxi pour produire des composants pour sièges automobiles. Ce site de 23 000 m2, qui doit être achevé en octobre 2004, représente un investissement de 25 millions d'euros. Par ailleurs, PSA a récemment reçu l'aval de la China Banking Regulatory Commission concernant l'implantation de PSA Finance en Chine, dans un premier temps à Pékin. Bref, il appert que les grandes manœuvres du déploiement de PSA en Chine ont bel et bien débuté et qu'elles n'ont rien de stochastiques. Dès lors, la signature d'une convention de partenariat avec une université scientifique de renom prend tout son sens. D'autant qu'il convient de rappeler qu'au chapitre de l'après-vente, PSA dispose d'ores et déjà d'un centre de formation, inauguré à Pékin en 1999, qui accueille chaque année 500 personnes (chefs d'atelier, techniciens, réceptionnaires...). Reste à savoir si ces différents efforts seront suffisants pour remporter les joutes acharnées qui s'annoncent sur le partage du marché automobile chinois... Plusieurs problèmes ont déjà été identifiés par PSA : Citroën a augmenté ses ventes unitaires, mais perdu des parts de marché en 2003, tandis que Peugeot, peu ou prou, n'existe pas. Le spectre de la sur-production, dont on a pu mesurer les ravages au Brésil par exemple, menace déjà. Dong Feng Motors, dirigé par Miao Wei et partenaire du joint-venture mise en place par PSA, s'est aussi associé avec Nissan, dont le capital est détenu à 44,4 % par... Renault. Toutefois, face à la bataille commerciale qui se profile sur le marché chinois, nul doute que la problématique des ressources humaines et de leur juste gestion se révélera aussi déterminante. D'où la pertinence du partenariat conclu par PSA, dans une relative indifférence générale, avec l'université de Tsinghua.
Alexandre GuilletVoir aussi :
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.