Les constructeurs français bientôt obligés de proposer des modèles E85 ?

La montée des prix du litre d’essence et du diesel a mis sur le devant de la scène une alternative pourtant loin d’être nouvelle : l’E85. Contenant jusqu’à 85 % de bioéthanol, ce carburant bénéficie également des effets de l’arrêté d’homologation des boîtiers E85 publié en décembre 2017, mais aussi de mesures fiscales favorables. Sans oublier un prix défiant toute concurrence, soit 0,60 euro par litre, permettant de contrebalancer une consommation de 15 à 25 % plus importante par rapport à la carburant classique.

Le tout, pour une réduction de CO₂ et émissions de gaz à effet de serre de près de 50 % par rapport à l’essence fossile. Seul bémol, une fabrication parfois à partir de culture énergétique, pour la première génération du moins. C’est dans ce contexte qu’une quarantaine de députés La République en Marche a déposé une proposition de loi le 5 décembre afin d’accélérer le développement du superéthanol.

Vers une obligation de modèles au superéthanol pour les marques françaises ?

"Dans le prolongement des engagements pris par la COP 21, l’actuel gouvernement s’est engagé dans la transition écologique, soulignent les députés. Le développement des biocarburants issus de productions locales peut participer à cette transition. Il constitue une alternative efficace avec un double effet bénéfique pour l’environnement (réduction des émissions de gaz à effet de serre) et pour les automobilistes qui verraient leur budget carburant réduit." C’est dans ce contexte que l’article 3 de cette propostion suggère que "les industriels français ont obligation de proposer une motorisation fonctionnant en base au superéthanol dans leur offre produit". 

Il faut dire que les essais des constructeurs français dans ce domaine ont été furtifs. Le groupe Renault a été le plus prospectif sur le sujet avec notamment sa Mégane, sa Laguna, son Scénic et son Kangoo à l’E85 ainsi que, du côté de Dacia, la Logan MCV et la Sandero. Chez PSA, l’initiative s’est limitée à quelques modèles, dont la 308 et la Citroën C4 Bioflex. Des feux de paille bien vite éteints, faute notamment de réseau de distribution conséquent.

Plus de stations-service E85 désirées

C’est sur ce second point que souhaitent précisément légiférer les députés LREM. L’article 1^er précise ainsi qu’"à compter du 31 décembre 2019, toutes les stations-service doivent être équipées de distributeurs de superéthanol". En avril, le cap symbolique des 1 000 stations-service a été franchi et on estime que trois nouvelles stations sont ouvertes chaque semaine.

Il n’empêche qu’il ne s’agit que d’un peu plus d’un dixième de l’offre totale de ravitaillement en France. Toujours sur les sujets des énergies alternatives et des stations-service, il est à noter que la proposition de loi contient un autre article stipulant qu’" compter du 31 décembre 2019, toutes les stations-service doivent être équipées de points de recharge électrique".