Le sacre de Räikkönen
...sur ses deux oreilles. En effet, après analyse des échantillons de carburant prélevés sur les deux BMW-Sauber de Kubica et d'Heidfeld (respectivement 5e et 6e) et la Williams-Toyota de Rosberg (4e), les commissaires sportifs de la FIA ont finalement validé le classement du GP du Brésil. Explications. Lors de leur ravitaillement, les trois voitures pré-citées auraient reçu de l'essence par trop "réfrigérée", c'est-à-dire à une température inférieure de 12 à 14 degrés par rapport à la température ambiante ; ceci alors que le règlement admet un différentiel de 10 degrés. En revanche, la stricte application du règlement n'est pas si simple, ne serait-ce qu'en raison des variations de la température ambiante. Un élément confirmé par les bulletins météo d'Interlagos. Dans ces conditions, on comprend assez mal l'entêtement de l'écurie McLaren-Mercedes, à avoir confirmé son intention de saisir le tribunal d'appel de la FIA contre la décision des commissaires sportifs de ne pas sanctionner les voitures incriminées. En outre, après avoir été reconnue coupable d'espionnage industriel à l'encontre de Ferrari, McLaren ne devrait-elle pas la jouer "profil bas" ? Certes, le déclassement des trois voitures qui précèdent Lewis Hamilton, permettrait à ce dernier d'accéder à la 4e place du classement du GP du Brésil, donc de reprendre la couronne à Raïkkönen sur le tapis vert. De cela, même le jeune britannique, pourtant déçu du dénouement du GP du Brésil (forcément), n'en veut pas. "Ce ne serait pas bon pour le sport, a expliqué le pilote McLaren. Je ne me sentirais pas à l'aise, alors que Kimi a fait un excellent travail lors des deux dernières courses. Il a gagné à Interlagos et lui retirer ce titre serait cruel. Personnellement, je veux le gagner sur la piste, avec style". Discours moins diplomate de Fernando Alonso, autre grand déçu de la saison : "Retirer ce titre à Kimi serait une farce, dit-il. Et des farces, il y en a déjà eu beaucoup trop cette saison". Et puis, plus simplement, comment Ron Dennis peut-il faire ça à son ancien pilote, alors qu'il n'a jamais été en mesure de lui fournir durant cinq saisons de cohabitation un matériel suffisamment fiable et performant pour lui permettre de décrocher le titre ? F1, ton univers impitoyable !
Contre toute attente, Kimi Raïkkönen s'impose dès son premier Grand Prix chez les Rouges
Bref, souhaitons qu'à l'heure où paraîtront ces lignes, tout soit rentré dans l'ordre. A l'extrême, la FIA pourrait se ménager le droit d'appliquer la même solution que celle justement appliquée à l'écurie de Ron Dennis dans l'affaire d'espionnage : le déclassement des voitures (avec à la clé la suppression des points comptant pour le championnat du monde des constructeurs), mais pas des pilotes. Ainsi, l'honneur de la discipline serait sauf.
L'important est que le titre de Raïkkönen, littéralement "arraché" aux duellistes de McLaren (avec 110 points, le finlandais termine la saison avec 1 point d'avance sur Hamilton et Alonso, tous deux crédités de 109 pts), ne souffre d'aucune contestation ; ne serait-ce que parce qu'il a été décroché par le biais de six victoires, contre quatre pour les autres prétendants. De plus, pour devenir à 28 ans (il est né le 17 octobre 1979) le 29e champion du monde de l'histoire, "Iceman" a dû redresser une situation peu évidente, voire pour le moins délicate. Chez Ferrari, en effet, on lui avait prédit des temps difficiles au contact de Felipe Massa, considéré comme "l'enfant de la maison". En outre, le finlandais devait s'adapter à sa nouvelle monture, aux pneus Bridgestone, au mode de travail de la maison, etc., le tout sans parler de sa "froideur" naturelle, en totale contradiction avec l'esprit latin ! Or, contre toute attente, il s'impose dès son premier Grand Prix avec les Rouges, en Australie. Hélas, il connaît un passage à vide à partir du GP d'Espagne (où il abandonne sur problèmes électriques) jusqu'au GP du Canada, ne marquant que 5 points sur ces trois rendez-vous. Mais l'homme de ne jamais se plaindre. Constater en plus que l'écurie qu'il venait de quitter avait enfin réussi à réunir les ingrédients (performance et fiabilité) pour permettre à ses pilotes d'en tirer un formidable parti sur la piste, aurait eu également de quoi le déconcerter. Jamais au bon endroit au bon moment, le finlandais ? Chez Ferrari, il garde espoir.
De la Formule Renault britannique à la Formule 1, chez Sauber
"Nous avons eu des moments difficiles, dans la mesure où nous avons connu quelques problèmes de fiabilité et perdu des points précieux, confesse-t-il toutefois. A un moment de la saison, certaines personnes ont même pensé que nous n'étions plus en lice pour le titre. Mais nous sommes restés unis et le fantastique travail accompli par l'équipe nous a permis de revenir. Aussi, je suis particulièrement heureux de remporter ce titre avec Ferrari". Titre amplement mérité, disions-nous ? Ne serait-ce que parce qu'il symbolise l'aboutissement de sept saisons de Formule 1 marquées par le talent et le travail, mais aussi par la poisse et les rendez-vous manqués. Débarqué en Formule 1 à 21 ans, tout juste issu de la Formule Renault britannique (Champion en 2000 avec 7 victoires en 10 courses), le jeune Kimi fait ses armes chez Sauber en 2001, non sans avoir dû effectuer bon nombre de séances de roulage durant l'inter saison pour obtenir sa super licence. Avec quatre arrivées parmi les six premiers, il n'a pas à rougir de sa prestation. C'est alors que Ron Dennis rachète à prix d'or (12,5 millions d'euros) le contrat du finlandais à l'écurie helvétique, dans le but de remplacer Mika Häkkinen. La suite est connue : neuf victoires sous la bannière des gris-argent, deux titres de vice-champion du monde en 2003 (une seule victoire) et 2005 (sept victoires), mais bon nombre de fortunes diverses et autres frustrations dues en particulier à une fiabilité perfectible de sa McLaren-Mercedes. Comme aux GP de France et d'Angleterre 2005 où, coup sur coup, il perd dix places sur la grille de départ pour un changement de moteur. Eternel battant, il remonte à chaque fois pour décrocher le podium. Voilà pourquoi son titre fait l'unanimité.
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