Le Nautilus de Seat

...inaugurée à Saint-Herblain, dans la banlieue nantaise, fait presque figure d'avant-garde. Répondant complètement aux normes du constructeur et aux exigences de la modernité, le nouveau site possède bien quelques longueurs d'avance, du moins du point de vue architectural, sur la plupart des autres concessions Seat de France. "Il nous fallait changer de site sans tarder car l'ancien devenait trop exigu. Sans lésiner sur les moyens, notre concession est aujourd'hui tout simplement la plus grande du réseau Seat en France", se félicite Patrick Kermorvan, dirigeant du groupe Autos 108. Près de 2,5 millions d'euros auront été nécessaires pour mettre sur pied cette bâtisse de 9 000 m2 dont 3 250 m2 couverts. De surcroît, le concessionnaire y a ajouté en octobre dernier le panneau Skoda "afin d'éviter de voir la marque disparaître sur Nantes", pour reprendre ses propres termes. Avec un tel édifice, Patrick Kermorvan peut nourrir quelques ambitions pour les deux marques. Si, pour Skoda, le volume de ventes ne devrait pas dépasser les 200 VN sur une année pleine, la concession a commercialisé, en 2003, 475 VN Seat (600 en 2002 et 704 en 2001), atteignant ainsi une pénétration de 2,24 % sur Nantes, largement au-dessus de la moyenne nationale de la marque, 1,74 %.

Une très forte activité VO

La partie VO n'est pas en reste. Nantes reste à l'heure actuelle le deuxième marché du véhicule d'occasion en France. Patrick Kermorvan a réussi l'exploit d'y vendre 800 VO de la marque Seat (sur un total de 1 000), soit presque 2 fois son volume VN ! Une politique VO qui bat son plein : l'année dernière, la rotation des stocks ne dépassait pas les 14 jours. En marge de ses bons résultats commerciaux, la concession nantaise peut également s'enorgueillir d'être un site pilote pour l'ensemble du réseau dans le domaine de la réparation et de la carrosserie. Bref, en cette première année d'application du nouveau règlement européen, la concession nantaise est plus que jamais parée. A titre d'exemple, Patrick Kermorvan a investi dans la mise aux normes visuelles du constructeur pour appliquer le programme Olympe, correspondant aux marques Seat et Skoda. "Une mise en application qui s'élève à 122 000 euros, à laquelle le constructeur participe à hauteur de 45 000 euros," explique-t-il.

"Le réseau se trouve aujourd'hui en pleine crise de doute"

Patrick Kermorvan, qui occupe le poste de président du comité d'experts, autrement dit le groupement des concessionnaires Seat, est bien placé pour connaître les dessous des cartes entre le réseau et le constructeur. Un bureau où figurent également les concessionnaires de Montpellier, Draguignan et Beauvais. Une fonction ajoutée à 32 ans de métier dont 19 passés au service de la marque Seat, qui permet au dirigeant de garder un certain recul et de donner son avis sur les derniers événements en matière de distribution. "Je suis inquiet quant à l'avenir de la profession. La situation économique de beaucoup trop de mes confrères n'est pas pérenne. Il est fort probable que le paysage de la distribution automobile se réduira à nouveau dès 2004. Ainsi, 20 % du réseau français du groupe Volkswagen France pourrait disparaître dès 2004", prévient le concessionnaire. Du haut de sa fonction, Patrick Kermorvan prend ses responsabilités et se veut le porte-parole du réseau : "J'en veux pour preuve les 2 % de marge supplémentaire promis en cas d'objectifs atteints qui se sont traduits finalement par un petit 0,75 %", cite-t-il en exemple avant de poursuivre : "Je crois que la plupart des opérateurs sont arrivés dans leurs derniers retranchements en termes d'investissements. Nous avons trop investi en peu de temps, ce qui nous empêche de voir l'avenir sereinement. Le réseau se trouve aujourd'hui en pleine crise de doute." Une pierre jetée dans le jardin du constructeur. "Le réseau attend plus d'écoute de la part du constructeur, que ce dernier soit plus proche de la réalité, du terrain et surtout des hommes", conclut Patrick Kermorvan. Message reçu ?

Tanguy Merrien

Voir aussi :

• Seat