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Constructeurs

Le Maroc, nouvel Eldorado de l’automobile ?

Publié le 22 avril 2013

Par Tanguy Merrien
5 min de lecture
Entre la récente visite de François Hollande et les Assises de l’Industrie de Tanger, jamais le secteur industriel marocain n’avait été autant sous les feux de la rampe. Le Royaume se positionne comme une nouvelle destination pour les investisseurs étrangers. A ce titre, l’automobile joue les accélérateurs de croissance. Reportage.
Grâce à son port EuroMed, Tanger offre aujourd’hui de nouvelles opportunités aux importateurs étrangers.

Plus que jamais, le Maroc est sous les feux de la rampe. Et le Royaume alaouite y a toute sa place quand on observe son développement de ce côté-ci de la Méditerranée. En effet, la France a, jusqu’à récemment, préservé son rang de premier partenaire commercial du Maroc avant d’être déboulonnée par l’Espagne. Ce sont notamment les importations françaises qui ont fléchi ces dernières années puisqu’elles sont passées de 25 % à la fin des années 90 à 12 % fin 2011, pour un volume total de 4,2 milliards d’euros. Néanmoins, si la France a cédé sa place de premier fournisseur à l’Espagne, l’Hexagone reste le premier partenaire économique du Royaume et parvient à maintenir son rang de “premier investisseur, premier bailleur de fonds et premier client avec des échanges atteignant près de 8 milliards d’euros”, rappelle d’ailleurs le site Internet Afrik.com. Au niveau des exportations, la France reste également le premier débouché du Maroc avec 20,3 % des exportations totales absorbées en 2011, en grande majorité des produits agroalimentaires, textiles et des composants électriques.

L’automobile, un métier mondial du Maroc

Enfin, la France y multiplie les projets, permettant notamment à l’Hexagone de contribuer au développement de son ancienne colonie en lui octroyant, via l’Agence française de Développement, des aides publiques pour un montant annuel de 2,2 milliards d’euros. On l’aura compris, les relations entre les deux nations reposent sur des fondations économico-commerciales extrêmement solides. Des relations encore approfondies par la visite de Jean-Marc Ayrault en décembre dernier et celle de François Hollande début avril, pendant lesquelles les deux pays ont pu accentuer leurs partenariats économiques, lesquels portent avant tout sur les domaines de l’offshoring, le tourisme, l’agroalimentaire et, bien entendu, l’automobile.

Ce dernier secteur et quelques autres, comme l’informatique ou l’aéronautique, sont ainsi devenus des priorités pour le gouvernement marocain qui a lancé le plan Emergence en 2005, au sein duquel ces métiers ont été labellisés MMM, autrement dit “Métiers Mondiaux du Maroc”. Il faut bien le reconnaître, l’industrie automobile reste une activité jeune au Maroc où elle regroupe près de 160 entreprises et 55 000 emplois. Avant l’implantation de Renault, la Somaca (société marocaine de construction automobile basée à Casablanca), créée en 1959, assemblait la quasi-totalité des voitures particulières et autres VUL, quand les équipementiers automobiles ne se bousculaient guère. Mais le plan Emergence a changé la donne, posant ainsi les bases d’un plan industriel automobile à long terme, nourrissant des ambitions de créations d’emplois et d’augmentation des exportations plus que justifiées. C’est dire si les attentes placées dans l’automobile sont fortes, et il s’agissait évidemment de le rappeler lors des Troisièmes Assises de l’Industrie qui se sont déroulées à Tanger en février dernier.

Des investissements directs étrangers (IDE) qui décollent

Tanger. Le choix de la ville du nord du pays pour y célébrer ces assises est tout sauf un hasard. En effet, en l’espace de quelques années, cette cité historique, à cheval entre l’océan Atlantique et la Méditerranée, aux portes de l’Europe, est devenue le troisième pôle industriel du Maroc grâce à son nouveau port Euro-Med et l’implantation de l’usine Renault. “Un choix du constructeur qui a favorisé l’émergence de nouveaux équipementiers locaux, mais motive également certaines entreprises étrangères à imiter Renault”, explique un industriel marocain présent aux Assises, qui espère parallèlement voir les investissements directs étrangers (IDE) décoller. “Les IDE destinés à l’industrie ont progressé de 27 % en 2012, à 8 milliards de dirhams (710 millions d’euros), faisant de ce secteur le premier visé par les investisseurs”, a d’ailleurs rappelé à ce sujet le ministre de l’Industrie Abdelkader Amara. Un vent porteur souffle actuellement sur le Maroc, favorisé par le Printemps arabe qui a aussi conduit certains investisseurs à fuir la Tunisie ou la Libye au profit du Royaume alaouite, plus stable. “Aujourd’hui, le Maroc est short-listé par les grands groupes internationaux”, rappelle encore le ministre de l’Industrie.

Un autre constructeur ?

Renault a donc ouvert la voie. Ainsi, dans le sillage du constructeur français, dont l‘implantation devrait créer 6 000 emplois directs et 30 000 emplois indirects à l’horizon 2015, des sous-traitants automobiles, équipementiers locaux et internationaux, ont également choisi Tanger et sa région, et en particulier la zone franche créée spécialement, où absence de TVA, de droits de douane et les salaires faibles font saliver. Ainsi, à quelques kilomètres de l’usine Renault, on peut notamment relever la présence de Delphi, mais également de la SEBN, filiale de Sumitomo, qui produit les câblages électriques pour certains véhicules Audi et Volkswagen, ou encore de Denso, qui fournit neuf marques (Mitsubishi, Renault, VW/Audi, GM, Toyota, PSA et Fiat) en systèmes thermiques. Mais, déjà, les rumeurs vont bon train quant à la possible venue d’un nouveau constructeur. Si le ministre de l’Industrie est resté discret – “Dans les deux années à venir, nous aurons un deuxième constructeur dans la région”, s’est-il contenté de dire –, on pense évidemment à Nissan. En effet, un accord général englobe l’Alliance Renault-Nissan, mais la marque japonaise a pour l’heure reporté son investissement. Il se murmure que d’autres constructeurs envisagent de s’implanter au Maroc. “J’ai entendu dire que Volkswagen pensait à installer un site pour ses véhicules utilitaires, mais Hyundai, de son côté, souhaiterait également venir dans la zone franche de Kenitra”, croit savoir un homme d’affaires local. Mais pas sous n’importe quelle forme. “Le Maroc est pour une industrialisation globale et nous ne sommes pas intéressés par un constructeur qui choisirait seulement un site d’assemblage ou de montage, mais pour une industrie locale intégrante comme l’a fait Renault, qui a attiré avec lui des équipementiers”, prévient Abdelkader Amara. Avis aux amateurs : la voie est dégagée.
 

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